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Sakari, Aimo. Poésies du troubadour Guillem de Saint-Didier. Helsinki: Société Néophilologique, 1956.

234,005- Guilhem de Saint Leidier

Le ms. A présente une très belle lettre ornée: dans la boucle supérieure de l'initiale B- est figurée une dame tendant les mains vers un cavalier qui se trouve dans la boucle inférieure, et une note marginale précise: ·I· caualler a caual & una dona, ce qui est probablement une indication pour le miniaturiste. Dans la marge supérieure de M, on lit: In libro paruo equicoli: lo Monge de puei sibot (c'est une allusion à N, ms. où puise Colocci, le »postillatore» de M). Dans ce ms., il y a encore trois autres notes marginales, la première à propos du v. 25: Respeisso, la seconde se rapportant au v. 40: mi tegna ligio, la troisième à l'endroit du v. 42: compiange. Le ms. K écrit Lige en marge du v. 40. — R a les portées pour la musique, mais pas de notes.
 
I. — 1-3. Guillem se range parmi les adeptes de la chanso leu. razon peut signifier »matière, sujet», et probablement aussi »manière»; en tout cas, il est ici plutôt question de la forme que du contenu. retraire una chanso se retrouve, par ex., chez Gaucelm Faidit (167, 12, v. 10).
4. Aa1 ont cors aclina, ce qui est admissible, aclinar pouvant être vb. itr. Comme cor souvent = cas sujet, on pourrait corriger aussi en cor s'aclina. Enfin, nous préférons la leçon des autres mss.; cf. v. 26.
5. desmezura ici = »conduite non convenable, manière d'agir qui s'écarte de la juste mesure, injustice» (cf. Swb., II, 150, et Petit dict.).
7. Swb., III, 337, qui cite vv. 4-8, rend estraigna par »farouche, sauvage, cruelle»; il le rapporte donc à »elle» et interprète soit »éloignée de la merci» soit »étrangère à (l'idée de) pitié». Cet adj. pourrait aussi signifier »mauvais, dur» (voir. ibid. et Petit dict.), et se rattacher à merce; la traduction serait alors: »elle est de mauvaise grâce envers moi». Au v. 10, le mot a le même sens accentué encore: »mauvais, terrible, cruel».
8. Que non cre de AD est une lectio facilior.
 
II. 9-10. L'amour fait perdre connaissance à Cercamon aussi: Ni muer ni viu ni no guaris, Ni mal no·m sent e si l'ai gran! (112, 4, v. 31 s.; l'éd. de Jeanroy, p. 3). Le comte Raimbaut d'Orange subit également ses rigueurs: Qu'ar vau dreg et ar em biays, Que·l jorn suy mil vetz tristz e gais (389, 27, v. 6 s.; Mahn, Gedichte, II, p. 48; chez Raimbaut, les trois derniers vers de chaque str. ont le même mètre que les coblas paires de Guillem). Dans la varia lectio, anar est vb. réfl.; voir Swb., VIII, 641. D'après la plupart des mss., morir et viure le sont également; sinon, ·m est datif éthique.
11. servir est ici vb. itr.; voir Petit dict. — neus (forme du pays de Guillem, pour neis) est plus conforme au contexte que nuill de AD; loing = »lointain». La locution metre terme »fixer un terme» équivaut à dar ou donar terme; voir Swb., VIII, 175.
13. Le pronom pers. s'est intercalé entre les termes de la locution on plus.
 
III. — 17. si ou s'i? Les deux peuvent se défendre: si, pron. réfl., est aussi fréquent (et plus) que se, dans nos textes. Cf. d'ailleurs si, v. 55, où »y» est exclu.
19. far una promessa, leçon de AD, est peut-être préférable à celle du groupe C: dire una promessa. — prendre = »recevoir, obtenir».
21. endura ici = »privation» (cf. Swb., II, 479, où vv. 21-24 sont cités), et endurar, v. 28, »être privé de qqch». Bertran de Born emploie un autre mot: Fach ai longa quarantena (»carême»), dans 80, 9, v. 10.
23. afranher, vb. réfl., signifie »s'adoucir» (voir v. 26), et aussi »se pencher, s'incliner, se tourner vers»; suivi de la prép. a, en, vas, il a ce dernier sens dans Swb., I, 29.
 
IV. — 25. Au vers précédent, revenir a son sens concret normal. Ici, il signifie »se remettre, se ranimer» ou bien encore »se réjouir» (cf. Swb., VII, 311; ibid., p. 313, le vb. tr. est rendu par »réjouir»).
27. Qui = si quis; cf. II, 35 et la Note corr.
29. Au-dessus de Mas jonctas, il y a, dans le ms. N, un signe (un M, l'initiale de Monge?), et v. 32, sous dompna, un autre; ils renvoient à la marge inférieure où il y a une belle miniature illustrant la strophe: un monge (celui de Pueisibot!) agenouillé, nu-pieds, priant, devant une dame qui est debout. Pour mans jointas, cf. II, 19.
31. mieills, pour l'adj. (que présentent IK) est frappant; il signifie sans doute »dans un plus haut degré». Ou faut-il écrire: mieills-amic
 
V. — 39. aver en cor = »avoir en vue, projeter»; cor signifiant aussi »volonté, envie», la leçon de CDMR: Que cor ai revient pratiquement au même.
40. Com = »que»; cf. Giraut de Bornelh, 242, 46, v. 28 s.: Ilh vos aguizaran Cum ja joi non aiatz (l'éd. de Kolsen, p. 350).
 
VI. — 41. tener, vb. itr., a ici le sens »se diriger, (s'en) aller». Levy, Swb., VIII, 155, se le demande, tout en citant nos vers 38-43.
43. vergonhar, vb. tr. ou réfl.? C'est la question que se pose aussi Levy, citant à nouveau les vv. 41-43, ibid., p. 673: »qu'elle ne me couvre de honte» ou »que je ne me couvre de honte».
44-48. Cercamon (d'après Jeanroy, cette attribution est douteuse) sollicite la même faveur trompeuse: E sivals d'aitant m'enrequis Que disses que ma domn' era (112, 3, v. 24 s.; Jeanroy, Cercamon, p. 27). — qe·is ou qe·i·s? Cf. III, 12. Pour devi (probablement cas sujet plur.; far se = »devenir»), cf. devinan, XII, 46, et le Glossaire. Pour sobira, v. 47, R lit sobraitan; ce mot ne figure pas Petit dict.
44. aventurar »porter bonheur, favoriser» tire son sens de »bonheur, bonne chance», une des acceptions de aventura.
 
VII. — 49. meillurar, vb. tr. = »améliorer la situation de qn.»; v. 56, il est itr. et signifie: »s'améliorer, acquérir davantage de mérites».
50. Le leial joi, d'après le poète, serait évidemment une joie mutuelle, partagée, et donc équitable. La varia lectio nous fournit ajo(i)gner »joindre» et tan que »jusqu'à ce que» (introuvables dans Petit dict.). Appel, Chrest., atteste tan que trois fois dans les pièces épiques, et une fois chez Aimeric de Belenoi.
 
VIII. — 53-56. Réunissant les deux tornades en une seule strophe, M fausse le mètre, afin de le rendre pareil partout. — deignar signifie »vouloir, accepter»; v. 52, il a le sens »juger digne de son amour» (cf. Swb., II, 89, et Petit dict.).

 

 

 

 

 

 

 

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