I
PIÈCES ISOLÉES ANONYMES
Ici ont été réunies cinq pièces dont le texte n’offre ni nom propre, ni senhal, ni allusion, permettant de les rattacher à l’un des protecteurs, amis ou inspiratrices connus de Gaucelm Faidit.
Pour la plupart, elles paraissent appartenir aux débuts littéraires du troubadour ou à sa jeunesse. Seule, Anc no cugei qu’en sa preizo (n. 5) fait probablement exception, mais date d’une époque difficile à déterminer nettement.
Ce sont
1. MOUT VOLUNTIERS CHANTERA PER AMOR
2. COM QUE MOS CHANS SIA BOS
3. GES DE CHANTAR NON ATEN NI ESPEH
4. JA NON CREZATZ QU’IEU DE CHANTAR ME LAYS
5. ANC NO CUGEJ QU’EN SA PREIZO
I. MOUT VOLUNTIERS CHANTERA PER AMOR
GENRE
Chanso. La pièce ne comporte pourtant que quatre strophes, sans cependant donner l’impression d’être tronquée. Il existe d’autres exemples de même longueur chez G. Faidit : Com que mos chans sia bos, Ges de chantar non aten ni esper (Cf N. 2 & 3). Quand la foilla sobre l’albre s’espan également, mais nous la classons dans les attributions douteuses.
Bien que les poèmes de 4 str. seulement soient souvent des sirventés, on trouve pourtant chez divers troubadours des chansos de 4 strophes. Faudrait-il y voir une variété de mieja-chanso ou un autre sous-genre déterminé ?
SCHÉMA MÉTRIQUE
a
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b
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c
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a
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b
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b
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c
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d
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e
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10
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10
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10
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10
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10
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10
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10
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10
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10’
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4 coblas unissonans de 9 vers. Rimes : a = or ; b = e ; c = ar ; d = an ; e = ia.
Istvàn Frank R.M.P.T., I, p. 163, N. 767. Mentionne : (incomplet ?).
COMMENTAIRE
Robert Meyer, Das Leben des Tr. G.F., p. 38 range Mont voluntiers, avec le N. X, parmi dix chansons (VI à XV) dont trois (Lo gen cors honratz (IX) Mout a amors sobrier poder (sic, XI), Mout a poignat Amors… (XV) sont dédiées à Maria de Ventadorn, et déclare : « Les autres se rattachent par leur contenu si étroitement à celles-ci que leur attribution à la Vicomtesse de Ventadorn ne peut être mise en doute ». Kolsen adopte sans discussion, en deux lignes, cette attribution.
Nous ne voyons dans Mout voluntiers aucun indice qui puisse la classer dans les pièces adressées à Maria ou inspirées par elle. Nous pensons que la chanso est un développement du thème classique : fidélité à tout prix du soupirant dédaigné. Après les louanges de la strophe II, d’une assez bonne venue, la strophe III donne aux amants en général des conseils de fidélité sans relief ni originalité. Le tout est peu cohérent et d’une expression bien gauche. Cette maladresse fait penser à une œuvre de jeunesse, et même de la période d’apprentissage.