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Ricketts, Peter T. Les poésies de Guilhem de Montanhagol, troubadour provençal du XIIIe siècle. Toronto: Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1964.

225,005- Guilhem de Montanhagol

DATE DE LA PIÈCE : entre 1246 et 1249.
 
Il est évident par le fait que la Provence
 
...leyal senhori’e cara
a camjada per avara                    (vv. 12, 13).
 
que Guilhem fait allusion à l’acquisition de ce royaume par Charles d’Anjou, à l’occasion de l’avènement de Béatrix de Provence, qui avait été promise d’abord à Raimond VII (cf. Belperron, pp. 434, 435). Cette terre, donc,
 
ueymais aura nom Falhensa                (v. 11).
 
Raimond-Bérenger de Provence est mort le 19 août 1245, mais le terminus a quo de cette pièce semble être la date du mariage de Charles avec Béatrix, c’est-à-dire, fin janvier 1246.
Comme dans la pièce III, Guilhem n’a que des reproches pour le roi d’Aragon (vv. 22, 23), mais il s’en prend aussi à Raimond VII,
  
e·l coms cui Tolzans s’autreya             (v. 24).
 
Voici donc, le terminus ad quem, date de la mort de Raimond VII, le 27 septembre 1249. De là, on peut conclure que la pièce se place entre les années 1246 et 1249.
 
 
NOTES.
 
1. per malvastatque. Coulet fait remarquer (p. 98) que “la construction de per ...que servant à introduire une proposition concessive au subjonctif est employée en ancien provençal et en ancien français, non seulement avec les adjectifs, mais encore avec les substantifs.” Tobler (Archiv, CI, 466) rejette la conclusion de Coulet : “meines Wissens kommt dieses per wie das afz. por nur vor Substantiven und erst neufranzösisch pour vor Adjektiven vor.” Mais on en retrouve des exemples dans la poésie des troubadours. Dans l’édition de Stroński (Folquet de Marseille, p. 273), cf. sa note renvoyant à XIX, 26 (p. 84),
 
...qu’om no pot gandir
de mort per aver que·y do,
 
et citant d’autres exemples chez d’autres troubadours, à la page 233, sa note :
 
C’est une construction comportant le sens concessif : un substantif ou un adjectif, précédé de peret suivi de que rel. avec subjonctif ; mais en réalité, c’est un remaniement d’une simple proposition concessive : le subst. ou l’adj. que l’on désire souligner est mis, par anticipation, en tête de la proposition, ce qui permet de remplacer la conjonction concessive par la proposition per avec un que relat. après ce subst. ou cet adj.
 
2. cuy valors. Avec Coulet (p. 98), on doit corriger les leçons fautives de C et deR. C donne a cuy pretz et R a cui valorsC corrige évidemment la leçon fautive de l’original commun de CR, a cuy valors, qui avait un pied de trop, et la remplace para cuy pretz. R ne la change pas. Il suffit de supprimer le a de la leçon de R et de lire cuy valors.
 
9. Coulet (ibid.) note le jeu de mots avec Proensa et Falhensa. Jeanroy (AdM, X, 350) cite un exemple de Peire Guilhem de Luzerna, “En aquest gai sonet”, v. 6 (Suchier, Denkmäler, p. 555). J’ai trouvé dans une cobla de Peire Cardenal (Lavaud, p. 28, pièce VII, 4) le même jeu de mots.
 
12. Comme le dit Coulet (p. 99), il est question de l’établissement de Charles d’Anjou par son mariage avec Béatrix de Provence qui eut lieu vers fin janvier 1246, juste après la mort de Raimond-Bérenger, comte de Provence et père de Béatrix.
 
16. lo reys. Jacques Ier d’Aragon. Encore une fois (cf. déjà, III, 37), Guilhem exhorte Jacques à se battre. Il est l’allié de Raimond VII, mais à cette époque, il en abandonne les intérêts, selon Guilhem.
 
19. vens. Comme Coulet (p. 100, note au v. 19), qui y voit une allusion aux victoires de Jacques d’Aragon déjà gagnées sur les Sarrasins, on doit entendre ce mot dans le sens de ‘être victorieux’.
 
20. semblan. C’est la leçon de R. Il faut rejeter semblans qu’emploie Coulet (cf. V, 20, p. 96). Il s’agit ici d’un adjectif neutre dont dépend la proposition du v. 21. Cf. aussi, Tobler (Archiv, CI, 464).
 
