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Mouzat, Jean. Les poèmes de Gaucelm Faidit. Troubadour du XIIe Siècle. Paris: A. G. Nizet, 1965

167,057- Gaucelm Faidit

 

II
PIECES A SENHALS DIVERS


Voici réunies quatre pièces où se trouvent des senhals variés. D’abord, Blancaflors, mentionné dans Tant… me creis Amors en ferm talan, et qui, selon nous, est bien un senhal.
Puis, dans Razon e mandamen, Bels Dezirs, qui n’est point, comme l’a cru Robert Meyer, une autre version de Bels Espers.
Dans la pièce suivante, les « Coblas » Trop malamen m’anet un temps d’Amor, le senhal Deizirier ne rime pas, bien qu’il soit placé à la rime. Il faut, selon nous, lire Bel Dezir, qui rétablit la rime. Quoi qu’il en soit, on reconnaît ici le même senhal. Il est malheureusement impossible de le rattacher à une personne connue.
Enfin, Ja mais nuill temps no-m pot ren far Amors nous offre le senhal Ses Enjans qui dissimule une dame de haut rang, mais qu’il est impossible de déterminer avec certitude.

6. TANT AUT ME CREIS AMORS EN FERM TALAN
7. RAZO E MANDAMEN
8. TROP MALAMEN M’ANET UN TEMPS D’AMOR
9. JA MAIS NUILL TEMPS NO-M POT REN FAR AMORS
 

6. TANT AUT ME CREIS AMORS EN FERM TALAN

GENRE

Chanso (et non descort). Voir NOTES SUR LE MANUSCRIT.

 

SCHÉMA MÉTRIQUE

a b b c d d c tornada a b b c
10 10 10 10' 10 10 10'   10 10 10 10'

cinq coblas unissonans de 7 vers = 1 tornada de 4.

Rimes a = an ; b = il ; c = ansa ; d = ens.

Istvàn Frank R.M.P.T., I, p. 159 n. 743–3 (annonce par erreur 6 c. u. sans indiquer de tornada) et p. XLII–XLIII note 2.

 

COMMENTAIRE

Il est impossible de rattacher Tant… me creis à l’un des groupes caractérisés de poèmes.

Une certaine gaucherie de style et de ton, alliée à une fraîcheur réelle de vocabulaire et d’images au début et dans la tornada, nous fait croire à une œuvre de jeunesse.

La forme « mercis » (au lieu de merces), attestée à la rime aux vers 16 et 37, est sans doute un emprunt à la langue d’oïl. Gaucelm connaissait bien celle-ci, ce qui est attesté par sa chanso Quan vei reverdir les jardis composée dans cette langue, et le partimen Jauseumequel vos est semblant dont l’interlocuteur parle la langue d’oïl (1). Gaucelm a dit lui-même qu’il a séjourné en France (2). Nous pensons donc que cette chanso a pu être composéé pour une dame d’Outre-Loire, alors que dans sa jeunesse Gaucelm ne connaissait pas encore assez le français de France pour pouvoir composer dans cette langue — comme dans le partimen où il repond en langue d’oc. L’adoption de mercis au lieu de merces serait ainsi une sorte d’attention courtoise envers la dame chantée (3).

Nous pensons que les mots blanca flor doivent se lire Blancaflor, et qu’il s’agit ici d’un senhal emprunté au roman de Floris e Blancaflor. Gaucelm le connaissait bien puisqu’il le cite dans Ges no-m tuoill ni-m recre : Pro m’estai mieils d’amor — q’a Floris el palais.

Or, ce roman, bien connu en pays d’oc, l’était encore mieux en pays d’oïl sous la forme Floires et Blanceflor. Gaucelm, selon nous, a emprunté ce nom à un roman répandu au Nord comme au Midi exactement comme il a choisi pour un de ses amis et protecteurs le senhal LinhaureBlancaflor nous semble ainsi parfaitement adapté à une dame du pays d’oïl, et confirme l’emploi de mercis.

Le choix du senhal explique le terme plutôt rare de flor pour parler d’une dame, et donc toute la strophe I annonce en un sens le senhal qu’il donnera à son inspiratrice dans la tornada — envoi.

 

1) 167,50 et 167,30b. ()

2Anc no–m parti de solatz e de chan, 167,6, vers 25 : Et ai estat en Ongri’ et en Fransa. Il est allé aussi en Bretagne française, à Nantes : Mout m’enoget… 167,40, v. 19–20 : E si no fos mos seigne-l coms Jaufres. qe-m reten sai en son cortes paisJaufres est probablement le comte de Bretagne qui lui répond en langue d’oïl dans 30b. ()

3) Pour mercis voir J. Anglade, Grammaire, p. 61. ()

 

 

 

 

 

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