COMMENTAIRE HISTORIQUE
La dame à qui est adressée cette poésie est nommée Maria de Mons dans IK, Marie dans DªQ. Il est probable que la première leçon est la bonne, parce qu’on s’expliquerait difficilement que ce nom ait été introduit postérieurement. Il est vrai que cette Maria de Mons n’est nommée nulle part, tandis que, si « Maria » était la bonne leçon, on pourrait l’identifier avec cette Maria d’Auramala, nommée par Albert de Sisteron, et peut-être par Aimeric de Pegulhan ( 1), la parente de Selvaggia, qui, comme Maria, en est à ses débuts dans le monde dans la pièce XLI, et est aussi comparée avec Donella de Brescia ( 2).
On ne connaît pas mieux celle-ci ( 3). Elle est nommée dans la treva de Guillem de la Tor, au vers 12 : E de Bresaina i ven ma dompna Na Donella ( 4). D’après Torraca, c’est d’elle qu’il s’agirait dans le sirventés de Guillem de la Tor (236, 11), où on lit que la « trista persona » dont il s’agit boit « ab una de Breisana » ; mais je ne sais pas sur quels arguments s’appuie cette identification ( 5). Donella est nommée aussi dans notre pièce XLI.
Notes :
1). Voyez O. Schultz, Die Briefe des Trobadors Raimbaut de Vaqueiras, p. 129 ; Torraca, Le donne italiane nella poesia provenzale, pp. 29 et 30. Une hypothèse, d’après laquelle Alberico da Romano aurait adressé une poésie à cette Maria, a été défendue par Schultz (Zs. f. rom. Phil., XV, 234). Torraca a déjà signalé les ressemblances entre cette poésie et la nôtre, et il a essayé d’identifier Maria de Mons. (↑)
2). Voyez sur le nom (Adonella ou Donella), Torraca, l. l., p. 42, n. 1. (↑)
3). Casini, I Trovatori nella marca trivigiana, dans Propugnatore, XVIII (1885), p.159, est d’avis que c’est, en effet, à Maria d’Auramala que cette pièce est consacrée. (↑)
4). Suchier, Denkmäler, p. 323. (↑)
5). Torraca (l. l., p.19) admet que ce sirventés s’adresse à un certain « Pons Amat », de Crémone ; mais le ms, au v. 6, dit porc armat. D’après Schultz-Gora (Zeitschr.f. rom. Phil., VII, 155), c’est contre Manfred II Lancia que serait dirigée cette poésie, le même dont il s’agit dans notre nº XIX. Mais le seul argument invoqué est la ressemblance de quelques vers de ces deux poésies. (Voyez la note aux vers 13-14 du nº XIX.) (↑) |