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Ricketts, Peter T. Les poésies de Guilhem de Montanhagol, troubadour provençal du XIIIe siècle. Toronto: Pontifical Institute of Mediaeval Studies, 1964.

225,007- Guilhem de Montanhagol

DATE DE LA PIÈCE : 1242 à 1250.
 
Cette pièce offre à peine le moyen d’entrevoir une date approximative. La seule référence qui se trouve ailleurs c’est le nom d’Esclarmonde (cf. VI, 51 ; VII, 36 ; X, 40). En considérant les quatre pièces adressées à Esclarmonde, dont celle-ci qui est en outre adressée à Guise, comme formant un groupe, on peut, mais cependant sans certitude, attribuer cette pièce aux années 1242-1250.
 
 
NOTES.
 
2. ni fag. Malgré l’accord de C avec J, Coulet (p. 110) retient la leçon de R, del fag, sans faire remarquer ce changement. Mais il n’est pas nécessaire de changer la leçon du ms. de base. Il est vrai que del fag offre un sens satisfaisant mais ni fag aussi, où fag est le participe passé de faire signifiant ‘décrire’, ‘présenter’ (cf. Levy, SW, III, 382, 9) : “sich für etwas ausgeben, darstellen, spielen” et, à la fin de la section : “Auch mit folgendem de”).
 
9. tro. Levy (ibid., VIII, 477, tro, 4) “bis”) donne cet exemple avec le sens sous-entendu de “wenn nicht.” On peut donc traduire : “si ses chants ne sont pas nouveaux.”
 
12. en amor. Il faut comprendre ‘dans l’amour’ et non pas ‘d’amour’, comme traduit Coulet (p. 183), où en amor dépend directement de dizo, “parlent tant et tant d’amour.” Cf. l’exemple tiré de l’œuvre de Folquet de Marseille (Le Troubadour Folquet de Marseille, éd. de S. Stroński (Cracovie, 1910)), VII, 55-57 (p. 39) :
 
Si N’Azimans sabia so qu’ieu sai
dir poiria qu’una pauc’ochaizos
notz en amor mais que no·i val razos.
 
et la traduction : “il pourrait dire qu’une apparence insignifiante nuit dans l’amour plus que...” (p. 125).
 
11-13. Une suggestion d’Appel invite à éclaircir quelque peu le sens de ces deux vers. “Mais, dans leurs poésies, les débutants, à propos de l’amour, disent tant que le nouveau parler devient une charge.” Cf. la traduction d’Appel : “Aber die Anfänger in der Liebe sagen (soviel) : dass Neues zu sagen zur Mühe werde” (Zeitschr., XXIII, 557-558).
 
13. dirs. Coulet lit ditz d’après R (v. 10). Mais la leçon de C semble préférable. L’infinitif est souvent employé comme substantif, comme le dit Coulet (p. 114, note au v. 10). Il est à noter que Coulet, dans son glossaire (p. 215), donne sous dir : “inf. pris comme subst. masc. ... VII, 10 ;” mais il lit ditz dans la pièce VII de son édition.
 
17. Une traduction plus précise s’impose, conformément à la suggestion de Jeanroy (AdM, X, 350), qui traduit : “s’il dit ce qu’il (et non ce qu’on) n’avait pas entendu, s’il n’imite personne.”
 
19. qu’amors... qu’aissi·m. Le deuxième que est un pronom relatif se rapportant à saber. Les deux que ne peuvent pas avoir la même valeur, comme le veut Coulet (pp. 114, 115, note au v. 15).
 
23. essais — ‘preuve’. Coulet suggère ce sens mais ne l’affirme pas (cf. p. 115, note au v. 18, “le résultat de cet essai, de cette tentative ?”). Jeanroy (AdM, X, 350) remarque : “La note [sc. sur essais] est trop peu affirmative ; il est tout naturel que ce mot ait pris le sens de ‘démonstration’ (par l’action) de telle ou telle qualité (bonne ou mauvaise), ‘exploit’ (en bien ou en mal) et même ‘action’ en général.”
 
27. que mielhs creire deuria. Il faut retenir la leçon de CJ et des mss. du Breviari, en considérant deuria comme première personne du singulier.
 
29. On doit retenir que d’après CJ et les mss. du Breviari (à l’exception de (L), qui ne donne pas ce vers) au lieu de quar adopté par Coulet d’après R.
 
33. plays. Coulet traduit par ‘difficulté’ (p. 183). Mais il semble nécessaire d’y voir quelque chose d’un peu plus précis. Il paraît, d’après les exemples donnés par Levy VI, 336, à plag, 17)) et ses renvois à menar (ibid., V, 190, 4)) et le premier exemple sous morir (ibid., V, 320, 9)) que le sens en est plutôt ‘discussion’, ‘dispute’, déjà établi par Raynouard (LR, IV, 547).
 
38. convengra. Leçon de CJ. Coulet suit R, per qu’ieu volgra (p. 112, VII, 30). On peut traduire : “il conviendrait que...”
Coulet remarque que “la forme ordinaire est la forme réfléchie formée par analogie avec s’en anar, s’en venir, etc.” et que cet échange entre deux conjugaisons est courant (p. 116). Cependant, Levy ne note pas cette construction, mais simplement la forme réfléchie dans le sens de ‘sortir’, ‘s’en aller’ (SW, II, 343, 10)).
 
