I. Ami Arnaud, cent dames de haut parage vont outre-mer. Elles sont déjà à mi-chemin, mais ne peuvent ni accomplir leur voyage ni s'en retourner, quoi qu'elles fassent, sinon à la condition que vous fassiez un pet d'où se lève un vent tel que les dames puissent arriver à bon port. Le ferez-vous ou non ? Je voudrais le savoir.
II. Seigneur comte, j'ai pour habitude de toujours prendre la défense des dames et de l'amour ; et même si le pet ne me venait pas de mon plein gré, je le ferais ; car si je ne le faisais pas, je pécherais gravement contre les dames. Et je vous assure que si d'une autre manière elles ne pouvaient parvenir à leur salut, après le pet je me chierais dessus.
III. Ami Arnaud, vous parlez bien vilainement, et vous en aurez grand blâme de la part des gens, vous qui voulez faire passer tant de belles et gracieuses personnes, par vent de cul en terre de Syrie.
IV. Seigneur comte, il vaut cent fois mieux que je fasse le pet, plutôt que de laisser périr tant de gaies et charmantes dames à cause d'une stupide bienséance. Car je puis bien me laver quand je me serai conchié.