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Bec, Pierre. Burlesque et obscénité chez les troubadours. Pour une approche du contre-texte médiéval. Paris: Stock, 1984.

461,143- Anonyme

 

II
 
Le contre-texte humoristique et burlesque

 

25
 
Une grammaire érotique
 
Anonyme

 

L'utilisation scolaire des termes grammaticaux et rhétoriques dans des métaphores burlesques ou érotiques est très ancienne. Elle commence en effet à se manifester au temps de Néron, et c'est de cette époque que date, avec une épigramme de Lucillios, la première déviation de termes grammaticaux vers une connotation obscène (casus, conjunctio, figurae, conjugatio). Au Moyen Age, ce type de jeu linguistique est assez fréquent et atteint même, avec Alain de Lille par exemple, la haute littérature philosophique (1). On le retrouvera plus tard chez Charles d'Orléans, les Grands Rhétoriqueurs, le maniérisme espagnol du XVIIe siècle (Gongora, Lope de Vega, Calderon, Gracian) et, de nouveau dans un but comique, dans La Jalousie du Barbouillé, de Molière (2).

Comme on peut le voir dans nos textes, ce sont surtout les différents cas de la déclinaison latine, avec la flexion verbale, qui sont l'objet des distorsions sémantiques les plus croustillantes. Plaisanteries de clercs plutôt que lyrisme courtois, ces déviations poétiques s'inscrivent bien quand même dans le moule et les habitudes stylistiques de la cansó troubadouresque (voir par exemple les habituels termes clefs : valor, Domna, Bèla, dolor, gaug, ricor, etc.).

Nous donnons successivement une cansó, anonyme (vraisemblablement du XIIIe siècle) et (nº 26) une suite de deux coblas, avec peticion et remission, du Bort del Rei d'Aragon et de Rostanh Berenguier de Marselha (pour ces auteurs, cf. supra23). On remarquera que les termes grammaticaux sont toujours à la rime.

 

PILL.-CARST. : 461/143; FRANK : 225/5. Texte : RIQUER (avec quelques retouches).

 

 

Notes :

1. Comme exemple médio-latin, on peut citer cette chanson anonyme en sept strophes, dont voici la troisième :

Jam tempus est cognoscere
quid feminini generis
composita figura ;
quid sit casus inflectere
cum famulabus Veneris ;
quid copulat, coniunctio ;
quid signat interiectio,
dum miscet cruri crura.

(Cf. P. LEHMANN : Die Parodie im Mittelalter, Stuttgart, 2e éd., 1963, p. 223-4).

2. Cf. E. R. CURTIUS : La Littérature européenne et le Moyen Âge latin, Paris, 1956, p. 512-514.

 

 

 

 

 

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