I. — Seigneur, je viens maintenant vous demander de m'accorder un don, si cela vous agrée, car je veux être votre amiral sur votre mer atlantique. Si vous le faites, en bonne foi, je lâcherai un tel pet que tous les navires qui sont ici s'en iront tous là-bas.
II. — Sire Arnaud, puisque vous avez un tel pouvoir de venterie, tant mieux pour vous, et ce don vous devait être fait. Mais moi, je dis : Ah ! pourquoi un roi ne m'accordat-il jamais ce don ? Pourtant, je ne veux point de récompense, mais puisque je viens de vous l'accorder, qu'on vous appelle l'amiral Francolin.
III. — Je dois vous remercier grandement pour ce don, et le nom magnifique que vous m'avez attribué ; et pour autant, je veux vous assurer que je ferai de mon pet un vent si courtois que j'en ferai passer, par la douceur du temps, en compagnie de cent autres demoiselles, ma Dame qui est la meilleure et la plus gracieuse au monde.
IV. — Sire Arnaud, vous déraisonnez de faire passer, à l'aide de claquets, votre Dame outre la mer ; car je ne pense pas qu'il y en ait trois au monde de si grande valeur ; et je vous jure par saint Vincent qu'il n'est pas un bon amant celui qui fait cela délibérément.