1 ss. Une image analogue se retrouve dans une poésie du Moine de Montaudon, 305, 3 (Mahn, Gedichte, 35, str. 3) :
D'aitan fui fols e fezi gran follatge
Cum cel que pres a estat longamen,
Et es estortz, e puois vai enqueren
Tal ren, per q'om lo torn (puois) en preisonatge ...
— s'en cuja fugir : cuja a-t-il ici son sens ordinaire, « pense », ou bien cuja fugir n'est-il qu'une périphrase pour fug ? Levy, S. W., I, 426, cuidar, 6, n'admet qu'avec réserve ce sens de cuidar avec l'infinitif.
— Voici le sonnet de Loffo Bonaguidi (Adolf Gaspary, Die Sicilianische Dichterschule des dreizehnten Jahrhunderts, Berlin, 1878, p. 38). Cf. Introd., note 82.
Com' uomo, che lungamente sta in prigione
In forza di signor tanto spietato,
Che non ama drittura nè ragione,
Nè mercè nè pietà non gli è in grato,
Tener si puote a fera condizione
S'en altra guisa non cangia suo stato :
In simil loco Amor lunga stagione
M'avea tenuto, ond' era disperato.
Or m'era per ingegno dipartuto
Del periglioso loco, ch' aggio detto,
E della pena in gran gioi rivenuto.
Più che davanti tenemi distretto ;
Or come far agg' io in questo punto
Lasso, dolente me, che son sì stretto.
11. quays qu'oblit om... Les troubadours ont souvent protesté contre ce proverbe : cf. E. Cnyrim, Sprichwörter, sprichwörtliche Redensarten u. Sentenzen bei den provenzalischen Lyrikern (Dissertation de Marburg, 1887), p. 49, n. 891-894.
12. Mas anc mos sens no·ys poc... La plupart des manuscrits ont le présent pot (et ges au lieu de anc) ; mais le sens semble exiger le passé.
16. mos cors m'es miralhs de sa faysso. C'est une image que nous rencontrons encore une fois dans les poésies d'Aimeric ( III, 28). Cf. aussi Chr. Stössel, Die Bilder u. Vergleiche der altprovenzalischen Lyrik (Dissertation de Marburg, 1886), p. 28-29, n. 128.
18. tanh a leyal pretz plazen. Il serait peut-être préférable de lire, avec CLH, es au lieu de tanh ; mais les manuscrits semblent hésiter entre tanh et platz, pour les vers 18 et 19. tanh paraît aller mieux avec pretz qu'avec joi et joven.
22-23. Pour la construction avec qui = si quis, voir la note à II, 7.
25 ss. Cette situation a été souvent décrite par les troubadours. Wechssler, Das Kulturproblem des Minnesangs, I, Halle, 1909, p. 253-4, en a réuni plusieurs exemples. En voici un autre : Bernard de Ventadour, 70, 33 (éd. Appel, p. 196, n. 33, v. 22-25) :
Cil que cuidon qu'eu sia sai
No sabon ges com l'esperitz
Es de leis privatz et aizitz
Si tot lo cors s'en es lonhans.
29. fin cor cortes. Seul le manuscrit, C a cor (et α, cors) ; tous les autres ont joy. Nous avons cependant adopté le texte de C, car (même si on considérait tristz ab fin joy comme une antithèse voulue) joy serait en contradiction avec les vers suivants, 31-32, Qu' ieu non ai joy, mas tant quant ab lieys so, Ni l'aus vezer.
33a ss. Nous avons hésité à reléguer parmi les variantes une strophe qui se trouve dans 9 manuscrits (sur 17), appartenant à des familles différentes. Cependant, il faut reconnaître que la suite des idées et le passage de la str. IV à la strophe V sont plus logiques, si l'on exclut cette strophe IVa, que si on la conserve. D'autre part elle ne semble être qu'un développement de mal resso, du v. 32 ; elle reprend au
v. 33a abelhir du v. 17, et au v. 39a razo, qu'on retrouve au v. 40 ; et surtout, si on la conservait dans le texte, la poésie aurait 6 strophes, ce qui est unique dans le chansonnier d'Aimeric. (Nous ne comptons naturellement pas la pièce XV, où Aimeric est obligé de reprendre la forme de la chanson d'Albertet, ni les poésies d'attribution douteuse).
38 ss. Sur cette caritas chez les troubadours, cf. Wechssler, op. cit., p. 334.
40. Cf. la note (à VIII, 32) de M. Kolsen, Dichtungen der Troubadours, I, Halle, 1916, p. 51, sur le sens de l'expression dir la razo de alcu.
41. lai en cel dous paes. Peut-être faudrait-il lire josca·l dous p., en corrigeant légèrement la variante de DHL, (iostal L, iostel DH).
42. la rein' a conques. On peut lire aussi reina conques, en considérant ce dernier mot comme un parfait, 3 ; mais comme 3 manuscrits (sur 7) introduisent un a après conques, nous préférons le considérer comme un participe. — La reina est probablement Yolande de Hongrie, seconde femme de Jacme Ier d'Aragon, et reine de 1235-à 1251. Bergert, Die von den Trobadors genannten oder gefeierten Damen, p. 26, pense que la chanson est adressée à Eléonore d'Aragon, femme de Raimon VI de Toulouse. Cf. cependant A. Jeanroy, Les troubadours en Espagne, p. 152. |