Dans G et R, il y a la notation musicale.
I. — 1. Pour mi forss' Amors, »Amour me force, m'a en sa puissance», cf. forsat, I, 22. Swb., III, 86, ajoute la forme entrametre, celle de Da1; v. 9, Aa1 ont entramessa.
3. Manque dans ADSgf; CIKPa1 ont non aus, GMQR non puosc. Malgré la présence de aus, v. 2, il faudra l'accepter ici aussi: vv. 11-12 et 15-18, le troubadour explique pourquoi il n'ose alléger son cœur. E pois non aus aillors peut facilement (pois > puosc, aus > uas = vas) donner la leçon de MR: Ni vas aillors non puosc. GQ lisent: E pos no (Q no·m) puosc aillors. Le sens de aillors est »ailleurs, autrement que dans mes chansons»; voir aussi vv. 15-17 et Notes corr. La majorité des mss. offre le mot-rime esdemetre; IK, seuls, lisent endemetre. Au v. 10 qui reprend le mot, sous une autre forme et substantivé, les mss. ont également esdemessa, sauf ACD endemessa (et M ademessa, qui ne figure pas dans les dict., a1 entremessa). Le subst. signifie »élan, effort» et le vb. »laisser prendre son élan». Cf. Lex. rom., IV, 225 s. (esdemetre »abandonner, confier, déployer», ce qui est faux, et esdemessa »effort, élan, déploiement») et 229 (endemessa y est mal traduit par »limite, division, borne»). On a attribué au subst. même le sens »sorte de sirvente avec refrain» (Bartsch, Grundriss, et P.-C., Bibliogr., à propos de Tomier et Palazi, 442, 1: De chantar farai Una esdemessa) et »genre de chanson facile» (Diez, Leben, p. 447, à propos d'Albertet de Sisteron, 16, 13: Non faria per lieis un' esdemessa), ou encore »chemin» (P. Meyer, Guilhem de la Barra, p. 43) et »but» (Suchier, Denkmäler, I, p. 532). Les choses ont été mises au point par Levy, Swb., II, 461 s., Appel, Chrest. (gloss.), et Jeanroy, Poésie lyr., II, p. 327 s. — Pour segre una e., cf. segre un dezirier (Appel, Chrest., gloss.), etc.
4. Pour e metre, on pourrait choisir e·smetre de CSgf. Nous laissons pourtant le simple metre, ici et vers suivant: vv. 11 et 12 (de str. II qui présente les var. grammaticales des mots-rimes de str. I) ont messa.
II. — 11. Le cas sujet Mos ferms (a1 fins) volers (cf. ADSga1f) ne va pas, parce que A seul lit es. Aussi avons-nous accepté Mon ferm voler ves tal; voler peut être juxtaposé à esdemessa, compl. direct de segre. Swb., VII, 468, s. v. sanh, pose aussi sanhs »reliques; objet sacré (comme autel, croix, livre de messes, bible)», par ex. dans la locution jurar sor sains (dans Flamenca 2, v. 3390 et gloss.).
III. — 13. DIK Messa ai, MSga1f Mes' i ai, les autres Messa·i ai; cf. XII, 19: A·i.
15. Les mss. présentent l'ordre des mots Estiers que ren no·il dic; faut-il interpréter estiers que = »encore que»?
16. contratraire qqch. comme »ambiguïté, expression à contresens»; cf. contradire et contradich, »contredit, contraire de ce qui a été dit». Pour traire, »dire», cf. mot traire, v. 17. C écrit contrastaire, M con atraire (atraire signifie, entre autre, »ressembler», et, vb. réfl., »s'approcher»; donc s. m. = »ressemblance, approximation»?). GQRa1f lisent contraire; dans QR le vers reste ainsi trop court, les autres ont rétabli le mètre en ajoutant li: G écrit dis li, a1f li dic.
17. Plutôt com, »puisque», que c'om ou co·m. Le sens général doit être: »je ne tiens avec ma dame d'autres conversations que celle, unilatérale, qui consiste en certaines expressions de mes chansons, tournées exprès à contresens pour qu'elle seule les comprenne, car on ne peut plus échanger de propos, ayant peur des envieux...». Le copiste de ADSgf: plus fort (A sort) traire, aura interprété traire = »souffrir», avec l'ellipse de mal; mot aurait eu pour lui le sens de »beaucoup», mais plus et mo(l)t ne pouvant aller ensemble, il aura changé mot en fort. — C répète le mot-rime du v. 13: estraire.
IV. — 19. se tener = »prendre son chemin, se rendre, aller»; cf. Swb., VIII, 156, et vas on qui précède.
20. En principe, il faut un composé de tener (cf. pourtant v. 23). Or, Lex. rom., II, 140, cite ce vers s. v. ateigner »atteindre»; cependant, a. est un vb. tr. et l'on ne trouve l'ategna que dans G(a1).
21. d'aitant (»au moins» tant, en ce que) appartient à la proposition subordonée qui commence par qe: Pero la prec ... qe d'aitant me manteigna; reteigna de ADSgf est à rejeter: il figure à la rime, v. 24.
23. Les mots-rimes d'une strophe sont dérivés d'une seule racine. Ce vers constitue la seule exception; sostenha de CMR est évidemment faux. aveigna est subj. prés. de avenir. (Il y a avenhar avec le même sens »arriver, advenir»; cf. Swb., I, 109.)
V. — 25. abatre (var. de CMR) figure à la rime, v. 29.
27. GIKR ont embatre, CM abatre, les autres debatre et desbatre; c'est la seule preuve où Swb., II, 19, atteste cette dernière forme. Levy, loc. cit., se demande si l'on n'a pas affaire au vb. réfl. avec le sens »se débattre, s'efforcer»; si oui, il faut le cas rég. mon ferm voler.
29. la, compl. dir. de abatre, ne peut guère se rapporter à la dame; il faut plulôt comprendre la = l'amor, non exprimé, certes, mais que le poète peut avoir tiré, dans sa pensée, du vb. amar qui précède.
VI. — 31-33. Combatre semble signifier ici »contester» (cf. Lex. rom., III, 266); ·l est alors = »le (fait que)».
34. Dans deu esser (var.: pot esser), dever sert probablement d'auxiliaire pour former le futur; cf. le gloss. d'Appel, Chrest.
35. De locale, »quelque part», qu'elle était à l'origine, la locution en luoc est devenue aussi temporelle: »à l'occasion, quelquefois»; la différence est souvent floue, comme ici. R confond luoc et lonc: s'Amors es lonc (»depuis longtemps»?) menspreza.
36. Swb., II, 465, ne peut citer qu'une preuve pour la forme esderzer. Cf. GQa. es dersa es re(i)faita, N a. esdreses (= esdres' es) e r., et, v. 37: IK R. for et esders.
VII. — 37. Citant ce passage, Lex. rom., IV, 631, rend emprendre par »prendre, choisir». Le désapprouvant, Swb., II, 400 s., lui attribue ici aussi le sens de »convenir, fixer».
40. reprendre, vb. réfl., a ici nettement le sens »recommencer»; cf. prendre se »se mettre à, commencer».
VIII. — 43. Si l'on accepte ben, il faut bien changer l'ordre des mots dans A, comme nous l'avons fait.
44. Pour »elle» de la trad., voir VIII, 56. |