47-48
Variations phoniques sur le nom de la Dame
Anonyme
Le procédé utilisé dans ces deux pièces, probablement tardives et du même auteur, est une variante de la figura etymologica, ou de la cobla refrancha dont nous avons parlé plus haut (cf. nº 45). Mais le raffinement est ici poussé plus loin dans ce sens que : 1. Le procédé est employé dans toute l'étendue de la pièce ; 2. Il repose dans les deux cas sur un radical sémantiquement chargé (expression de la « lumière »), et qui correspond, dans un cas comme dans l'autre, au nom de la dame chantée (Na CLARA, Na [Auri] FLAMA). Il s'agit d'ailleurs là d'une image assez fréquente chez les troubadours, l'évocation de la dame étant souvent associée à l'idée de lumière. On pense par exemple à Guilhem de Montanhagol, au senhal de sa dame (Esclarmonda), à ses allusions fréquentes à la lumière, au soleil, aux étoiles, et surtout à sa fameuse cansó, à la fois allitérative et paronomasique (refrancha) :
A Lunèl lutz une luna luzens
Que dona lum sobre totas lugors ;
D'aquí pren lum jòis, domneis ez amors
E gais solatz e beutatz e jovens.
E quand le lums près a Lunèl luzensa,
Qu'enlumina daus Tolzà part Proensa,
Estavan jòis e domneis tenebrós,
Mas ara'ls fai Lunèls luzir amdós.
(Éd. RICKETTS, p. 49.)
PILL.-CARST. : 461/68.