I
PIÈCES ISOLÉES ANONYMES
Ici ont été réunies cinq pièces dont le texte n’offre ni nom propre, ni senhal, ni allusion, permettant de les rattacher à l’un des protecteurs, amis ou inspiratrices connus de Gaucelm Faidit.
Pour la plupart, elles paraissent appartenir aux débuts littéraires du troubadour ou à sa jeunesse. Seule, Anc no cugei qu’en sa preizo (n. 5) fait probablement exception, mais date d’une époque difficile à déterminer nettement.
Ce sont
1. MOUT VOLUNTIERS CHANTERA PER AMOR
2. COM QUE MOS CHANS SIA BOS
3. GES DE CHANTAR NON ATEN NI ESPEH
4. JA NON CREZATZ QU’IEU DE CHANTAR ME LAYS
5. ANC NO CUGEJ QU’EN SA PREIZO
3. GES DE CHANTAR NON ATEN NI ESPER
GENRE ET SCHÉMA MÉTRIQUE
Chanso de 4 strophes
a |
b |
b |
a |
c |
d |
d |
c |
10 |
10 |
10 |
10 |
10' |
10 |
10 |
10' |
Rimes : a : er ; b : ueill ; c : ensa : d : ens.
István Frank, R.M.P.T., I, p. 137, n. 624–21 (indique b = olh).
COMMENTAIRE
Cette chanson n’est adressée à personne, et il est impossible de discerner en son inspiratrice une dame précise. Le thème de la joie, et même la jouissance, gaug, y sont chantés avec brio (1). Mais cette allégresse s’allie à une grande réserve, exprimée par les vers 14–16 et toute la strophe IV.
R. Meyer, fidèle à sa conception romanesque d’attribuer le plus possible de poèmes à l’inspiration de Maria de Ventadorn, déclare simplement : « Le poète dépose ses hommages reconnaissants aux pieds de la Dame qui a agrée sa requête. La modestie et la grande humilité qu’il montre permettent de situer ce poème au début de ses relations avec Maria » (p. 32). Pourtant, le ton à la fois allègre et détendu de ces strophes ne rappelle pas les sollicitations et les soupirs de la plupart des poèmes adressés à Na Maria. L’allure de cette pièce nous paraît indiquer une œuvre de jeunesse, sans la gaucherie des débuts cependant.
1) Le mot gaug revient 3 fois en 4 strophes v. 6, 9, 26. (↑)