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Bec, Pierre. Burlesque et obscénité chez les troubadours. Pour une approche du contre-texte médiéval. Paris: Stock, 1984.

446,001- Lo Trobaire de Villa-Arnaut

 

II
 
Le contre-texte humoristique et burlesque

 

19
 
Sirventés en jargon
 
Lo Trobaire de Villa-Arnaut

 

Troubadour mal connu, peut-être narbonnais, de la seconde moitié du XIIIe siècle. On a pensé à l'identifier à un Guillem de Vilarnau qui fut, de 1267 à 1275, l'un des familiers de l'infant Pierre d'Aragon. Mais cette identification reste douteuse. On conserve de lui un sirventés, daté de 1257, et le sirventés en jargon que nous donnons ici, adressé à Philippa d'Anduze, vicomtesse de Narbonne depuis 1251. On sait que cette grande dame, qui appartenait à une famille où la poésie était honorée et cultivée, fut également la protectrice de Guiraut Riquier, autre troubadour de Narbonne, qui la chanta sous le senhal de Belh-Depòrt.

Notre sirventés en jargon est sans nul doute un spécimen unique dans la poésie des troubadours. On ne peut guère le rapprocher, dans un genre voisin, que du cryptogramme de Cerveri de Girone, que nous étudierons plus loin (cf. nº 20). Le procédé est toutefois ici beaucoup plus simple et plus transparent. Il consiste à métamorphoser, mais uniquement à la rime, les mots clefs traditionnels, soit en les affublant d'un suffixe quand ils n'en ont pas (ex. : mòrt > mortulacort > cortula), soit en remplaçant leur suffixe réel par un autre de fantaisie (ex. : serventés > serventul, valor > valul). Le même mot peut d'ailleurs apparaître deux fois, avec un suffixe différent (ex. : aventura > aventoira aventeira, cort > cortula corteira).

Malgré cette fantaisie linguistique, visiblement facétieuse, le poème respecte scrupuleusement les règles habituelles de la cansó ou du sirventés. Cela dit, la pièce n'en présente pas moins un nombre important de difficultés interprétatives (1).

 

PILL.-CARST. : 446/1. Texte : BARTSCH (avec quelques émendations d'après le manuscrit).

 

Note :

1. Voici, par ordre d'apparition dans le texte, les mots clefs décryptés :

I. Serventula (serventés), mortula (mòrt), vergula (verga), raubula (rauba ?), corsul (còrs), cortula (cort), rancul (rancor), linhula (linhatge).

II. Paraiula (paratge), cula (cul), bagassula (bagassa), valul (valor), malvestula (malvestat-z), desconoissul (desconoissen-s), compul (companh ?), açula (assalh/assaja ?).

III. Vidoira (vida), pacoira (pac ?), aziroira (azira ?), aunidamul (aunidamen), malaventoira (malaventura).

IV. Malaventeira (malaventura), vergieira (verga), Bornieira (Bornelh), pecul (pèc/pecat ?), atreteira (atretant), soneira (?), autrul (autrui), devieira (dever).

V. Terreira (terra), melheira (melhura), corteira (cort), linhul (linhatge), comeira (coman/comaire ?), Oliveira (Olivier), Raimul (Raimon), podeira (poder).

VI. fermeira (ferm), valeira (calor), Narbul (Narbona), viteira (vita).

 

 

 

 

 

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