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POEMES D’AUVERGNE
LO DALFINS D’ALVERNHE
Cinq poèmes de Gaucelm Faidit se rattachent à l’Auvergne. Ce sont ceux qui comportent une dédicace à Dalfin d’Alvernhe, ou le mentionnent, ou ont quelque rapport avec lui.
Dalfins était sans nul doute le prénom, et non le titre, de ce grand seigneur auvergnat, maître de Montferrand et de nombreuses terres et châteaux d’Auvergne, et en quelque manière co-seigneur de cette province entre 1169 et 1234 environ. Gaucelm l’appelle lo Dalfins : il dit exactement al Dalfin, dans son partimen avec Perdigon. Uc de la Bachalaria dit aussi lo Dalfins dans son partimen avec Gaucelm. S’il est vrai que dans Tot so qe-is pert Gaucelm s’adresse à lui par Seigner Dalfin, il semble que l’article employé par ses contemporains devant son prénom montre que celui-ci était senti comme exceptionnel.
Quoi qu’il en soit, ce noble amateur de poésie courtoise s’intéressa à Gaucelm Faidit. Il était en commerce constant avec le Limousin, et on le voit en relations avec Maria de Ventadorn, les Ussels, les Turenne, etc.
Gaucelm semble avoir fréquenté lo Dalfin et sa cour une grande partie de sa vie, soit d’avant 1180 jusqu’après 1200.
Deux poèmes mentionnant lo Dalfin ont été rattachés déjà à d’autres groupes. Ce sont Tot so qe-is pert pels truans amadors, dédié à Na Mieills de Ben (Comborn, V, N. 32) et N’Uc de la Bachallaria, partimen où Gaucelm propose comme autre arbitre Na Maria (Ventadorn, VII, N. 45).
Les trois pièces ci-dessous datent d’entre 1193 et 1200 environ. Tot so qe-is pert, plus ancien, remonte autour de 1184. Le partimen N’Uc de la Bachallaria est d’entre 1187 et 1195 environ, dans la période de Ventadour.
PERDIGON, VOSTRE SEN DIGATZ
GAUCELM, DIGUATZ A VOSTRE SEN
GAUCELM FAIDIT, EU VOS DEMAN
59. PERDIGON, VOSTRE SEN DIGATZ
GENRE
Partimen.
SCHÉMA MÉTRIQUE
a |
b |
b |
c |
c |
b |
b |
a |
a |
a |
tornadas |
b |
a |
a |
a |
8 |
8 |
8 |
8' |
8' |
8 |
8 |
8 |
8 |
8 |
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8 |
8 |
8 |
8 |
Six strophes, coblas unissonans de 10 vers, deux tornadas de 4 vers.
Rimes : a = atz ; b = os ; c = ida.
Istvàn Frank, RMPT, I, p. 151, N. 687, exemple unique.
COMMENTAIRE
Ce partimen, où Dalfin est pris comme arbitre, a dû être composé à la cour du grand seigneur auvergnat, et vraisemblablement à Montferrand. Chaytor donne 1195–1220 comme période d’activité de Perdigon ; le partimen date probablement d’entre 1195–1200. Il faut le rapprocher de Perdigos sens vassallatge, partimen entre Dalfin et Perdigon, où Dalfin propose que Gaucelm Faidit soit leur arbitre.
Le sujet du partimen est présente sous la forme d’une énigme, que Gaucelm propose à son cadet Perdigon. La solution de Gaucelm est à la fois courtoise et plaisante.