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Sakari, Aimo. Poésies du troubadour Guillem de Saint-Didier. Helsinki: Société Néophilologique, 1956.

234,015a- Guilhem de Saint Leidier

Les deux mss. diffèrent sensiblement. a1 n'a que quatre couplets, Sg cinq. L'ordre des strophes n'est pas le même; tout en suivant celui de a1, nous intervertissons ses deux dernières str.: vius à la fin de str. II et au début de notre III servirait de lien. Il nous paraît presque inadmissible que la répétition de poder, à la rime finale, ait lieu dans deux strophes qui se suivent. C'est peut-être à cause de diziaz et de parles, au début de la str. III, que le scribe de Sg l'a rapprochée de la première, où il y a dic, v. 6. Le poète déplore la mort de son ami bien aimé (amoros), décès prématuré; resté seul, malgré la compagnie d'autres amis, il voudrait suivre, »là où les morts s'en vont», le trépassé qui, de son vivant, s'était engagé à lui adresser un message de la demeure des défunts. Lui, le poète, aurait tenu cette promesse mutuelle, le cas échéant. La plainte personnelle prend fin ici. Suit l'exaltation des mérites de l'ami, et, enfin, la recommandation de son âme à Dieu, aux apôtres et aux anges. D'après le troubadour, c'est la valeur chevaleresque du défunt qui fera ouvrir les portes du paradis par saint Pierre. Belle image d'époque!
La différence de l'incipit dans les deux mss. a amené Pillet-Carstens à poser séparément 234, 12a: Lo plus iratz remaing (avec renvoi à Sg, nº 4), d'une part, et 234, 15a: Pos major dol ai que autre caitius (avec hiatus), d'autre part. L'identité des deux textes a été remarquée par M. Långfors bien avant la publication de la Bibliogr.
L'ami pleuré s'appelle Badoc, dans a1, et Ugo, dans Sg qui l'a tiré probablement de la vida de Guillem. Une autre raison pour laquelle un remanieur a pu écarter le premier de ces noms, est le sens même du mot: badoc signifie en effet »sot» ou, comme le définit le Donatz proensals (éd. Stengel): »parum sciens». En réalité, ce nom curieux ne laisse pas que d’étonner. Dans la table des noms et des matières de Arnaud, Histoire du Velay, I, nous relevons un Badon, qui, en 845, était l'abbé à Saint-Chaffre, dans le Velay. Est-ce que le scribe aurait confondu ce nom, évidemment rare, avec badoc?
Notre texte principal suit Sg qui n'a pas été publié jusqu'à présent; l’édition de ce »pianto» par Bertoni est basée sur a1. Nous ne nous écartons de notre base que dans les cas où il faut absolument préférer la leçon de a1, dont le texte est donné en entier aux Variantes.
Dans Sg, les grandes initiales n'ont pas été exécutées, mais elles ont été tracées en marge, en guise d'indication pour le rubricateur (on voit ici clairement un l).
 
II. — 10. Ayant probablement oublié de marquer le tilde, Sg écrit ici Teig, et remaig, v. 9.
12. dic de Sg est lectio facilior.
14. Césure débordante, dans les deux mss. Dans Sg, il y a inf. précedé de deux prépositions, construction bien connue dans diverses langues romanes (cf. esp. para, anc. fr. pour a perdre). Voir Diez, Rom. Grammatik, p. 941.
 
III. — 15. sias de a1 pourrait être imparf. analogique, fabriqué sur le radical s- du prés. Il existe encore dans les patois actuels. Selon Mistral, Tresor, c'est une forme languedocienne; cf. Ronjat, Grammaire, III, p. 283 (l'aurillacois et le gévaudanais).
17. Si l'on change la place de ja et o, dans Sg, sa leçon devient satisfaisante de tous les points de vue. Autrement, il y aurait une césure épique (ou une syllabe de trop).
18. De Lollis écrit ni al retener. Sg lit pourtant ni alres tener; le simplex signifie aussi »retenir, arrêter» (cf. Swb., VIII, 151).
19. sones = sonetz; voir note I, 6-9, et Petit dict., s. v. mot. — a1 a sonest < sonavistis; cf. note XII, 2.
20. Dans a1, il y a crei en interligne, au-dessus de er exponctué. De Lollis, qui lit Iaus soner' eu. Er ai dig un fail gran, note qu'on pourrait lire aussi Ia eus soner', eu crei. Dig un fail gran ou encore Iaus soner' eu; crei eu dig u. f. g.Swb., III, 398, peut attester falh uniquement dans la locution ses f.; d'autre part, on ne »dit» pas un défaut, on en a. Pour falhir, subst., voir ibid., p. 403.
 
IV. — 22. Comme nous n'acceptons pas larcx, v. 24, il pourrait rester ici (d'après Sg); pros semble pourtant se confirmer même par ce ms. qui le présente au début du vers. Là, Francx c. est étayé par le fait que Sg l'a au v. 8.
23. De Lollis, Studj di fil. rom., IX, p. 163, fait observer que ce vers est identique à l'incipit d'une chanson bien connue de Raimbaut de Vaqueiras: 392, 28.
24. Ce vers et le précéd. sont remplis d'antithèses. Il faut donc p.-ê. corriger l'un ou l'autre des termes larcx et metens. On pourrait remplacer metens par tenens, »avare» (voir, pour ce sens, Bertoni, op. cit., p. 578). Graphiquement, la transition de tenens à metens pourrait s'expliquer par une sorte de métathèse incorrecte. Si, au contraire, on considère metens comme la bonne leçon, on pourrait conjecturer Cars e metens; car = »difficile, dur, réservé, qui ne laisse pas aller», c'est-à-dire, à notre avis, aussi »qui ne dépense pas»; cf. car et cartat, III, 39 s. (Nous n'oserions trop insister sur une autre hypothèse: carcx, qu'on tirerait du mot germ. karg, »parcimonieux, avare, mesquin»; Meyer-Lübke, REW, art. 4678, fait provenir de l'anc. haut all. karg, mais au sens de »rusé», l'ital. gargo, au même sens, et le piémontais garg »paresseux», en renvoyant au dict. de Diez, 375.)
25. ves = »en comparaison de».
26. Si on lit, avec a1, De cortezia flors, nous avons ici, comme au v. 14, une césure débordante. De cortesia fos flors donnerait un vers avec césure épique. A vrai dire, Sg écrit pourtant en deux mots: cortes ia. On pourrait interpréter: De cortes ja fos flors »il fut jadis le meilleur des courtois»; c'est peut-être là la bonne leçon.
 
V. — 29. Comme les autres termes du vocatif sont au cas sujet, l'-s de Bels a certainement été omis, par mégarde, parce que le mot qui suit commence par cette cons. Le correspondant de »glorieux» est trissyllabe; glorius de Sg, pour glorios, semble due a une fausse latinisation ou, par une vicieuse anticipation, a la présence du mot pius.
30. La leçon du ms., uer te meszeis pierceians, est inintelligible. Faute de mieux, nous avons adopté Per te meszeis mercejans. Ce n'est toujours qu'une cheville, d'autant plus gênante que le vers suivant présente (Reys de) merce (et que piu, v. 29, signifie encore la même chose).
33. La décl. des noms propres se soustrait aux règles. C'est saint Pierre, gardien des clefs célestes, qui, après avoir éventuellement consulté saint Jean, ouvrira les portes du paradis.
34. La graphie angeil indique que l final est mouillé; l'article qui, dans le ms., a la forme liangeil), l'est aussi.

 

 

 

 

 

 

 

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