Davantal - Einführung - Analysis - Presentación - Présentation - Presentazione - Presentacion

Mouzat, Jean. Les poèmes de Gaucelm Faidit. Troubadour du XIIe Siècle. Paris: A. G. Nizet, 1965

167,025=016,016- Gaucelm Faidit

 

X
POEMES D’AUVERGNE
LO DALFINS D’ALVERNHE

Cinq poèmes de Gaucelm Faidit se rattachent à l’Auvergne. Ce sont ceux qui comportent une dédicace à Dalfin d’Alvernhe, ou le mentionnent, ou ont quelque rapport avec lui.

Dalfins était sans nul doute le prénom, et non le titre, de ce grand seigneur auvergnat, maître de Montferrand et de nombreuses terres et châteaux d’Auvergne, et en quelque manière co-seigneur de cette province entre 1169 et 1234 environ. Gaucelm l’appelle lo Dalfins : il dit exactement al Dalfin, dans son partimen avec Perdigon. Uc de la Bachalaria dit aussi lo Dalfins dans son partimen avec Gaucelm. S’il est vrai que dans Tot so qe-is pert Gaucelm s’adresse à lui par Seigner Dalfin, il semble que l’article employé par ses contemporains devant son prénom montre que celui-ci était senti comme exceptionnel.

Quoi qu’il en soit, ce noble amateur de poésie courtoise s’intéressa à Gaucelm Faidit. Il était en commerce constant avec le Limousin, et on le voit en relations avec Maria de Ventadorn, les Ussels, les Turenne, etc.

Gaucelm semble avoir fréquenté lo Dalfin et sa cour une grande partie de sa vie, soit d’avant 1180 jusqu’après 1200.
Deux poèmes mentionnant lo Dalfin ont été rattachés déjà à d’autres groupes. Ce sont Tot so qe-is pert pels truans amadors, dédié à Na Mieills de Ben (Comborn, V, N. 32) et N’Uc de la Bachallaria, partimen où Gaucelm propose comme autre arbitre Na Maria (Ventadorn, VII, N. 45).

Les trois pièces ci-dessous datent d’entre 1193 et 1200 environ. Tot so qe-is pert, plus ancien, remonte autour de 1184. Le partimen N’Uc de la Bachallaria est d’entre 1187 et 1195 environ, dans la période de Ventadour.

PERDIGON, VOSTRE SEN DIGATZ
GAUCELM, DIGUATZ A VOSTRE SEN
GAUCELM FAIDIT, EU VOS DEMAN
 

61. GAUCELM FAIDIT, EU VOS DEMA

GENRE

Partimen.

 

SCHÉMA MÉTRIQUE

a b b a c c d d tornadas c c d d
8 8 8 8 8 8 8 8   8 8 8 8

Six strophes, coblas unissonans de 8 vers, 2 tornadas de 4.

Rimes a = an, b = or, c = os, d = ir. Str. isomètres.

Istvàn Frank, RMPT., I, p. 199, N. 577–204. Nombreux exemples.

 

COMMENTAIRE

Nous ne pouvions mieux faire que reproduire l’excellente édition donnée de ce partimen par M. le Professeur Jean Boutière dans Les Poésies du troubadour Albertet. Nous donnons donc d’après ce travail, exceptionnellement, le texte ci-dessus, les variantes et la traduction auxquels nous ne saurions rien reprendre.

Nous donnons ci-après un résumé des notes de M. J. Boutière, tout en exprimant quelques objections sur deux points particuliers.

D’après le Professeur J . Boutière, op. cit., p. 12 à 14, ce partimen n’a pu, comme on pourrait le croire au premier abord, être composé à la cour de Montferrat, qu’Albertet et Gaucelm Faidit ont cependant fréquenté à la même époque. Il est adressé à la comtesse d’Angoulême : sans doute Mathilde fille de Wulgrin III qui épousa Hugues IX de Lusignan (1), et mourut en 1208. Nous pensons, comme le fait M. Boutière, qu’il est très vraisemblable qu’il ait été composé à Montferrand chez « lo Dalfi » comte d’Auvergne — cour que Gaucelm fréquenta assidument, et qu’Albertet a pu fréquenter, puisqu’il paraît bien le mentionner dans Albertet dui pro cavalier (2).

Cependant nous estimons que lorsque Gaucelm dit de cette comtesse : mas nostra terra fai delir, — car non vol de Franssa venir, il ne parle pas de l’Angoumois qui à cette époque n’était la « France » ni politiquement, puisqu’il était terre aquitaine ; ni linguistiquement, la langue littéraire, comme en Saintonge, étant la langue d’oc. Nous croyons plus volontiers, pour ces raisons, que puisqu’en 1192 Mathilde fut chassée de ses domaines par son oncle Aimar, et qu’elle ne les recouvra qu’en 1194 avec l’aide de Richart son suzerain (ce qui est admis par Diez et Jeanroy) elle a dû se réfugier au nord de la Loire entre 1192 et 1194, et peut être un peu après. Ce qui permettrait de dater cette pièce des environs de 1194–1195, époque où la comtesse pouvait revenir dans ses terres.

 

1) Nous ne croyons pas qu’Uc IX de Lusignan peut être appelé Comte de la Marche, le comté de la Marche, aux Montgommery jusqu’en 1177, relève directement du Roi d’Angleterre — Comte de Poitou de 1177–1199. Jean sans Terre rend la Marche aux Lusignan en 1199. Cf. Thomas, B. de Born, note 4, p. 99 : « Hugues IX de Lusignan porta le titre de comte de la Marche après la mort de Richard », et voir J. Nouaillac, Hist. du Limousin et de la Marche, p. 86 et 91, selon qui la Marche relève directement du roi d’Angleterre de 1177 à 1199, malgré les protestations des Lusignan. ()

2) Partimen avec Raimbaut (de Vaqueyras) v. 39–40 : q’ieu vic qe-l Dalfiz fon plus pros entendeire. ()

 

 

 

 

 

Institut d'Estudis Catalans. Carrer del Carme 47. 08001 Barcelona.
Telèfon +34 932 701 620. Fax +34 932 701 180. informacio@iec.cat - Informació legal

UAI