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Jeanroy, Alfred; Salverda de Grave, Jean-Jacques. Poésies de Uc de Saint-Circ. Toulouse: Imprimerie et Librairie Édouard Privat, 1913.

457,025- Uc de Sant Circ

COMMENTAIRE HISTORIQUE
 
 
Sancha d’Aragon était sœur de Pierre II d’Aragon et femme de Raimon VII de Toulouse, dont le père, Raimon VI, épousa sa sœur. Sancha se maria en 1211, mais il est probable que le mariage ne fut consommé que plus tard : Raimon n’avait, en 1211, que quatorze ans, Sancha un peu davantage. Leur premier enfant naquit en 1220 (1). En 1222, Raimon VII succéda à son père, et on pourrait conclure, d’après la teneur de la tornade, que Sancha était déjà effectivement comtesse de Toulouse, mais cette conclusion n’est pas assurée, car cette tornade peut ne contenir en somme que des hommages vagues. Comme terminus ante quem, nous pouvons fixer l’année 1226, parce que c’est alors qu’Avignon tomba entre les mains des Français.
 
 
 
NOTES CRITIQUES ET EXPLICATIVES
 
1-10. Ce début est fort analogue à ceux de Gaucelm Faidit, Mas la bella (M. G. 480), et de Cadenet, Camjada s’es m’aventura (M. G. 852).
 
14. Les adverbes de lieu sont souvent employés pour désigner une personne, de même que les locutions formées avec loc :
 
Quem poirion far jauzen e joios
De lai on dretz nom porria esser bos.
(Montaudon, Aissi, v. 10-1 ; éd. Philippson, p. 14.)
 
E fai de tal loc sos chantars...
(Id., Pos Peire, v. 40 ; ibid, p. 32.)
 
Lai don me mou l’esglais...
(Miraval, Ar ab, c. 4 ; P. O., p. 228.)
 
Cf. Coulet, éd. Montanhagol, p. 127 (note à VIII, 33).
 
15-20. Mêmes plaintes sur la perversité du « temps qui court » dans I, c. 3, et chez bien d’autres troubadours.
 
29-30. Les mêmes mots, pris à peu près dans le même sens, sont, comme ici, associés à la rime par P. Vidal, Plus quel paubres, c. 7 (éd. Bartsch, p. 71).
Le sens de fuoill, « façon d’être » ou « d’agir », se laisse assez facilement dégager de locutions comme virar lo fuoill ; voy. l’explication de la locution française correspondante dans Ebeling, Auberée, p. 110 (note au v. 401). Voici quelques exemples à ajouter à ceux, peu nombreux et pas tous très clairs, de Raynouard et de Levy :
 
Mas sim destrenh Amors em fier em bat
Que tot quan pes me sembla d’autre fuelh.
(Pegulhan, Us joys, c. 3 ; M. G. 1218, d’après C ; dans  R, d’autr’ escuelh ; M. G. 1219.)
 
D’autre fuelh — cantarai.
(A. de Comminges, Leus sonetz, c. 5 ; Studj, III, 640.)
 
Le sens reste très indéterminé dans un passage d’Arnaud de Marueil (Us gais, 33 ; M. W. I, 170).
L’origine de escolh, qui n’a certainement rien à faire ni avec scopulus ni avec excolligere, est plus obscure. J’ai proposé (Romania, juillet 1912) d’y voir un dérivé de schola (par l’intermédiaire de *scholium) qui, dès la fin de l’Empire et aux époques mérovingienne et carolingienne, désigna un corps de troupes (cf. anc. esp. escuella) ; du sens de « troupe » à ceux d’ « espèce, sorte », puis « façon de faire », la transition est naturelle.
 
31-40. Nous verrons souvent reparaître des conseils ou récriminations analogues ; cf. IX c. 4,  X c. 4 et 5.
 
38-9. Sur la forme régulière cug (cōgito) on a refait un infinitif analogique cuidar et, avec perte du yod, cudar, d’où cut, etc, souvent attesté par la rime (voy. Levy, à cuidar). — Il n’y a pas nécessairement ici d’allusion à la réalité, mais plus probablement l’emploi d’une formule et le rappel d’un article du code amoureux :
 
Bos drutz non deu creire autors
Ni so que veiran siei huoill
De neguna forfaitura
Don sap que sa domnal trais.
(P. Rogier, Al pareissen, c. 2 ; M. G. 1401.)
 
Fols es qui cre tot quan veion siei huoill.
(P. de Capdueil, Leials amics, c. 4 ; ms. A, nº 105.)
 
Que so que vissen miei oill
Me fera descreire amors...
(P. de la Garda, Totz tems, c. 1 ; M. G. 1026.)
 
40. La périphrase avec soler au présent équivaut ici à un temps du passé ; voy. Levy, Figueira, p. 89, et De Lollis, Sordel, p. 263 (note à V, 34).
 
47-8. Même opposition VII, v. 9-10.
 
51-4.
Ilh chant e ri et eu planc e sospir.
(P. de Capdueil, Aissi, c. 5 ; M. G. 1324.)
 
56. Le lion est souvent pris, chez les troubadours, comme symbole de l’orgueil et de la dureté (voy. Stimming, Born¹, p. 239 (note à V, 33), et De Lollis, Sordel, p. 267 (note à VII, 48). Aussi la dame lui est-elle volontiers comparée : voy. A. de Marueil, Cui que, c. 9 (M. G. 233) ; P. Milon, Pos que, c. 5 (M. G. 289) ; D. de Pradas, El tems, c. 4 (M. G. 1050) ; Miraval, Chansoneta, c. 1 (M. G. 1104). Même opposition entre l’agneau et le lion, dans B. de Born, Volontiers fera, v. 50-1. Peire Milon se compare à un agneau et sa dame à un loup (Pois que, c. 2, M. G. 289 et 918).
 
61. Sur Sancha d’Aragon, voy. plus haut, Commentaire historique. La classification des manuscrits nous force à adopter la leçon regina ; il était au reste d’usage de donner par courtoisie le titre de « reine » aux filles ou sœurs de rois.
 
65-8. C’est-à-dire sans doute que l’on trouve chez Sancha la beauté de la jeunesse et la sagesse de l’âge mûr. — C’est souvent la dame elle-même qui est comparée à un château, considéré soit comme un objet de difficile conquète, soit comme un lieu abondant en choses précieuses :
 
Mos espers mou de joi novel
E jois novels de tal castel...
(Albertet [?], En un, c. 1 ; ms. A, nº 153.)
 
Sos rics pretz es en l’aut capduelh
De mi dons...
(G. de Cabestanh, Aissi com, c. 5 ; M. G. 1335.)
 
Dieus hi volc tan gen assire
Un castel fort et avinen
Qu’es flors de joi e de joven.
(D. de Pradas, Pos amors, c. 5 ; M. G. 1042 ; cf. id. M. G. 1050, c. 3.)
 
Un fort castel qu’es caps de cortesia.
(Miraval [?], Trop an, c. 2 ; M. G. 1122.)
 
 
Notes :
 
1). Histoire générale de Languedoc, éd. Privat, VII, pp. 103 et suiv. ()

 

 

 

 

 

 

 

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