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Arveiller, Raymond; Gouiran, Gérard. L’œuvre poétique de Falquet de Romans, troubadour. Aix-en-Provence: C.U.E.R. M.A. - Université de Provence, 1987.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2013.

156,010- Falquet de Romans

v. 1. La méditation commence par un topique. Cf. Bertran de Born : Can mi perpens ni m’arbire, XLIII, v. 1, éd. G. Gouiran, 804. F. J. Oroz Arizcuren rapproche aussi le début d’une chanson anonyme catalane : Quant ay lo mon consirat, Tot l’als es nient mas Deu, E com be·m son apensat Lo comyat es for(t)ment greu, La Lír. relig., 155.
 
v. 5. Le vers est hypermétrique dans JKpGPRSYMax et E a même développé l’article en E la. Seuls C (Ricors) et t (Ricor) donnent un vers juste du point de vue de la métrique, mais l’absence de conjonction et d’article devant ce mot est fort gênante, comme le remarquait déjà Zenker, éd. cit., 88. Le remplacement de setgle par son synonyme mon, jadis proposé par R. Arveiller dans les Mélanges J. Boutière, art. cit., 18-20, permettrait de résoudre tous les problèmes. Il paraît malheureusement impossible d’admettre que l’intégralité des mss, dont on a pu voir la diversité, se soient accordés sur une faute. Selon F. J. Oroz Arizcuren, op. cit., 157, il s’agirait simplement de l’omission de l’article devant les noms abstraits et il cite à l’appui chez Guiraut d’Espanha, No·i gardetz ricor, mas l’amor que·m lia, v. 19, dans Appel, Chrest., XLIX, 87 ; à quoi on pourrait ajouter, chez Guilhem del Olivier d’Arle : Car grans ricors fan Dieu eyssoblidar, E sofracha fai tot iorn Dieu preguar, XXXIV, vv. 7-8, O. Schultz-Gora, Provenzalische Studien, Strasbourg 1919, 44, et E car defalh vers e fes, falh gauzida, E·ns es rictatz entre·ls mas avalida, XXXIX, vv. 9-10, ibid., 46. Il semble néanmoins que la précision apportée dans notre texte par le complément de nom le rende difficilement assimilable à ces exemples. Pour expliquer l’absence d’article, mais aussi celle de conjonction, il faut souligner que les vers 5-6 représentent une sentence mise sur le même plan que les deux vers précédents qu’elle explique et qui doivent être suivis de deux points. On rapprochera, dans une cobla de Bertran Carbonel : Bontatz d’amic e de senhor Non deu aver esgardamen, XXVIII, vv. 1-2, éd. A. Jeanroy, Annales du Midi XXV, 1913, 158.
 
v. 9. La plupart des copistes ont écrit es viandans. On peut s’en tenir néanmoins à la lectio difficilior de JR : le sujet pluriel non exprimé du verbe en reçoit une apposition au singulier, cascuns, avec laquelle a été accordé l’attribut du sujet. Même emploi de l’indéfini en VIII, v. 23 : Volgram quascus aver cobrat ...
On trouve la même image chez Folquet de Marseille : Mas Dieus nos mostr’ab semblans Que sol lui devem amar E·l chaitiu segl’azirar On pass’om com vianans, XVII, vv. 49-52, éd. S. Stroński, 76, et dans La noble Leçon des Vaudois du Piémont : Car /ar/ en aquest mont nos sen tuit pellegrin, v. 270, éd. A. de Stefano, Paris 1909, 23. F. J. Oroz Arizcuren en indique l’origine, la Bible : Ps. 38, 13 ; 2 Cor. 5, 8 ; Hebr. 11, 13 ; 1 Petr. 2, 11; op. cit., 157.
 
v. 17. Dans J, il est hypométrique : e qui mais sai viu d’ans. On rencontre des formes avec le relatif dans J, Rf (e sel que), Kp (e sel qui), Ma (çels que), et x (cel qui). On a corrigé en suivant Kp.
 
v. 20. Il est intéressant de noter que le copiste de J avait d’abord écrit conoisses ; il rencontrait ainsi C (conoysses), f (conoises) et x (conoysseys). Il a jugé bon ensuite de supprimer les deux dernières lettres, alors que KpR écrivent sabes, ce qui le rapproche de EGMac. Mais il n’a pas compensé par un article la syllabe ainsi perdue, comme le font tous les mssoù le verbe est dissyllabique. Cela rend le vers hypométrique.
 
v. 27. Mss : es EGJMaPSc, er CKpRf, sera Yx. Bien que les mss du même ensemble se désolidarisent de J, on peut conserver le présent : il donne un effet saisissant. Le futur peut cependant sembler plus logique, et il a séduit des copistes raisonneurs, comme celui de C.
 
