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034,001

Français
Jean Mouzat

I. — En inquiétude et en souci je demeure, et en vif chagrin ; et mon cœur est saisi d’un grand désir, un peu par folie, ou par raison ; car, à celle que j’aime et désire le plus je n'ose déclarer mes intentions, et je ne puis vouloir d'un autre amour.
 
II. — Amour me cause grand désarroi, et à cause d'Amour je m'irrite souvent, car il ne m'a pas pris à son service, l'amour que je désire et que j'espère, ce qui
me fait soupirer et languir, car tout ce que je vois et puis choisir, je ne le désire pas autant que la possession de celui-là.
 
III. — La modération me suscite mainte contrarieté en me donnant trop de sagesse, parce que je m'abstiens de lui demander rien qui soit fâcheux pour elle, ni de commettre une faute ; or c'est ainsi qu'elle ne daigne pas m'accueillir, car j'ai une telle peur de faire mal que je n'ose pas lui exposer ma prière.
 
IV. — J'ai une inclination si précieuse et si prompte, et je vais vers elle si plein de hardiesse que les louanges d'elle, que je veux répéter dans une noble cour, sont sincères et sans défaut — mais quand je la vois je ne sais rien lui dire ; cependant je pense qu'il me vaut mieux souffrir qu'entendre des paroles sévères qui m'enlèveraient tout espoir.
 
V. — Hélas ! pourquoi est-ce que je perds cette joie vaste et somptueuse ? Il est vrai que jamais je ne commis de faute ; à moi ne nuisent point les vils flatteurs, et nul ne recherche ma perte, et pourtant je ne vis plus et je ne puis mourir, tant vive peine me fait souffrir l'amour que je perds par excès de crainte.
 
VI. — Ses yeux sont aimables et prévenants, son visage riant et frais, et son cœur sincère et droit qui ne fait d'avances à aucun homme, je ne sais ce qui peut m'en advenir, car il m'est dur d'entendre en dire quelque bien si elle me rejette dans l'indifférence.
 
VII. — Vas, dis-lui courtoisement, fidèle messager, qu'elle me choisisse pour serviteur, s'il lui plaît ; et tiens-lui grande abondance d'aimables propos ; et, si elle te reçoit bien, reviens en courant ! pour qu'avec toi je puisse mieux déterminer ce que là-bas je ne peux accomplir jusqu'à ce que par autrui j'en sache la vérité.
 
VIII. — Et s’il luit plaît de m'accueillir pour sien, rapporte vite ici la joie que je désire tant, avec quoi elle me sauverait de l'indifférence.
 
IX. — Mais si elle ne daigne pas m'accueillir, ne revient pas me dire ce malheur, car je ne veux ni l'ouir ni le savoir !

 

 

 

 

 

 

 

 

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