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Boutière, Jean. Les poésies du troubadour Peire Bremon Ricas Novas. Toulouse - Paris: Édouard Privat - Henri Didier, 1930.

330,014- Peire Bremon Ricas Novas

4. Le ms, donne la un ; M. Tobler (cité par Springer, Das altprovenz. Klagelied) note que la un « für lo un öfter vorkommt » et lit lo un, correspondant à l’autre du v. 9. Mais la leçon la (= lai), acceptée par Raynouard, peut très bien se défendre : les peuples désignés dans ce premier couplet habitent tous des pays assez lointains (Pouille, Frise, Russie) ; au contraire, il n’est question dans le couplet suivant que de provinces françaises et de l’Angleterre, proche voisine de la France.
 
4-6. Les formes Alamans, Braymans et sans, syntaxiquement incorrectes, sont amenées par la rime (cf. vv. 21 el 23). M. Springer propose de lire, aux vv. 4 et 5, ab au lieu de e, puisque le ms. porte ab Bergonhos au v. 9. Mais c’est là une correction arbitraire : Ricas Novas ayant sacrifié la grammaire à la rime aux vv. 6, 21 et 23, où toute correction est impossible, nous pouvons très bien admettre qu’il a pris la même liberté aux vv. 4 et 5. Voy. des exemples de pareilles violations de la règle de la flexion dans Stimming, B. de Born, pp. 240 el 295, et Coulet, Montanhagol, note à XIII, 42-43. — C’est Alamans qui a sans doute entraîné la leçon incorrecte Lombartz, comme, au v. 10, Bretos a entraîné Alvernhas.
 
7. L’emperayre prezans est Frédéric II.
 
11. Le ms. donne e·l valens Peytavis. M. Springer conserve cette leçon, dans laquelle il voit un cas s. sing., et croit qu’il est question du comte de Valentinois, Ademar III, qui figure dans les documents, en 1239 par exemple, Ne vaut-il pas mieux admettre que valens Peytavis est un cas reg. plur., à corriger en valen Peytavi, puisqu’il y a une énumération d’habitants de diverses provinces ? — Lor représente tous les peuples mentionnés aux vv. 9-11.
 
12-13. Ricas Novas donne aux Anglais le qualificatif de coart, parce que le roi Henri d’Angleterre luttait avec mollesse contre saint Louis ; après de longues négociations, les deux souverains conclurent, en 1235, un armistice de cinq ans ; voy. Pauli, Geschichte von England, III, p. 582.
 
15. Le reys cuy es Paris est Louis IX.
 
20. Le roi de Navarre est Thibaud V, comte de Champagne, couronné en mai 1234.
 
21. Veiran, au lieu du sing. veira, à cause de la rime : cf., au v. 23, gardaran pour gardara ; M. Springer voit, à tort, dans ces deux formes, des pluriels.
 
22. Le roi de Castille est Ferdinand III le Saint (1217-51), qui remporta de brillantes victoires sur les Maures ; son grand-père (v. 24) est Alphonse IX (1157-1214) ; ils ont été célébrés tous deux par Aimeric de Belenoi.
 
24. Metre, au sens de « dépenser », est souvent rapproché de douar ; voy. plusieurs exemples de meten, « généreux », à côté de donan ou larcs, dans Levy, V, 268.
 
25. Ce vers semble bien prouver que R. Novas était provençal.
 
27. Le monastère de Saint-Gilles du Gard (autrefois Vallis Flaviana) était un lieu de pèlerinage très fréquenté ; on y vénérait les reliques de saint Aegidius, ermite athénien qui, protégé par Vamba, roi des Visigoths, fonda une abbaye en 685 et mourut en 719. —- Saint-Gilles, situé au centre du pays d’Oc, serait le lieu « commun » (cominal) où pourraient se réunir tous les Méridionaux.
 
28. Tolzas, de Tolozanus (pagus), signifie proprement « le pays de Toulouse ».
 
29. Bederres (ou Belerres), du lat. Beterrensis ; aujourd’hui Béziers (Hérault).
 
30. Il s’agit des hostilités entre Raimon de Toulouse et Raimon Béranger (voy. Histoire de Languedoc, VIII, 704) et de la paix qui fut conclue en 1237 (voy. Introduction de cette pièce) ; la guerre n’était pas encore terminée au moment où Sordel écrivit son planh ; voy. le v. 39.
 
