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Arveiller, Raymond; Gouiran, Gérard. L’œuvre poétique de Falquet de Romans, troubadour. Aix-en-Provence: C.U.E.R. M.A. - Université de Provence, 1987.

Édition revue et corrigée pour Corpus des Troubadours, 2013.

156,008- Falquet de Romans

v. 6 : Raol de Cambrais. On éprouverait quelque surprise à voir figurer le belliqueux Raoul aux côtés de héros cités à cause de leur bonheur en amour si des chansons d’autres troubadours tels que Bertran de Born et Guillem de Berguedà ne nous laissaient présumer qu’il a existé une version de cette chanson de geste différente de celle que nous connaissons. V. G. Gouiran, L’Amour et la Guerre, Introduction, XLVII.
 
v. 7 : Flori. Allusion au retour glorieux de Floire, dans le conte de Floire et Blancheflor. V. l’édition procurée par J.-L. Leclanche, Contribution à l’étude de la transmission des plus anciennes œuvres romanesques françaises. Un cas privilégié : Floire et Blancheflor, thèse de Paris-IV dactylographiée, Paris 1977. Cet ouvrage date la composition du conte de 1147-1150, fasc. 4, 223. La source en est arabe, fasc. 4, 226-236. Les troubadours font volontiers allusion à Floris et à Blancaflor : 24 fois dans 20 pièces différentes, selon F. M. Chambers, v. Leclanche, op. cit., fasc. 5, 334. Le héros était sans nul doute fort cher à Falquet, puisqu’il reparaît, seul ou avec son amie, dans trois autres de ses compositions, III, v. 18, IV, v. 18 et XIV, vv. 137-138.
 
Strophe II. Dans les trois manuscrits, la rime de cette strophe est -eu ; or, suivant les règles grammaticales, cette rime ne s’impose que pour le cas régime sing. feu (13). Pour les autres mots, le -s de flexion s’impose : Deus (10), meus (11), judeus (12), greus (14), leus (15), Andreus (16), cas sujets singuliers, ainsi que pour romeus (17), cas régime pluriel. Il semble qu’un copiste entreprenant ait délibérément choisi de transformer la rime -eus en -eu, ce qui n’exigeait de véritable transformation du texte qu’au vers 13, où il devait remplacer un pluriel, mos feus, par un singulier, mon feu. Pour le reste, il s’est contenté de supprimer tous les -s désinentiels de la strophe, à la rime comme dans le corps des vers ; ainsi : obedïent, serf et null traball. On peut également se demander, mais sans réponse possible, si mon aloc et mort n’ont pas remplacé d’anciens mos alox et morz.
 
v. 10 : Deus. Cet appel à une intervention divine dans leurs amours ne semble pas avoir choqué les troubadours. Cf. Bertran de Born : Bella dompna, a Dieu vos qier, XX, v. 43, éd. G. Gouiran, 394.
 
v. 11 : On est tenté de parler ici de cliché. Cf. Arnaud de Maruelh, Les Saluts d’amour, Hai estat vostre meillz qe mieus, IV, v. 148, éd. P. Bec, 125, ou Peire Vidal, Vostr’om sui be, que ges no·m tenc per mieu, XXXVIII, v. 21, éd. D’A. S. Avalle, 334.
 
v. 12 : sers ni judeus. Ces deux noms sont aussi rapprochés dans une chanson de Dalfi d’Alvernhe : Qu’ieu no soi sers ni juzieus, dans C. A. F. Mahn, Die Werke der T., I, 132.
 
