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Stroński, Stanislas. Le troubadour Elias de Barjols. Toulouse: Imprimerie et librairie Édouard Privat, 1906.

132,013- Elias de Barjols

1-3. Valenta, avinenta, plazenta. — Les formes usuelles du féminin sont valens, avinens, plazens pour les deux genres ; genta, au contraire, est fréquent. Les trois premières formes sont provoquées surtout par la rime et n’attestent que la possibilité de former des féminins pareils. Je n’ai pas rencontré d’autres exemples de plazenta.  — Valenta se trouve dans une rime de Peire Rogier 356, 9, éd. Appel, pp. 41-4, str. V ; avinenta dans B. Zorzi (éd. Lévy, VI, 82, et cf. Erdmannsdœrffer, Reimwörterbuch, sous -enta) à la rime. — On trouve aussi, toujours à la rime, covinenta dans Guilh. d’Autpol, 206, 1ª, éd. Appel, Prov. Inéd., pp. 122-5, et dans le descort 461, 104, éd. Appel, Vom Descort, pp. 216-8, v. 21 ; manenta 206, 1ª, et 356, 9, str. II ; iauzenta 206, 1ª, et Raimbaut d’Orange 389, 27, str. IV, Mahn, Ged., 361 et 623 ; dolenta 356, 9, str. I ; s. m. (far) parventa (que) 356, 9, str. VII, seul exemple de R, IV, 478, II.

12. ni·m desvai DHIK, ni·m estrai N. La leçon DHIK est inadmissible parce que le seul sens attesté pour desanar (intr. et non pronom.) est « mourir ».
 
34-5. tant de manentia | [·m] vengues. — J’ai ajouté ·m dont l’omission dans les mss. n’a rien de surprenant et qui paraît indispensable. Cf. vv. 44-5 : tant de manentia |·l vengues, où les manuscrits manifestent aussi une hésitation. Les exemples recueillis par Hengesbach (Beitrag zur Lehre von der Inclination im Provenzalischen, Marburg, 1889 ; Ausg. u. Abh., XXXVIII, pp. 7-8, nº 9) attestent abondamment la possibilité d’appuyer les enclitiques appartenant au début d’un vers sur la voyelle finale de la rime au vers précédent. La seule explication possible de ce phénomène, « que l’on ne saurait comprendre qu’en admettant que les deux vers sont à lire vite l’un après l’autre, sans césure » (Bartsch, cf. loc. cit.), le rend relativement peu surprenant dans les vers courts d’un descort, nécessairement plein d’enjambements syntactiques, du moment qu’il se produit même dans des vers de sept ou huit syllabes. Ajoutons qu’en parcourant les exemples cités par Hengesbach on constate dans tous les cas, à l’exception d’un seul (celui de Marcabru), une rime féminine, sur la seconde voyelle de laquelle l’enclitique peut s’appuyer sans que le détriment qui en résulte pour la clarté de la rime soit trop sensible. — Cf., au milieu d’un vers, Elias de Barjols, II, 45 : si es vers que res mi valha, ·m deu valer.
 
