I
POÉSIES POLITIQUES
VI
SIRVENTÉS (entre 1252 & 1262).
Bartsch, nº 11.
Je n’ai pas réussi à établir la filiation des manuscrits. Tous contiennent des fautes : a, au vers 47 ; C, au vers 57 ; Ra au vers 11 ; R, au vers 45. J’ai donc pris pour base le manuscrit C, parce que c’est le meilleur que nous ayons (1), & je ne m’en suis écarté que quand il contenait une faute manifeste.
Ce sirventés se compose de vers de six syllabes, divisés en trois strophes, à deux rimes. On retrouve à peu près la même forme dans deux autres poésies (Maus, p. 99, nº 95), &, d’après M. Appel, Poésies provençales inédites, p. 67, dans une quatrième.
M. Appel dit que la pièce de Bertran diffère des deux autres en ce que la strophe a trois vers de plus (a a b); il la divise donc autrement que ne le fait Raynouard. En effet, si la première strophe s’arrêtait après le vers 21, elle serait parfaitement identique à celle de Gui d’Ussel ; seulement, la deuxième strophe de Bertran ne correspondrait plus à la première.
Ce qui a amené Raynouard à diviser la poésie comme il l’a fait, c’est que, au vers 22, Bertran aborde un nouveau sujet. Seulement, rien n’empêche de considérer les vers 22-25 comme servant à résumer d’avance ce que va développer la seconde strophe.
On peut donc, avec M. Appel, considérer notre sirventés comme se composant de deux strophes de 24 vers & d’une strophe finale de 9 vers ; cette strophe se compose, à son tour, de deux tornadas inégales (1. a a b a a b 2. a a b). Voici la disposition des rimes :
1 & 2 : aab aabbb aabbb aabbb aab aab.
Envoi 1 : aab aab.
Envoi 2 : aab.
D’après Maus, les deux premières strophes se décomposeraient en deux mesures aab & trois mesures aabbb :
aab aabbb aabbb aabbb aab ;
il faudrait y ajouter, d’après la nouvelle division, une mesure aab.
Pour ce qui est de la question de savoir si les quatre pièces qui présentent cette forme sont imitées l’une de l’autre & à qui appartient la priorité, je renvoie à la discussion serrée de M. Appel. Je remarque seulement que, dans la pièce de Fraire Menre, telle qu’elle est dans Raynouard, il doit manquer un vers en b après le vers 8 de la première strophe, & dans la pièce publiée par Appel, un vers en a avant le dernier de la deuxième strophe. Enfin, dans Mahn, le chiffre 3 doit être placé un vers plus bas.
Note :
1. Cp. ci-dessus, I, n. 1. (↑)