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009,020

Français
Maria Dumitrescu

I. S'il plaisait à Madame, que j'aime sincèrement, je ferais un gai « descort », que je lui enverrais, et ainsi je lui raconterais comment, nuit et jour, son amour me tue, sans que je trouve protection contre lui : car jamais nulle autre que vous ne pourrait me guérir, douce amie ; [puisque] je ne connais aucune [femme] plus jolie que vous.
 
II. Je souffre d'un mal qui me fait dire de telles folies, de celle vers qui va mon plus grand désir. J'aime mon tourment, pourvu qu'elle daigne me sourire. Il a tort, celui qui ne veut et ne désire la joie ; mais moi, je ne sais comment faire pour la voir. Je chercherai moyen (?) d'être heureux par elle.
 
III. Je reste incliné vers son pays, les mains jointes : car jamais pèlerin ne fut si désireux d'obtenir le paradis, que moi, de servir son beau corps lisse, gracieux et bien fait, et d'entendre [la réponse à] ce que je lui ai demandé (que je serais heureux alors !). Ah, si nul espion dissimulé ne pouvait nous séparer et nous éloigner l'un de l'autre.. ! car jamais Hyris ne désira tant Biblis ...
 
IV. Blanche-fleur non plus n'éprouva douleur si cruelle pour Floire, quand il sortit pour l'amour d'elle, de la tour de l'empereur, que moi qui endure un chagrin si grand, sans remède, pour l'amour de la plus jolie, vers qui je vais, le cœur soumis ; et pourtant je ne m'enfuis pas ! — Son mérite me fait grand peur, car je n'en suis pas digne ; mais l'amour ne tient pas compte du rang : c'est le plus fidèle qui l'obtient.
 
V. C'est pourquoi je dis : ...mon cœur ne se sépare pas d'elle ; au contraire, je persiste jusqu'à ce qu'elle ait pitié de moi. Si la plus gaie des femmes me considérait son ami, elle me ferait plus riche que celui qui me donnerait Blaye. Et celui qui renonce à l'amour, malheur à lui : je le tiens pour un fou, de gent vile et mensongère !
 
VI. Dame Indie, quoi qu'on crie ou qu'on chante, est la plus jolie [femme], aussi vrai que le soleil brille et qu'a de valeur Dame Brayla, la plus sincère ; et puisqu'elle ne ternit et ne tache son précieux mérite, qu'elle loue mon chant et qu'il lui plaise, je l'en supplie.
 
VII. « Descort », va-t'en tout droit, bien vite, chez celle pour qui je fais les vers, les paroles et la mélodie, et qui aime de tout cœur, sans tromperie ; — que Dieu lui en donne joie d'amour et grand bonheur !

 

 

 

 

 

 

 

 

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