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Salverda de Grave, Jean-Jacques. Le troubadour Bertran d'Alamanon. Toulouse: Imprimerie et librarie Édouard Privat, 1902.

076,005- Bertran d'Alamanon

COMMENTAIRE HISTORIQUE.

 

Sternfeld (1), qui prend le vers 2 au pied de la lettre, semble placer cette pièce dans la première période du règne de Charles. A mon avis, il vaut mieux considérer les mots car al meu port no·n passa re comme une locution figurée pour « car je n’en tire aucun profit ». Il est clair que le sirventés se rapporte alors à ce qui est arrivé en 1259 lorsque Charles s’est emparé du monopole de la vente du sel (2) ; rien de plus naturel alors que la plainte de Bertran (v. 9) que l’on mît le sel à un si haut prix ; en effet, nous savons que le comte le vendait quatre ou cinq fois plus cher qu’il ne l’achetait.

La mention que Bertran fait de Boniface de Castellane — car c’est bien de lui qu’avec M. Chabaneau il faut croire qu’il est question aux vers 21 & suivants — ne nous fournit aucun appui. Nous pouvons seulement dire que le ton belliqueux qui, ainsi que nous l’avons vu plus haut (3), règne dans les pièces de Boniface s’accorde bien avec ce que dit de lui notre poète.

 

NOTES.
 
 
2. Sur ce vers, voyez le Commentaire.
 
3. Je ne sais pas si l’on a le droit de compter ici deux syllabes pour No i. Suchier, Denkmaeler, p. 510, cite des exemples, mais non pas dans des poètes lyriques.
 
5. J’ai considéré descor comme une forme de l’indicatif, donc pour descora. Est-ce peut-être un subjonctif, employé dans la phrase adjective à cause du caractère indéterminé de l’antécédent?
 
7. J’ai pris cumunal au sens de « communauté » (Raynouard).
 
11-12. Ces vers sont difficiles à interpréter. Que signifie au juste tornar en mal ? Est-ce peut être « ne plus être valable » ? On verra, dans ma traduction, que je préfère une autre explication. M. Chabaneau veut corriger per sal en sens sal. Mais per peut pourtant avoir le sens de « à cause de ».
D’après mon explication, le sens général du proverbe du vers 12 — qui est cité par Cnyrim, Sprickwoerter, &c., bei den provenz Lyrikern, p. 43, sans aucun éclaircissement — serait : « Quelque belle que soit une chose, il suffit de peu pour la gâter. »
 
13. J’ai traduit, avec M. Chabaneau, ortolan, par « jardinier » ; je préfère ici ce sens à celui de l’« oiseau ortolan » (Cp. la note du vers 15).
 
15. Ce vers est très obscur. Je me demande si, dans oil, il n’y a pas un jeu de mots avec un terme technique du jardinage : les yeux d’une plante, au sens de « bourgeons naissants ». Comparez au vers 18 le verbe talhar, & l’expression tailler à deux, trois yeux.
 
18. M. Chabaneau remarque que le vers est trop long, & se demande aussi si part doit être corrigé en per. Je propose : car tali’ en naut, part son tresor (cf. la traduction).
 
21. cor. On doit peut-être rapprocher de ce vers le vers 47, où il est aussi question de cor. Mais que signifie ici ce mot ? Peut-être « courage, énergie » ?
 
22. J’ai traduit comme s’il y avait encor à la rime. Il est vrai qu’au vers 29 le même mot se trouve à la rime, mais c’est aussi le cas pour for (v. 9 & 34), à moins que, dans ce dernier vers, for ne doive être changé. Chabaneau : « Cor, trompe de chasse, ou corr. tor ? »
 
25. La forme sel pour sil est rare. Voyez Appel, Chrestomathie, p. XVI (sel est naturellement une graphie pour selh).
Ma traduction de ce vers diffère de celle que veut M. Chabaneau, qui traduit comparatz par « comparé » & croit que le sujet est Boniface.
 
29. Chabaneau: « Lisez en cor ? Corr. semblant (neutre) ? »
 
30. Chabaneau : « Lisez getet ? » C’est ainsi que j’ai traduit.
 
33-34. J’ai en vain cherché à découvrir le sens de ces deux vers. Comme ils contiennent une opposition, il se pourrait que le sens du premier vers fût affirmatif & que la faute se trouvât dans hon. Peut-être y a-t-il un nom propre caché dans les derniers mots. Sur for, cp. la note du vers 22.
Chabaneau : « l’or (bord), or (aurum) ? »
 
36. J’ai cru pouvoir séparer pro & verbis. Raynouard donne un exemple de verbi « mot ». On retrouve une opposition analogue dans le nº VIII, v. 57 ;
 
Pron del pardon et pauc de son argen.
 
Il me semble que ce vers contient un jeu de mots sur grazal mis en rapport avec grazir.
 
37. Lisez recoill ? (Levy).
 
41. M. Levy me renvoie à Zeitschrift, XV, p. 582, où se trouve la même correction.
 
44. venje prouverait, ainsi que ait (v. 16), que le copiste n’était pas provençal, ce qui expliquerait l’état corrompu dans lequel la pièce nous est parvenue.
Tal & tal; lisez Tal e cal ? Dans Zeitschrift, XV, p. 582, on corrige venjat atretal.
 
45. Je propose de lire :
 
Flacs baros, Juzeus metes for.
 
La comparaison des officiers de Charles avec des juifs me paraît admissible (cp. II, 35, Menz valens qe Judeus ni Mors), & graphiquement notre leçon nous permet de laisser intacte celle du manuscrit. Sur la persécution des juifs au treizième siècle, voyez Martin, Histoire de France, IV, p, 175.
 
46. Chabaneau propose plusieurs corrections dont aucune ne semble définitive. Il est pourtant probable que e noi ontasses cor contient une qualification dépréciative des officiers de Charles ; les derniers mots sont sans doute sses cor ; mais comment faut-il corriger les premiers ?
Lisez : D. enoios ses cor ? (Levy). C’est ainsi que j’ai traduit.
 
47. Cp. la note du vers 21.

 

Notes :

1. Kart von Anjou, p. 54. Il se trompe en traduisant port par « Brücke ». C’est sans doute d’après Millot qu’il donne ce détail. Millot (I, p. 391) précise encore : il dit qu’il s’agit du pont de la Durance à Pertuis. ()

2. Sternfeld, Kart von Anjou, p. 151. Voyez, sur l’importance de la fabrication et du commerce du sel, le Cartulaire de S. Victor de Marseille, publié par Guérard, I, p. LI. ()

3. Voyez le Commentaire du nº VI. ()

 

 

 

 

 

 

 

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