I
CHANSONS
XII.
Non seulement cette pièce est construite sur le schéma et les rimes du nº VI, mais ce sont les mêmes mots qui se trouvent à la rime (sauf au vers 26). La pièce VI, il est vrai, a une tornade de plus, mais qui n’a que des rapports extérieurs avec l’ensemble de la chanson. On connaît un autre exemple d’imitation semblable, celle d’une pièce d’Albertet (16, 13) par Aimeric de Belenoi (9, 21). Cf. De Lollis, Sordello, p. 23, n. 4.
Il est intéressant de se demander laquelle des deux pièces a servi de modèle à l’autre. Si elles avaient été inspirées par des circonstances réelles et qu’elles fussent relatives à la même dame, ce serait naturellement celle-ci qui serait postérieure à l’autre ; mais il semble bien que ce soit l’inverse. Celle-ci est écrite d’un style aisé et ferme ; les idées s’y succèdent naturellement, et il ne semble pas que la rime y ait jamais violenté le sens. Il n’en est pas de même du nº VI, où le style est pénible, où abondent les expressions singulières (vers 12, 13, 36, 49) et les idées inattendues ; la strophe III est très alambiquée et la description qui remplit la strophe V tout à fait hors de propos.
La plupart des mêmes rimes se retrouvent, à ma connaissance, dans trois autres chansons : R. de Miraval, Contr’amor (ms. A, nº 124) ; G. de Balaruc, Mos vers (P. O., 32) ; Peirol, Del sieu tort, c. 1-2 (ms. A, nº 437). Il semble que le modèle commun soit la chanson de Miraval, où se retrouvent au reste quelques-uns des sentiments exprimés ici.
L’existence du groupe IKN² est établie par plusieurs leçons. La concordance de ce groupe avec Dc au vers 31 semble attester la parenté de A et B, laquelle était d’ailleurs reconnue depuis longtemps.
Orthographe de A.