33-40. Ce couplet ne peut pas avoir été inspiré par des souvenirs personnels, puisque Ricas Novas n’est pas allé en Terre Sainte ; voy. Introduction, « Vie et œuvre du poète ».
 
35. M. De Lollis (p. 43, note) croit que le nom de Saudan del Cayre désigne, par synecdoque, le principal représentant de l’Orient mahométan. Avec MM. Springer et Salverda de Grave nous préférons voir dans ce personnage le sultan d’Egypte, Malek-el-Kamel (1218-1238), qui, en 1239, fit la paix avec Frédéric II ; à cette époque, le pape Grégoire IX envoya des religieux, pour essayer de convertir au catholicisme les princes mahométans ; mais les efforts de ces missionnaires furent vains ; voy. Wilkin, Geschichte der Kreuzzüge, VI, 516 et 562. Une proposition de baptême, semblable à celle de Ricas Novas, fut réellement faite au sultan de Damas, dont on savait, depuis 1240, qu’il était favorable au christianisme (De Lollis, p. 43, note), et à Saladin (Récits d’un Ménestrel de Reims et de Wally, paragr. 212), M. K. Lewent (Das altprovenz. Kreuzlied, Berlin, 1905, p. 377) remarque judicieusement que les troubadours demandèrent d’abord dans leurs vers une guerre d’extermination contre les infidèles ; plus tard, ils songèrent à lutter contre l’islamisme par la conversion, idée exprimée notamment, par Guiraut Riquier et Raimon de Cornet.
 
37. Gui de Guibelhel, fils de Uc de Guibelhet, était en 1218 au siège de Damiette ; en 1228, lorsque Frédéric arriva en Syrie, il lui prêta de l’argent et se joignit à son armée (G. de Tyr, Estoire de Eracles Empereur, Paris, 1859, II, pp. 51, 315, 322, 366, 368 ; Ducange, Les Familles d’Outre-Mer, Paris, 1869, p. 323). Il était seigneur de Giblel, l’ancienne Byblos (aujourd’hui Djebail), ville maritime du comté de Tripoli (Rey, Les Colonies franques de Syrie au 12e et 13e siècles, Paris, 1883, p. 367).
 
38. Vertut paraît avoir le sens de « relique ».
 
39. M. Springer croit que le « roi d’Acre » est l’empereur Frédéric II, qui avait des droits sur la couronne de Jérusalem (Wilkin, l. c., VI, 524, 526). MM. De Lollis et Schultz-Gora comprennent : « si le roi y vient d’Acre », et pensent qu’il est question de Thibaud de Navarre, qui débarqua à Acre en septembre 1239 et repartit en 1240, sans avoir rien fait : le planh se placerait donc après 1240 (De Lollis). Enfin, M. Salverda de Grave (p. 101) voit dans ce « roi d’Acre » Jean de Brienne, beau-père de Frédéric II, qui devint roi de Jérusalem on 1210 par son mariage avec la jeune reine Marie de Montferrat ; à la mort de sa femme, en 1212, Jean de Brienne fut régent et tuteur de la jeune princesse Yolande ou Isabelle. Il était vulgairement reconnu sous le titre de « roy d’Acre » (voy. Ducange, l. c.) et le Ménestrel de Reims l’appelle ainsi jusqu’à sa mort. Nous ne saurions donc nous étonner de le voir appeler de ce titre alors qu’il était (depuis 1229) empereur de Constantinople. Il mourut très vieux en 1238. Bien que cette dernière hypothèse soit très vraisemblable, il nous paraît impossible d’identifier ce « roi d’Acre » avec certitude.
 
41. Nous hésitons sur le sens précis à donner à francamen, pour lequel Levy (Petit Dict.) indique les sens de « franchement, sans réserve, tout à fait », et que Springer traduit par « gnädig ».

 

 

 

 

 

 

 

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