41. que·s do ricor. Coulet, à propos de ce vers, fait remarquer : “l’emploi du subjonctif est ici d’autant plus surprenant que, au vers suivant, dans la proposition correspondante, n’irais est à l’indicatif” (p. 116, note au v. 33). Il explique ce subjonctif comme celui d’une proposition relative où qui = talis ut et l’indicatif comme un lapsus de la part du poète qui “oublie, une proposition étant venue s’intercaler, comment il a considéré l’action.” Cela se justifie, mais une solution différente est possible. L’explication du subjonctif est à retenir (cf. d’ailleurs, Appel, Zeitschr., XXIII, 556 : “einige Konjunktive im Relativsatz zu beachten”), mais il faut rejeter la remarque de Levy (SW, VII, 345, ricor 6)), qui cite ce vers de Guilhem et remarque : “Auffällig ist der Konjunktiv do neben dem Indikativ irays. Brev. d’am. 30331 liest qu’es de r.” Mais d’après l’étude des mss. du Breviari, on constate qu’il n’y a guère d’accord entre eux sur ce point. Il n’y a que (K) qui donne ques de ricor, où de toute façon le de serait une faute du scribe pour do ; (A) (B) donnent ques de dur cor, autre leçon, il est vrai, contre ques do(n) ricor de (C) (I) (L) (M) qui s’accordent avec CJR. Quant au désaccord apparent entre do et se n’irays, on peut l’expliquer de la façon suivante. Le verbe se n’irays dépend de quant et a pour sujet dona du v. 41, d’où l’indicatif. Il s’agit donc de traduire : “Elle se nuit à elle-même la dame qui se fait hautaine quand on la prie d’amour et qu’elle s’en irrite.”
 
43. comet — ‘prie’. Le sens paraît clair. Coulet (p. 116, sa note au v. 34) fait remarquer l’erreur de Raynouard (LR, IV, 225), qui traduit par ‘défie’. Levy (SW, I, 297), cité par Coulet, apporte un deuxième exemple qu’il veut traduire par ‘angehen’. Jeanroy (AdM, X, 350) n’y voit pas le sens de ‘prier’ sinon de ‘défier’. Mais pour être d’accord avec lui, il faudrait lire escomet. Mais comet cadre beaucoup mieux avec l’expression de la langue courtoise.
 
44. sofran. Cette forme est celle de C. Coulet retient suefr’un et traduit (p. 183) : “il lui vaut mieux souffrir un soupirant que de commettre par ailleurs de vilaines fautes.” Mais ce sens paraît peu satisfaisant et de plus la deuxième partie de la traduction n’est nullement claire quant à ses rapports avec le texte. D’abord, il faut noter que la leçon de R est en général fautive pour ces deux vers (cf. v. 45, ques dolor) et que le un de suefr’un aurait pu être an à l’origine. Ensuite, la leçon de C est confirmée par celle des mss. du Breviari. Preyador est plus probablement sujet de sofran (verbe intrans. ; cf. Levy, SW, VII, 751, sofrir 9)) ; on traduit donc : “car il lui [sc. à la dame] est plus agréable de faire patienter les soupirants que...”
 
45. alhor. Il faut considérer alhor comme ‘un autre’ (cf. Levy, ibid., I, 51, alhors. Il note la forme alhor dans le sens de ‘un autre’). L’interprétation des deux vers (45 et 46) est difficile, mais on peut proposer une solution plus satisfaisante que celle de Coulet. Pour mieux rendre le sens contracté de cette phrase, je traduis librement : “qu’un autre dont les fautes sont perverses.” C’est-à-dire, qu’une telle dame s’abandonnera plutôt à un homme de mœurs déplorables qu’à un suppliant (donc courtois) qu’elle oblige à attendre.
Finalement, Coulet donne alhors d’après C. Cependant, la rime exige qu’on lise alhor.
 
48. qu’en fan assais fraydis. C’est la leçon de CJ et des mss. du Breviari contre celle de R que préfère Coulet. Il faut traduire : “car il y a de telles dames, quoiqu’on ne le croie pas, même si on le disait, qui en [de ce que Guilhem dénonce] donnent de détestables preuves.” Jeanroy (AdM, X, 351) préfère cette leçon et traduit : “il y en a (des dames) dont la conduite donne ce que j’avance de détestables preuves.”
 
49. Ici encore, il est préférable de lire, avec CJ et les mss. du Breviari, “per qu’amors falh entr’elas e vilsis.” Jeanroy (ibid.) encore une fois avait vu cette amélioration. Il traduit : “c’est pourquoi amour parmi elles (grâce à elles) déchoit et s’avilit.” Il est à remarquer qu’il a dû y avoir une hésitation de la part de Coulet, qui, au glossaire (p. 216) à elas, avait noté le renvoi “VII, 39”, c’est-à-dire, pour ce vers même !
 
50. Coulet met en discussion le sens de ce vers. Il note les remarques de Levy (SW, I, 213) qui veut traduire carestia par ‘Liebe’ et d’Appel, qui, selon Levy (ibid.), traduit, “zu Unrecht halten sie ihre Zurückhaltung wert.” Mais Coulet n’accepte pas ces interprétations et préfère donner à carestia le sens de pretz, le haut prix.
Je comprends tener en car comme ‘estimer’ (cf. Levy, SW, VIII, 152, tener 19)—’hochhalten’, ‘wertschätzen’, ‘liebhaben’) et, plus précisément, ‘considérer comme précieux’. Il faut traduire : “elles font mal de mettre leur haut prix si cher” (cf. pour cette traduction, Jeanroy, AdM, X, 351, et son explication, “Il y a moins obscurité que redondance ; le poète a sacrifié la netteté de l’expression au désir de jouer sur les mots ; ce redoublement du simple par le composé est, du reste, dans ses habitudes”).
 
61. Esclarmonda. Cf. la note à VI, 51. Guia. Cf. la note à V, 50.
 
63. Il vaut mieux lire dels noms d’après CJ au lieu de d’amdos établi par Coulet d’après R (cf. Jeanroy, AdM, X, 351).

 

 

 

 

 

 

 

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