3. guay descort. C'est ainsi que les poètes désignent, en général, leurs descorts ; mais ce terme se rapporte à la mélodie, plutôt qu'à la poésie elle-même, qui est au contraire, une plainte d'amour. (Cf. Appel, Zum Descort, op. cit., p. 219).
7. m'aucizia est surprenant : on attendrait un présent, comme au vers suivant (truep) : il a dû être amené par la rime — à moins que ce ne soit une faute. (Voir cependant un cas similaire, dans Coulet, Montanhagol, p. 119, VIII, 8-9, et la note au v. 9, p. 123).
8. guandia est une forme secondaire de guandida. Pour la chute du d intervocalique (à la suite des nécessités de la rime, et non sous l'influence d'un dialecte) cf. Coulet, op. cit., p. 125-126, note à VIII, 27, et surtout Stroński, Folquet de Marseille, p. 136* (note). Ajouter, aux exemples réunis par M. Stroński : Guilhem de Cabestanh, 213, 7 (éd. A. Långfors, p. 21, VII, 7), jausia (part. passé) ; Guiraut de Calanson 243, 1 (A. Jeanroy, Jongleurs et troubadours gascons, p. 71, IX, 97), afia (3 prés. ind.) ; Rigaut de Barbezieux, 421, 9 (Mahn, Gedichte, 286, str. III, v. 1 et 4), servia (part. passé) et partia (subst.).
19. maltray, comme retray v. 29, au lieu de maltrait, retrait, sont des formes employées à cause de la rime en -ay. (Cf. P. Lienig, Die Grammatik der provenzalischen Leys d'Amors... p. 108). Dans maltray, l's du cas sujet manque, pour les mêmes raisons (voir aussi v. 64, amor).
27. Quom ieu la remire : ieu n'existe pas dans le manuscrit ; nous l'avons introduit, parce que le vers est trop court ; mais le passage entier n'est pas clair.
29. retray. Aucun des sens donnés par les dictionnaires, pour ce mot, ne convient ici : c'est le sens de « moyen » qui paraît être exigé par le contexte. Peut-être faut-il corriger dans le vers suivant quo·l (qui, de toute façon, n'est pas satisfaisant : on attendrait plutôt quo·n), en o·l ?
33. mas jonhs. On a de nombreux exemples de cette expression, empruntée —comme bien d'autres — par les troubadours, à la langue féodale (M. Stroński, Folquet de Marseille, p. 253, Glossaire, jonher, en a réunis plusieurs) ; mais mas y est presque toujours au féminin. Il y a cependant d'autres exemples de mas jonhs : Gaucelm Faidit, 167, 9 (Raynouard, Choix, IV, p. 96, v. 29), mais là, mas joins aclis pourrait être facilement corrigé en mas jointas, clis. Un autre exemple (cité par Raynouard, Lexique, IV, 139, man, d'après le manuscrit unique, C), est moins facile à corriger : Que·s rend'a vos, mas joinhs, de ginolhos (Guill. Peire de Cazals, 227, 6). Notre exemple, avec ambedos à la rime, vient confirmer l'emploi du masculin, même dans cette formule. (C'est peut-être à tort que M. Stroński, Folquet de Marseille, p. 93, XXI, 24, a adopté mas jonhtas, clis, au lieu de mas jonhs aclis. Nous ne comprenons pas très bien, sur ce point, sa table de variantes ; mais il ressort du classement des manuscrits, p. 213, qu'au moins 8 manuscrits ont mas jonhs aclis ; et dans les expressions de ce genre, c'est surtout aclis qu'on rencontre, tandis que clis est plus rare).
37. servis (ou s'er vis ?). Nous comprenons : enveyos.. que servis (avec l'omission de que) ; c'est d'enveyos que dépendent aussi tous les subjonctifs imparf., dans cette strophe.
45. Qu'adoncx seria joyos. Le vers est trop long ; mais comment le corriger ? Qu'adoncx ne semble pas une faute, et seria, en 2 syllabes, ne serait pas correct. (Cf. Lienig, op. cit., p. 113).
46-48. Hyris.. de Biblis No fon tan enveyos. A. Birch-Hirschfeld, Ueber die den provenzalischen Troubadours des XII und XIII Jahrhunderts bekannten epischen Stoffe, Halle, 1878, p. 7, citant les vers 46-48 d'après Fauriel (Histoire de la poésie provençale, Paris, 1847, t. III, p. 488), lisait Hytis, et l'identifiait avec Athes ou Athis, un héros du Roman de Thèbes. Comme cette identification repose sur une faute de lecture, elle n'a évidemment pas grande valeur. Quant à Biblis, nous ne connaissons pas d'autre héroïne de ce nom, que celle d'Ovide, (Métamorphoses, IX, 451 et suiv.) , dont l'histoire ait pu être racontée par les troubadours.
49. Blanca-flor. Allusion à un épisode du poème de Floire et Blanche-fleur. (Les mentions de ce poème sont très nombreuses, dans la poésie des troubadours : cf. Birch-Hirschfeld, op. cit., p. 30-32). Nous ne savons quel est au juste cet épisode : Floire est entré dans la tour, mais il n'en est plus sorti tout seul. — Blanca-flor, cas sujet, n'a pas de désinence, à cause de la rime.
64-66. Mas ges amor Segon ricor No vay. Cf. Bernard de Ventadorn, 70, 10 (éd. Appel, p. 63, n. 10, v. 34-35) :
Pero be sai..
Que ges amors segon ricor no vai.
68. Le vers est trop court d'une syllabe. On pourrait facilement y remédier, en lisant no se au lieu de no·s ; mais pourquoi y a-t-il le subjonctif ?
70. qu'elha est une correction ; avec que, du manuscrit, le vers est trop court.
74. qui·m dones. Sur le sens conditionnel de qui, voir note à II, 6-7.
76. mala ho faya. Le manuscrit a mal, mais le vers est trop court. mala, « pour son malheur, à la male heure », est assez fréquent, tandis que mal, dans le même sens, ne l'est pas ; nous avons donc corrigé le texte, malgré l'hiatus qui en résulte. — Sur faya, au lieu de fassa, subjonctif de faire dont on n'a pas d'autre exemple, cf. Lienig, op. cit., p. 81, qui le fait venir de *facat, au lieu de faciat, et cite d'autres exemples de subjonctifs formés de la même manière. Il nous semble cependant plus naturel d'y voir une forme analogique, créée par le poète pour les nécessités de la rime, sur le modèle de aya.
79. Na India. Indie, sœur naturelle de Raimon VI de Toulouse, mariée d'abord à Guillabert de Lautrec ; après la mort de celui-ci, elle épousa Bernard-Jourdain II, seigneur de l'Isle-Jourdain (1206). Cf. Histoire générale de Languedoc, t. VI 3, p. 192 et 555. Elle devait être également mentionnée dans une biographie — aujourd'hui perdue — d'Aimeric de Pegulhan. (Cf. Chabaneau, Notes sur quelques manuscrits provençaux perdus ou égarés, p. 20).
81. Na Brayla. Nous n'avons pas réussi à identifier cette dame. (Elle n'est pas mentionnée par Bergert, Die von den Trobadors genannten... Damen).
83. ylh lau. Nous aimerions mieux lire li lau (mon chan), et traduire « je lui présente (recommande) ma chanson » ; le sens et la construction y gagneraient. |