v. 16 : Andreus. André de France ou de Paris (Andrieu, Andriu, Andrivet) paraît avoir été le héros d’un roman perdu du XIIº siècle. Les poètes occitans, à partir de 1180 environ, avec Jordan de Confolens, font souvent allusion à ce personnage qui mourut d’amour. Dans Les Biographies des troubadours en langue provençale, Toulouse 1885, appendice, 189a, C. Chabaneau, se fondant sur le nombre des citations (vingt-six en poésie d’oc contre une seule en oïl), suppose que le roman était provençal, tandis que Gaston Paris le croit français, La Littérature française au Moyen Âge, Paris 1888, 108. V. sur ce sujet L. F. Flutre, Table des noms propres avec toutes leurs variantes figurant dans les romans du Moyen Âge, Poitiers 1962, 14 a et b, et surtout E. Trojel, “André de Paris et André le Chapelain”, Romania XVIII, 1889, 473-477 ; ce dernier remarque : “Un seul troubadour semble indiquer qu’André se tua lui-même. (Tenson de Guilhem de la Tor et Sordel, Grundr., 236, 12.)”, 474, n. 1.
 
v. 17 : romeus. On sait que les pèlerins étaient bien protégés. Le comte de Toulouse l’apprit à ses dépens, lors de sa querelle avec les Plantagenêts : le roi de France, malgré qu’il en eût, ne put le protéger parce qu’il avait emprisonné des pèlerins ; v. G. Gouiran, L’Amour et la Guerre, 504. Les tuer était donc difficilement expiable, comme cela ressort des vers de Peire Cardenal : E s’ieu ia vuelh estrangolar romièu, Perdonat m’er ab que done del mièu. S’aver non ai, forfach ai pendemen, E s’ai aver, manh lag tort me defen, XLIX, vv. 13-16, éd. R. Lavaud, 296.
 
v. 28 : laissaz. En occitan, comme dans les langues ibériques, la défense s’exprime par le subjonctif ; or les trois mss indiquent bien laissaz (laissaç c).
 
v. 33 : ve. Comme on rencontre au début de ce vers la forme normale vei pour la 1º pers. du sing. du verbe vezer, il faut sans doute voir ici la 3º pers. du sing. du verbe venir, dont le sujet est enbelir, sans -s désinentiel, comme cela se produit pour un infinitif sujet postposé ; cf. Bertran de Born : E·us dic que tant no m’a sabor Manjar ni beure ni dormir, XXXVII, vv. 41-42, éd. cit., 734.
 
v. 34 : escremir. Le sens est ici ‘combattre pour se défendre’. Cf. Arnaut Daniel : De lieis on no·m val escrima, X, v. 18, éd. G. Toja, 273, et Falquet lui-même, IX, v. 38. À propos d’un vers de Rigaut de Berbezilh : c’us no·s pot de lleis escremir, qu’il traduit par ‘che non è possibile defendersi da lui’, l’éditeur A. Varvaro note : “è normale in senso amoroso; cfr. D’amor tan no m’escrim (Aim. Pegulhan, in L. r, III, 157)”, 154, n. 4.
 
v. 38 : sabez per que. À propos des vers de Guilhem de Montanhagol : Sabetz per que tem ar que venh’a fi Amors, dompneys, pretz e tot ben estar ? Quar li plus ric que·lh degran mercear Vezem los plus que·l tornon en decli, VIII, vv. 10-14, l’éditeur J. Coulet remarque : “Cette tournure interrogative sabetz per que est très usitée par les troubadours comme procédé de développement. La réponse est d’ordinaire introduite par quar”, éd. cit., 123, n. 10. À l’exemple de Falquet, J. Coulet ajoute des citations de P. Bremon Ricas Novas et de Sordel.
 
v. 39 : parlant. En langue d’oïl, on trouve quelques cas de participe présent invariable dès le XIIº siècle, v. Ph. Ménard, Syntaxe de l’ancien français, Bordeaux 1973, 170. La même tendance a dû se faire jour en langue d’oc ; F. Jensen donne pour exemple de participe présent non fléchi : la qual era de dieu temen (proposition citée d’après H. Suchier), The Syntax of Medieval Occitan, Tübingen 1986, 249.
 
v. 41 : de. Cette forme de personne 3 du prétérit n’est attestée nulle part, mais, comme Appel signale des formes semblables : recorde, ensegne et done, Chrest., XXIVa, il ne semble pas nécessaire de corriger.

 

 

 

 

 

 

 

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