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Bec, Pierre. Burlesque et obscénité chez les troubadours. Pour une approche du contre-texte médiéval. Paris: Stock, 1984.

183,002- Guilhem de Peitieu

v. 3 : obrador « atelier ». Cette métaphore, qu'on retrouve ailleurs, notamment chez Arnaud Daniel, montre bien le travail patient — et cela dès les origines — de l'art troubadouresque.
 
v. 4 : pòrt ... la flor. Dans ce métier (poétique), je remporte le prix, mais je le remporte aussi (cf. infra) en amour.
 
v. 6 : laçar lo vèrs (litt. « lacer le poème ») ; formule figée du langage technique troubadouresque.
 
v. 8-10 : remarquer les effets antithétiques des termes clefs : sen/folor, anta/ onor, ardiment/paor.
 
v. 11 : l'image du jeu, si fréquente chez les goliards et chez les troubadours (en liaison sémantique et phonique avec jòi : jòc/jòi), fait ici sa première apparition dans la pièce (jeu / jeu poétique / jeu érotique). L'expression fait aussi allusion, vraisemblablement, au jòc-partit (genre poétique dont les premières productions ne sont pourtant attestées que cinquante ans après la mort de Guillaume IX). Il faut noter dans ce sens que l'expression triar lo melhor / la melhor est également caractéristique du début habituel des jeux-partis et partiments, où il s’agit de défendre la meilleure cause.
 
v. 25-26 : jogar sobre coissí. Désormais, la métaphore du jeu, jusque-là encore ambiguë, assume sa pleine fonction érotique.
 
v. 40-42 : les métaphores artisanales (mester, gazanhar mon pa, mercatz) continuent, non plus sur le plan poétique (pour élaborer la belle œuvre), mais sur le plan érotique.
 
v. 45 : toujours la métaphore du jeu, désormais « grossier » qui va être développée dans les vers suivants.
 
v. 47 : fo entaulatz (sujet lo jòcs) : expression technique du jeu (« s’asseoir au jeu, commencer le jeu »).
 
v. 51-52 : dat menuder : dés trop légers, trop menus. Visiblement, image érotique.
 
v. 55 : jeu de mots sur le double sens de tauler : « table de jeu / tablier ».
 
v. 58 : espeis / empeis : prétérit 1 de es-/empénher « pousser » ; métaphore erotique en relation avec le sens déjà vu de datz.
 
v. 59 : cairat valer. Cette expression, dont les manuscrits attestent plusieurs variantes (cairauallier, caramaillier), a résisté à tout essai d’interprétation. Il est inutile d’en reprendre ici la synthèse.
 
v. 60 : plombatz : le dé plombé avait à l'intérieur un plomb qui le faisat tomber sur la face opposée à celle qui gagnait. Métaphore érotique, vraisemblablement. Mais laquelle ? De toute façon, l'image des trois dés est claire (en particulier, la répartition 2 + 1) et on la retrouve ailleurs. Chez Marcabru, par exemple, on relève une allusion semblable, mais avec une métaphore différente : E'i fatz mos dos canetz glatir, / E’l tertz s’ahus / Eis de rahus / Bautz e aficatz per ferir (ed. Dejeanne, p. 67) : « J'y fais clabauder mes deux petits chiens, et le troisième sort à reculons (?), hardi et bien planté pour cogner. » (Cf. nos 2 et 6.)
 
v. 61 : ferir, sens érotique ; cf. supra la citation de Marcabru et nos 37, vers 3 ; 40, vers 50.

 

 

 

 

 

 

 

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