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Ricketts, Peter T. Les poésies de Guilhem de Montanhagol, troubadour provençal du XIIIe siècle. Toronto: Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1964.

225,010- Guilhem de Montanhagol

DATE DE LA PIÈCE : 1252 (approximativement).
 
Comme l’a remarqué Coulet (p. 28), cette pièce s’adresse au roi Alphonse X, et paraît remonter aux premières années de son règne, c’est-à-dire, 1252 ou les années qui la suivent de près. Guilhem l’appelle le “reis joves” (v. 58). A part cette allusion au roi de Castille, la pièce ne renferme rien d’autre qui aide à la dater précisément.
 
 
NOTES.
 
11. ad amor. On doit lire avec Jeanroy (AdM, X, 352) ad amor plutôt que en amor. Ad amor est à préférer par le sens, ce que confirme, d’ailleurs, l’accord des deux familles de mss.
 
14. per nulh talen. Coulet traduit (p. 187) : “pour rien.” On peut y voir quelque chose de plus positif : “quel que soit son désir” (Il est à noter que Coulet traduit par ‘désir’ au glossaire, p. 236). Jeanroy traduit : “quelle que soit votre passion” (AdM, X, 352).
 
23. vilimen. Tobler (Archiv, CI, 465) trouve que la forme du mot est suspecte. “Solang ein Verbum vilir nicht erwiesen ist; vilzimen oder velzimen einiger Handschriften hat solches Bedenken nicht gegen sich.” Mais cf., au contraire, la note excellente de Levy (SW, VIII, 619). Il cite la critique de Tobler et continue : “Indes wird vilimen nach den Angaben Coulets durch ATIK bezeugt. Neben avelzir, envelzir habenwir avilir, envilir ; so ist das Bedenken gegen vilimen vielleicht nicht begründet. Velzimensteht übrigens hier in keiner Hs., sondern nur velizement in f ; envezilmen in M.”
 
33. segur estei — “qu’il soit rassuré.” C’est la leçon du ms. de base, A. Coulet avait supposé une altération sérieuse dans les mss. et avait rétabli les mots siegua et esterna. Les mss. Donnent : segam estraing F ; segam estren I ; sega estren K. La leçon siegua m’esterna, proposée par Coulet (p. 145), est satisfaisante du point de vue de la grammaire et du sens. Mais elle suppose, d’abord, une altération du ms. A, qui est par ailleurs très fidèle, et ensuite, la nécessité de remanier les mss. f et K. Cependant, offre une leçon à laquelle on n’a pas besoin de toucher et qui s’accorde bien avec cette strophe. Estar segur est attesté dans le Petit Dictionnaire et également dans SW, VII, 526 de Levy.
 
34. menon. Coulet donne meron quoique AF donnent menon et que meron ne se trouve dans aucun ms. Coulet traduit : “Les mauvais amants méritent que Dieu ne les aime pas” (p. 187). Or, Guilhem ne fait mention de Dieu qu’au vers suivant. Il faut comprendre : “qu’il soit rassuré et rompe avec le mauvais usage, car les mauvais amants mènent faux amour ; et cependant, à celui qui agit selon la justice, Dieu, etc., ...” Pour cette construction, cf. aussi, la pièce VIII (vv. 32, 33) :
 
          quar lor amor
menan ab tan loncx plays.
 
et Lavaud, p. 428, LXV, v. 102 : “quan li vei malvestat menar,” et p. 558, LXXXVIII, v. 6 : “van lialtat menan.”
 
