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Ricketts, Peter T. Les poésies de Guilhem de Montanhagol, troubadour provençal du XIIIe siècle. Toronto: Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1964.

225,006- Guilhem de Montanhagol

DATE DE LA PIÈCE : peut-être entre 1242 et 1250.
 
Comme il n’y a aucune référence à un événement historique, on ne peut que se rabattre sur les deux noms qui s’y trouvent, le ‘Valen rey... d’Arago" (vv. 29, 30) et “N’Esclarmonda” (v. 36). Cependant, le nom de Jacques d’Aragon ne fournit aucune précision historique vu qu’il était toujours en vie après la date la plus reculée de la dernière composition de Guilhem. Comme Coulet, qui rapproche les pièces où se trouvent les mêmes noms (p. 28), on peut la rapporter aux années des pièces VI, VIII et X, donc à la période 1242-50.
 
 
NOTES.
 
1. Rien ne prouve qu’il s’agisse ici de la “leu chansoneta” de Guilhem. Coulet (p. 107, note au v. 1) remarque que, “puisque le poète est en train d’écrire la chanson qu’il doit faire,” il considère er comme une faute de l’original commun au lieu de es. Dans ce cas, il semble que, s’il s’agit ici de la “leu chansoneta” elle-même, Guilhem insiste un peu trop sur les difficultés où il se trouve pour écrire, causées par la perversité de son époque.
Loin d’être une chanson légère, c’est une critique de son temps (cf. d’ailleurs, Coulet, p. 106 : “aussi bien occupe-t-elle [sc. “cette peinture du nouvel esprit créé par le clergé” (ibid.)] la plus grande partie de la pièce”). Dès lors, on comprend : “J’aurai à faire une chansonnette légère, puisque j’en ai l’ordre de ma douce amie, car autrement...”
 
3. Il est difficile de voir si la représente amia ou chansoneta. Il semble que ce soit plutôt celle-ci, car le poète dit : “j’en ai l’ordre de ma douce amie, autrement (c’est-à-dire, si ce n’était pas par considération pour elle) je ne veux pas la chanter.” On voit qu’on ne peut guère dans ce cas l’attribuer à amia.
 
5. avar. Coulet indique dans sa note à ce vers qu’“avar est ici tout à fait synonyme de malvat,” et renvoie à la note de V, 13 (il y a, à la page 107, une erreur typographique : on lit, “V, 14”) de son édition (dans celle-ci, X, 13), où il donne le sens ‘mauvais’, ‘jaloux’, ‘arbitraire’ (p. 100) et cite Levy (SW, I, 109). Mais Levy donne le sens, “feindlich, entgegen,” ce qui n’est pas du tout la même chose. On pourrait peut-être traduire par ‘hostile’.
 
7. qu’ieu n’ai pro. Coulet fait remarquer très justement qu’on “attendrait plutôt, au lieu de ce présent, un conditionnel en corrélation avec le plazia de la proposition exprimant la condition” (p. 107).
 
14. prendre. Sur prendre intransitif avec le datif de la personne où le sujet est un sentiment, cf. la note de III, 21.
 
19. se tener car. Avec Coulet, on peut y voir une expression raccourcie où car a la valeur d’un adverbe (p. 108).
 
24. ren. Il est préférable de lire d’après R, comme au v. 27 (leçon de C ; le vers manque à R), ren au lieu de res qui s’emploie dans le sens de ‘quelque chose’. Dans les interrogations et les négations, on emploie généralement ren (cf. Levy, SW, VII, 224, Ren 1) etwas, 2) jemand). La traduction de Coulet porte à croire d’ailleurs qu’il veut traduire res comme une négation. Cf. sa traduction : “Mais elle ne peut rien me donner” (p. 182).
 
31. regnar. Levy (SW, VII, 231) donne plusieurs exemples du sens de ‘se conduire’, ‘agir’, qu’avait suggéré Coulet (p. 108).
 
37. ses par. Ses par semble être une seconde épithète qui modifie beutat, comme Coulet le pense lui aussi (p. 109, note au v. 37). Il ajoute que “le vers suivant nous montre les différentes épithètes d’un substantif pouvant se succéder sans être reliées par la conjonction et.” Ce qui est normal, après tout. Mais il préfère comprendre, dans une phrase plutôt lourde : “elle est sans égale sous le rapport de la parfaite beauté,” comme une traduction de qu’es ses par de fina beutat. Cela ne cadre guère avec la simplicité de la tornade. Il convient de traduire : “d’une parfaite beauté sans pareille.”

 

 

 

 

 

 

 

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