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Salverda de Grave, Jean-Jacques. Le troubadour Bertran d'Alamanon. Toulouse: Imprimerie et librarie Édouard Privat, 1902.

076,015- Bertran d'Alamanon

COMMENTAIRE HISTORIQUE.

 

Cette pièce reflète le même état d’esprit que la précédente & se rapporte aux mêmes événements. Charles est en France (& non pas en Terre Sainte, comme écrit M. de Lollis (1)) ; cela ressort clairement des vers 4 & 54. Bertran se plaint de son absence & lui conseille de s’occuper de son propre pays, plutôt que d’aller faire des conquêtes en Orient (v. 47 & suiv.) (2). Cela nous reporte aux années 1246-1248 (3) ; mais il y a peut-être moyen de préciser davantage. Au vers 17, le poète menace Charles de la perte de Gap. On sait que les comtes de Provence ont toujours élevé des prétentions sur le Gapençois. Papon raconte (4) « qu’ils étaient dans l’usage de faire arborer leur étendard sur la tour de la ville de Gap lors de la promotion d’un nouvel évêque ». Or, en 1247, l’empereur Frédéric avait confirmé la prise en possession des comtés de Gap & d’Embrun par Guigue VIII, dauphin de Vienne (5). Il se pourrait que ce soit cet événement qui a fait pousser à Bertrand son cri d’alarme. Plus tard, en 1257, Charles fit valoir les droits qu’il prétendait avoir sur quelques territoires du pays de Gap, & il était sur le point de recourir aux armes lorsque Guigue céda. Ce n’est qu’en 1271 que Charles jeta son dévolu sur la ville de Gap (6).

Bertran se plaint encore que les grandes villes ne versent pas entre les mains du nouveau comte les sommes qu’elles lui devaient. Raymond-Bérenger avait fini par faire reconnaître son autorité dans Marseille, Avignon & Arles ; bien que son influence y fût assez mince, il réussissait pourtant à en tirer quelques revenus (7).

 

NOTES.

 
5. bestensa, « hésitation, retard ». Voyez Raynouard, s. v. bistensa.
 
6. Bien que le titre de « marquis de Provence » eût été, en 1234, confirmé par le pape à Raymond VII de Toulouse (8), Béatrix était appelée « marquise & comtesse » (9), & Charles se nommait également « comes & marchio Provinciae » (10).
 
9. le port, c’est-à-dire la « ville basse ». Cp. le Sordello de de Lollis, pp. 153, 259.
 
13. rensa est inconnu. Il est vrai que renda fournit une rime inexacte.
 
14. C’est en 1226 que Louis VIII s’est emparé d’Avignon (11).
 
15. Il y a un hiatus dans ce vers. Cp. III, v. 23.
 
16. Allusion, sans doute, aux événements de 1239, lorsque Raymond-Bérenger s’est rendu maître de la ville d’Arles (12).
 
17. On trouve ailleurs aussi l’expression part Durensa comme désignation géographique (Suchier, Denkmaeler, p. 325, v. 38 ; Selbach, Streitgedicht, p. 103, V, v. 53).
 
20. Faut-il corriger camps en camp ?
 
23. bestensa ne convient pas pour la rime, qui exige bestenda. On pourrait rapprocher le provençal moderne bestenta, bistenta (Mistral), « hésiter ».
 
31. Il manque une strophe après ce vers ; il faut, en effet, une strophe en enda, ar.
 
43. Il s’agit du mariage de Charles d’Anjou avec la fille de Raymond-Bérenger, Béatrix, par lequel il est devenu comte de Provence.
 
44. M. Jeanroy propose de lire Fero, ·s n’iran, & dans ma traduction j’ai admis cette conjecture.
 
46. Sur enfre, voyez Levy, Supplement-Woerterbuch, s. v. enfra. Cf. l’expression entre sos vezis, pour « dans ses propres états », dans une pièce de Boniface de Castellane (Appel, Inedita, p. 83, v. 27).
 
48. Les Colmis sont, sans doute, les Coremins (13), ou Corasmins, ou Kharismins, qui, chassés de Perse, s’avançaient vers la Syrie, où ils remportèrent, en 1244, une grande victoire sur les chrétiens (14).

 

Notes : 

1. Sordello, p. 54. ()

2. Cf. notre pièce IV, vv. 28 et suiv. ()

3. L’Histoire littéraire (XIX, p. 466) place la pièce en 1245 ou 1246. Cf. Millot, Histoire littéraire, I, p. 402. M. Maus, P. Cardenals Strophenbau, p. 72, croit à tort que le seigneur dont il s’agit est Raymond-Bérenger IV. ()

4. Histoire de Provence, II, p. 337. ()

5. Sternfeld, Arelat, p. 140. — Dans son Karl von Anjou, ce savant dit, à la page 138, que cela s’est passé en 1245 (mais, à la page 38, il place cet événement en 1247). Il y a une faute dans le renvoi à Huillard-Bréholles (lisez, à la page 138, note 1: VI, 542). ()

6. Sternfeld, Karl von Anjou, p. 138, note 1. ()

7. Ibid., p. 32. ()

8. Histoire de Languedoc, éd. Molinier, VI, 681-2. ()

9. Bouche, Chorographie ou description de Provence, II, p. 264. ()

10. Ibid., p. 266. ()

11. Hist. de Languedoc, VI, 610. ()

12. Sternfeld, Karl von Anjou, p. 34. ()

13. Joinville, § 489 (édit. de Wailly, Hachette, p. 205). ()

14. De Wailly, o. l., pp. 199 et 225. ()

 

 

 

 

 

 

 

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