vv. 30-31. L’accumulation des notations de durée peut paraître excessive, avec en pauc d’ora (30) et en breu d’ora (34). Zenker fait de cette répétition insistante l’une des caractéristiques de Falquet dans ses poésies religieuses, “Zu Folquet von Romans und Folquet von Marseille”, ZrP XXI, 1897, 339. Dans le texte, pauc d’ora marque la proximité de la mort, tandis que traspas a le sens de ‘moment’, et non celui de ‘trépas’, dont l’idée est exprimée dans le même vers par mor. Ces répétitions expliquent les hésitations des copistes entre breu (CGKpRftx) et pauc (EJPS), d’ora (CEJMaPRSftx) et de temps (G) au vers 30. Au vers 34, on trouve breu (CEJKpRSYftx) et pauc (G), d’ora (JKpMaRftx) et de temps (CEGPSY). Il est en effet tentant de retrouver l’opposition, qui n’existe que dans E et PS, de pauc d’ora au v. 30 et de breu de temps au v. 34.
 
v. 40. D. Scheludko rappelle qu’on trouve chez Marcabru : qu’en agur crezon et en sort, chez Guilhem d’Autpol : que no i valran plag ni agur ni sort et chez Guillem de Berguedà : no i gart augurs ni sortz, “Ueber die religiöse Lyrik der Troubadours”, NphM XXXVIII, 1937, 242, n. 2.
 
v. 44 : per nul plag. Quelle que soit la signification de plag, l’expression per mal plag figurant dans Jf ne peut convenir au sens général de la phrase, surtout si on l’interprète par ‘rupture de promesse’. On ne saurait éviter de corriger mal en nul, selon CEGPSc (on trouve un possessif en KpMaRx et negun dans Y). Du point de vue de la paléographie, un copiste a pu mal lire une forme nuil, à rapprocher du nuill de E.
 
v. 47. Une fois encore, J est isolé. Les versions de C, P et S font penser que leurs copistes ont voulu supprimer un mot gênant et combler un blanc d’une syllabe. En effet, C écrit qu’om pesse, en développant la forme du subjonctif présent, alors que tous les autres portent pens, et PS introduisent le pronom réfléchi se : se pung. On peut trouver confirmation de cette idée dans les leçons de Y : Com so pens, de c : Qe om pens, ou de x : sol que l’om pense, qui recouvre probablement un ancien sol qu’om pens. On est ainsi conduit à mettre en doute la lectio facilior qui introduit mais / mas au début du vers (GKpMaRf), provoquant une répétition peu heureuse, mais un conort mais, que seuls G (Ara non vei c-) et f (autre c- mas) ont tenté de corriger. Il semble préférable de considérer que J a conservé une lectio difficilior qui a rebuté les autres copistes ; en effet, le verbe caler est utilisé en général dans des propositions négatives ou interrogatives et l’emploi de cal, pronom, ne cadre pas avec le tour employé. Peut-être le Sol de x est-il une correction minimale.
 
v. 52. Le mot emperador ne pouvant être qu’au cas sujet pluriel, les versions de CEGJx supposent qu’on admette l’élision de l’article li devant voyelle à ce cas. On en connaît quelques exemples : chez Bertran de Born, Si cum l’auzeill son desotz l’aurion, XXI, v. 19, éd. G. Gouiran, 416 ; chez Peire Cardenal, Que tug l’ome de la ciutat Que toquet foron dessenat, LXXX, vv. 3-4, éd. R. Lavaud, 530 ; dans Boèce, Antr’ellas doas depent sun l’eschalo, v. 209, Appel, Chrest., nº 105, 150b ; etc. Certains copistes semblent l’avoir évitée : les uns ont supprimé les articles en les remplaçant par la conjonction e répétée (PSYc), les autres ont interpolé un troisième titre, celui de comte (KpRf), entre les deux autres.
 
v. 53. Il est hypermétrique dans J : e lai trobarem atrazag. Les copistes ont encore une fois fait preuve de créativité. Pour les uns, les verbes des vers 53-54 ont pour sujet les grands du v. 52. Ainsi C : trobon, an ; x : trobarant, an. Pour d’autres, les vers forment un ensemble indépendant et doivent posséder un sujet propre, pronom indéfini : trob om, om a (GPSc), ou substantif : parran li mal e·l bel c’auras (R) ou parra los mals ... c’auerem (Kp), texte où un amendement trop partiel conduit à une incorrection. Enfin, une autre possibilité consiste, après la parenthèse traditionnelle des vers 51-52, à revenir au sort commun, donc à reprendre le nos du v. 50. On voit mal alors comment se passer d’un terme copulatif pour le signaler, ou de l’adverbe lai, qui renvoie à port, mais rend hypermétrique le vers de J. Vu que trazag, auquel ferait songer le trastuyt de Ma, n’est pas attesté comme adverbe, la moins mauvaise solution paraît d’admettre une asyndète, selon EMaY, en mettant deux points à la fin du vers précédent.

 

 

 

 

 

 

 

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