43-5. D’En Agout volria... ·l vengues. — Des cas analogues sont discutés dans Stimming, Bertran de Born, I, p. 236. Le but de constructions pareilles est de faire ressortir une idée appartenant essentiellement à la proposition secondaire (qui est naturellement toujours une proposition-sujet ou une proposition-régime) en la mettant dans la proposition principale (le plus souvent à la tête, comme dans notre cas) ; on peut le faire de deux manières : la première est de placer simplement, par une sorte d’attraction, le sujet (et de même le régime) de la proposition secondaire à la tête de la proposition principale, ce qui est assez fréquent (voy. les exemples de Stimming et par ex. : E Na Biatris cui jois e pretz es guitz | Voil, si·l platz, q’entenda| Mon novel descort, Guilh. de La Tor, Studj, VIII, pp. 454-5 ; ou bien Elias de Barjols, VIII, 39-40 : E si·m metetz en azir | Totz lo mons cre que m’azire ; ou bien Peire Raimon 355, 9, str. VI : Esta chansos vuelh que tot dreg repaire | En Arago... ; mais, comme nous l’avons remarqué, il peut s’agir du régime, p. ex. : E seignor fello | Taign qe deus azire, Peire Bremon 330, 2 ; Un nou sirventes ai en cor que trameta | A l’emperador a la gentil persona, Guilhem Figueira, 217, 8 ; cf. aussi avec l’infinitif : D’un sirventes no·m cal far lonhor ganda | Tal talan ai que·l digua et que·l espanda, B. de Born 80, 13). — L’autre façon est d’attacher le substantif tiré de la proposition secondaire au prédicat de la proposition principale à l’aide d’un de signifiant « à l’égard », « quant à » (et il est évident que le prédicat ne saurait être qu’un verbe sentiendi, declarandi, etc.), avec ou sans reprise de ce substantif dans la proposition secondaire par un pronom, à quoi nous pouvons ajouter que la construction avec de n’est pas la seule possible ; ce qui fera dire que le trait essentiel de cette seconde manière, à l’encontre de la première, consiste à faire dépendre du prédicat de la proposition principale le substantif tiré de la proposition secondaire soit par l’intermédiaire de de, ce qui est le plus fréquent et possible pour tous les verbes en question, soit par une autre préposition, si le verbe donné l’admet (cujar a), soit enfin directement si le verbe lui-même admet un régime direct (vezer, creire), les deux dernières constructions n’étant cependant qu’exceptionnelles même pour ces verbes (cf. les exemples de Stimming et par ex. : Be·m meravill de vos | Cum etz de brau respos, Bern. de Ventadorn 70, 28, str. VIII, ms. A, n. 260, Studj, III, pp. 282-3 ; — Meravilh me de poestatz | Reys e comtes et amiratz | E princeps en l’albre pendutz, Car los lassa escarsedatz, Marcabru, 293, 39, str. V ; — De la bela sui clamans | Que m’o mostra per semblansa | Que ma mortz l’es abelida, P. Vidal 364, 6,éd. Bartsch, n. 16, v. 21, p. 34 ; — Del rei d’Aragon m’es gen | Quar tan li platz enantir | Tot quan bos pretz deu grazir, Perdigo 370, 5, Mahn, Ged., 511, str. VI ; — De la comtessa atressi | De Sobeiratz vos (resp. so·us) afi | Que sos pretz e sas faissos | Es l’us bels e l’autre bos, Aimeric de Peguilhan 10, 24, Mahn, Ged., 1003-4, 1182 ; — Ia de far un sirventes | Non chal qu’om m’ensegna... , Guil. Figueira, Schultz, Ein Sirv. v. G. F., p. 20 ; — Meravil me del fals segle truan | Co i pot estar savis hom ni cortes, Gaucelm Faidit 167, 22 ; Appel, Chr.², p. 120, n. 80, vv. 19-20 ; — Per qu’eu del comte volria | Qe non anes pauz qeren, Blacasset 96, 3ª, Studj, VIII, p. 449, etc. ; cf. par ex. Montanhagol, éd. Coulet, I, 20 ; XI, 10 ; XII, 44 et nn. ; Sordel, éd. De Lollis, IV, 31 ; V, 17-18 ; XVI, 1-2 ; XL, 439, 1097 ; cf. ici VI, 34 ; XIII, 11-12. On trouve a et non de, El. de Barj., XI, 17-20 : Qu’a la belh’ on es valors | E fin pretz e vera lauzors | Cugey amar me  degnes, où toutefois de ne saurait étonner. On trouve le régime direct : So seran aquels que non creyran Ihesu Crist que vengues, Appel, Chr.², nº 117, v. 45, p. 178, avec le sens : non creyran que Ihesus Cristz vengues ou n. cr. de I. C. que ven.). — Stimming a déjà expliqué quel est le but de ces deux constructions : c’est celui de souligner le substantif ou l’idée en question. — On remarquera, relativement à la seconde construction, le sens « quant à » attribué à de. Rayn.,  Lex., III, pp. 13-8, ne l’enregistre pas ; Diez (III, trad., pp. 148-54) non plus. Ce sens se trouve aussi en dehors de cette construction où il suit les verbes « sentiendi, declarandi, etc. » Ainsi crezer alcu de alcuna re signifie «  croire qu·un quant à qu·ch », par ex. om non los deu creire del mal qu’en dizon (cf. cet exemple et une note sur cette construction de crezer dans Levy, Guilhem Figueira, pp. 92-3, n. V, 20). De même, temer alcu de alcuna re, « redouter (se sentir inférieur à) qu·un relativement à qu·ch », p. ex. : Donc mas tant say qu’un d’elhs temer no·m cal | D’aquelhs mestiers don m’auzetz descubrir, Uc de Lescura 452, I, str. II (Ann. du Midi, XVII, 478). De même, socorre (a) alcu de alcuna re, « aider qu.un relativement à qu·ch », par ex. : De so qu’obs m’es mi secorrez, Lanfranc Cigala 182, 2, Appel,Chr.², n. 102, v. 102, p. 143. Intransitif : falhir d’alcuna re, « commettre une erreur relativement à... », p. ex. Ditz N’Estolz de Linars : Senhors d’aisom creiretz | E si m’en voletz creire de re no i falhiretz (Crois. albig., vv. 8158-9) ; ou bien : E si tot ay d’obra falhit | Crezens’ ay drech’ asiza (Appel, Chr.², 102, v. 78). Cf. aussi M.-L., Rom. Gram., III, §§ 365 et 375, dans les articles sur le régime relatif, où cependant de n’est pas toujours de la même nature. Ce de suit aussi les adjectifs. Ainsi, par ex. : Adoncx veirem quals er d’obra pus poderos, G. de la Barre, éd. P. Meyer, vv. 562-3, « plus puissant quant à l’œuvre » (où de est autre chose que dans esser poderos d’alcuna re, qui s’attache à lo poder de..., et sur lequel cf. note VI, 27 ; dans notre cas, de remplit la fonction de en dans le passage : fo bar e propheta e poderos en paraulas et en obras, Appel, Chr.², n. 116, v. 13). Ce sens est à la base de ric d’alcuna re ; p. ex. : ... ric de sen e ric de foldat..., Raimon Gauc. de Béziers 401, 7, Rayn., Choix, IV, p. 47 (cf. poulit de figuro, dans Mistral, I, 702 : « joli de visage » ; dans Hatzfeld-Darmesteter, les exemples désagréable de manières [qui n’a donc rien de commun avec son voisin, personne de manières désagréables, où de est qualitatif], chétif de mine, faible de complexion, laid de figure, gai de caractère ne sont pas à leur place, à côté d’adverbe de lieu, et, d’autre part, on se demandera si dans voleur de profession, Allemand de naissance, ce n’est pas le sens « ex » qui est à la base et non « quant à », comme ils se trouvent contaminés déjà dans gai de caractère, faible de complexion). — En somme, on voit que ce sens de de avait été assez répandu et vivant, en provençal, après des verbes et des adjectifs. 

 

 

 

 

 

 

 

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