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Français
Jean Mouzat

I. — Bien me plaît le temps où l'herbe reverdit et où les vergers sont vêtus de fleurs, où la fontaine s'éclaircit et où les rameaux sont de couleurs vermeilles — alors me saisit un nouveau désir d'être amoureux et conquérant, en été, et l'hiver aussi.
 
II. — Oui, je suis pour ma dame un amant accompli et fidèle, car j'ai découvert qu'elle est fidèle et accomplie — mais maintenant elle commet une faute si elle me fait grise mine, et c'est pour cela que je change et m'en vais ailleurs, et que j'ai quitté les séductions trompeuses pour un autre amour que je sers, et par qui tout mon cœur chante et rit.
 
III. — Cet amour me remplit d'allégresse et de joie ; il fait disparaître les douleurs et me redonne la vie et la jeunesse et rappelle à moi bien des forces ; celle-là est pour moi réconfort et soutien, et répare mes pertes et mes dommages quand je la vois et qu'elle me voit.
 
IV. — A l'instant je lui appartins, dès que je la vis, et l'honorai dans mon cœur ; mais quand je la vois, me voici tout égaré, si bien que par pure frayeur l'allégresse me quitte, et je reste ainsi plein d'appréhension, tellement que je ne puis lui parler calmement de mon souci, ni de ce que mon cœur me dicte.
 
V. — A la séparation, je pensai qu'elle déplorait que je ne fusse pas plus affable en paroles, mais, puisque je ne le pus, je fais pénitence ; je prends le vas et abandonne la course, et je vais comme un être insensé, traversant routes et champs, de ci de là, toujours ainsi.
 
VI. — De quel secours, puisqu'elle me fait mauvais accueil, me sont et paroles et actes et bon sens et foliés ? et quel dommage que rien ne m'ait aidé à ne pas être en pareille détresse ! Longtemps je suis resté à espérer en vain, et, si elle veut, je serai truand, faux et fripon, car je me fie à sa miséricorde.
 
VII. — Je me suis livré au bon plaisir de ma dame, parce qu'en elle est mon amour ; et puisqu'elle m'a conquis tout entier, elle devrait bien me faire meilleur semblant, puisque ses dons sont vastes et grands ; et que nul homme ne s'émerveille si je lui appartiens en quelque lieu que je sois !
 
VIII. — Puisque son mérite est vaste et croît encore, que nul homme ne s'émerveille si je lui appartiens en quelque lieu que je sois !

 

 

 

 

 

 

 

 

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