21. leu. Le sens courant de leu, ‘facilement’, s’accorde le mieux avec le sens de la phrase. Comme Jacques a triomphé des Sarrasins et comme les Français n’ont pas remporté de victoires sur ceux-ci, Jacques pourra facilement vaincre les vaincus.
 
22. Guilhem fait un jeu de mots sur rey et desreya, mais, comme le dit Coulet (p. 101), les deux mots n’ont aucun rapport par le sens.
 
24.Tolzans. Tobler (Archiv, CI, 464) et Jeanroy (AdM, X, 350) notent que la forme du nominatif a en général un s (cf. aussi la correction admise par Levy, SW, VII, 323, revinensa). Il est possible qu’uns soit tombé devant le sde s’autreya. Cf. aussi, Stengel (Die beiden ältesten provenzalischen Grammatiken (Marburg, 1878), p. 45) où la forme Tolsas — ‘tolosanus’ est notée. Finalement, C essaie de corriger une difficulté sans doute présentée par une forme analogue à celle de R (tolzan) qui se trouverait dans l’original.
 
25. revinensa. Coulet, dans sa traduction, donne ‘salut’ (p. 181), au glossaire, ‘moyen de salut’ (p. 233) et dans sa note, “moyen de réussirde prospérer, et, d’une façon générale, salut” (p. 101). Jeanroy (AdM, X, 350), puisque revenir signifie ‘se remettre’, donne à revinensa le sens précis de ‘retour à la vie, à la santé’ et rejette ‘moyen de réussir’, sans faire mention du terme ‘salut’ que Coulet a employé finalement. Il semble qu’il n’y ait aucun intérêt à essayer de distinguer entre ‘salut’ et ‘retour à la vie, à la santé’. Levy (SW, VII, 323) donne les deux interprétations sans les critiquer.
 
33. pren. Ce mot signifie ici, selon Coulet (p. 102), ‘accepter’, ‘recevoir’. D’ailleurs, il est préférable de traduire par ‘supporter’, ‘subir’ ; cf. le glossaire de Coulet où il avait donné ce sens (p. 231). Levy (SW, VI, 511) traduit : “leiden, erdulden.”
 
34. s’esclara. Contre l’interprétation de Coulet, Appel (Zeitschr., XXIII, 557) propose la traduction, “sein Herz von der Leidenschaft des Hasses, etc., reinigen, seine Rachelust befriedigen” et avance la comparaison avec le vieux français esclairier son cuer. Mais le sens de la strophe est mieux rendu avec la traduction de Coulet, ‘se laver d’une honte’ (cf. d’ailleurs, Levy, SW, III, 169).
 
36. En Guillen de Moncada. L’excellente note de Coulet fournit bien des renseignements sur ce Guilhem (p. 102, note au v. 36). Un Guilhem de Moncada est cité dans des actes de 1232, 1235 et 1238. Sa famille était de Catalogne et avait des rapports avec la maison d’Aragon. Il prit part à la conquête de Valence, et paraît, d’après les documents, avoir aidé Jacques d’Aragon dans ses affaires. Coulet suggère très justement que Montanhagol l’avait peut-être connu lors de son séjour auprès du roi d’Aragon, au moment de la prise de Valence.
 
37. on. Coulet a raison de rétabliron à la place du don des deux mss., C et R. Comme il l’a remarqué : “don man rics doit être... considérée comme une faute de l’original commun” (p. 102, note au v. 37). Il note très justement que, “quoiqu’on pût trouver des exemples d’un pareil pléonasme de en, le voisinage des deux mots donet en le rendrait ici trop sensible.” D’ailleurs, la répétition dedon dans les vers 37 et 38 serait plutôt maladroite. Il faut donc lire on dans le sens de ‘alors que’, ‘où’.
 
39. N’Esquilheta. Ce nom n’a rien à voir avec une dame, comme le veut Coulet (p. 103), mais est simplement le sobriquet d’un jongleur. Les noms Esquilha et Esquilheta se rapportent vraisemblablement à la même personne (cf. là-dessus, Chabaneau, Biographies des Troubadours, Hist. Lang., X, 347 ; O. Schultz-Gora, Zeitschr., X, 594 et du même, Lit. Zent., Jahrgang 1899, p. 970 ; Pillet Carstens, Bibliographie der Troubadours (Halle, 1933), p. 121, à Esquilheta, 143).
 
40. Esclarmonda. Cf. la note à VI, 51.

 

 

 

 

 

 

 

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