39. beutatz. Une remarque de M. J. Wettstein (“Mezura,” l’Idéal des Troubadours,..., pp. 86, 87) semble très intéressante. M. Wettstein dit :
 
A la fin de l’époque courtoise, sous l’influence des idées du temps, la beauté se transforme : elle perd de son éclat et prend un sens plus moral... Nous observons une nuance semblable chez G. de Montanhagol [la forme est de M. Wettstein] et l’interprétation qu’en donne M. Ermengau est intéressante. “Les nobles chevaliers (li pro) du temps passé”, dit G. de Montanhagol, “ne recherchaient dans l’amour que l’honneur, et les dames en qui résidait la perfection (en cuy era beutatz) ne faisaient rien qu’elles ne dussent faire.” ...Pro et beutat sont des notions très voisines et ont en commun l’idée de perfection. Beutat contient toujours la nuance de beauté, mais le sens moral nous paraît l’emporter. Le Breviari d’amor contient le commentaire suivant : E las pros donas atretal Valens ab beutat natural No feiro nulh fah malestan (31289 ss.) ...Pour le troubadour, la beauté est une des qualités essentielles de la courtoisie ; pour le moraliste elle est un aspect de la perfection morale. C’est pourquoi M. Ermengau, en citant le texte de Montanhagol, après l’avoir commenté, remplace beutat par bontat (31304). La même transcription se retrouve dans deux autres passages du Breviari d’amor, l’un se rapportant à Bernart de Ventadorn (31466 ss.), où M. Ermengau, dans le commentaire, transcrit beutat par bontat, l’autre à Pistoleta, où il explique avinen par beutat (30013). Quel est le terme original : beutat ou bontat ? Nous croyons ne pas faire erreur en considérant beutat comme l’original de Montanhagol et de Bernart de Ventadorn. Dans la plupart de ses commentaires, M. Ermengau reproduit fidèlement le texte des citations et dans le passage en question figure le terme de beutat qui s’y trouve commenté. Est-ce M. Ermengau qui a remplacé beutat par bontat, jugeant les termes équivalents, ou est-ce une erreur du copiste ou une lecture erronée de l’éditeur ? Étant donné le rapport étroit existant entre la beauté et la bonté, Matfré Ermengau ne fait pas une faute en remplaçant beutat par bontat ; il est possible que pour lui ces termes aient été équivalents.
 
42. sivals. Coulet donne ses als. En effet, il y a un grand nombre de leçons en faveur de cette variante, mais C donne de lor et paraît vouloir éviter d’employer ses als. Mais on ne trouve ses als ni dans Raynouard (LR) ni dans Levy (SW). Au contraire, on y trouve sivals ; LR, V, 239 : “au moins, du moins ;” SW, VII, 666 : “wenigstens.” Cf. aussi, Stroński (Folquet de Marseille, au glossaire à sivals, “au moins”) et les remarques de Bertoni (I Trov. d’Italia, p. 188, A2).
 
46. los mais blasmatz. Il est plus satisfaisant de retenir la leçon des mss. AIK, qui est remplacée par le synonyme los plus dans Me et j. Cf. aussi, la note de Jeanroy (AdM, X, 352). Il faut comprendre : “le plus grand nombre des amants.”
 
47. castiamen. Le sens semble bien être : ‘leçon’, ‘correction’. Coulet traduit au glossaire, “leçon, blâme,” mais dans sa traduction, il donne : “pour cette satire...” (p. 187).
 
49. lor defen. Leçon de AFIK. Coulet donne lor repren, ce qui n’est pas exact, puisque reprendre s’emploie transitivement. Cf. Raynouard (LR, IV, 634) :
 
Es dregz qu’ieu lo·n reprenda.
Bertran de Born. Quan vei...
 
51. deu destorbar. La plupart des mss. présentent cette leçon. Celle-ci est à préférer plutôt qu’a de tot mal, que donne Coulet (X, 51, p. 142). Elle est plus conforme au sens général de la phrase (cf. le vers suivant).
 
52. tornar. Également, le plus grand nombre des mss. donnent tornar devant ou après fol.
erransa. Les deux termes pezansa et erransa vont souvent ensemble. Cf. Levy, SW, III, 127 à erransa.
 
56. rei de pretz. Alphonse X, roi de Castille.

 

 

 

 

 

 

 

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