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Sakari, Aimo. Poésies du troubadour Guillem de Saint-Didier. Helsinki: Société Néophilologique, 1956.

234,004- Guilhem de Saint Leidier

I. — 6. Ce vers présente la césure débordante. Cf. pourtant a1 qui lit: Et ieu no m'am celas q'ameron me.
8. Devant les mots enclitiques, ieu peut avoir la forme ie·; voir Appel, Chrest., p. XIII. — perdre alcu = »perdre la faveur, les bonnes grâces de quelqu'un» (cf. Appel, Chrest., gloss.).
 
II. — 9. l'amador: »cette troupe devoit être formidable, au moins par le nombre», comme la définit Bouche dans son Essai, II , p. 319.
10. La plupart des mss. ont finamen, le même mot-rime qu'au v. 2; le sens est différent. Cf. avinen, v. 26 — d'avinen, 36; s'onor, 27 — desonor, 41; gen, 34 et 44; l'en ve, 38 — m'en ve, 50; voir Versification.
11-12. Raimbaut de Vaqueiras constate lui aussi »Qu'aissilh que so camjador e leugier Son mielhs amat» (392, 17, v. 42 s.; Appel, Chrest., nº 27).
13. CMORTUa1 ont ajouté anc (et V, car) parce que camiar est dissyllabe pour eux. A présente une leçon aberrante. La 1re pers. du présent de voler se termine par un l mouillé; cf. Elementarbuch, p. 102, et Appel, Chrest., p. XXXVI; volc est normalement 3e pers. du passé simple. En tout cas, A lit ici vuolc, CR vuelc, MTUa1 volc.
15. Pour recre, C reprend rete du vers précédent.
 
III. — 20-24. M. Stroński, F. de Mars., p. 83*, cite nos vers 21-24, à propos de Folquet, 155, 16, v. 15: ... mala sospeissos Qu'a mainz met cel qui vas un desmesura, »reste la méfiance qu'inspire aux autres celui qui s'est conduit d'une manière démesurée envers un seul».
 
IV. — 25. Jeanroy, Poésie lyr., I, p. 289 (l. 8 d'en bas) traduit ses duptar par »sans mentir», ce qui irait fort bien ici.
27. Lex. rom., V, 464, cite le vers d'après R, avec sa fausse rime. ACIKOUa1d présentent peut-être la leçon originale: son (a1 sos) pretz e sa (U sas) honor. Pour éviter l'hiatus, les scribes ont pu avoir recours à de différents remèdes: MRVα ont ajouté ric devant pretz, et T écrit son onors. LSgf lisent bon pretz; cf. ben de T à la place de pretz. Pour vv. 28 et 30, cf. Bertoni, I Trovatori d'Italia, pp. 496, 514 et 535.
32. re·n de ALOa1 et re·l de MRV iraient en soi.
33-48. Le »traité de poétique» du ms. H ne cite pas seulement les vers initiaux de nos strophes V et VI, mais aussi, il résume le contenu de celles-ci: Aqestas coblas blasmon dompna qe·s fai trop prejar, pos ve qe·il es gen d'aman; mas la bontatz es qant sap qi deu causir. E s'ella causis un drut descovinen a sinc ans o a VI, plus s'avilis qe s'el primier an ames un avinen. Mas las falsas e·il fals fan un mal mercat, qe sai n'amen un, ellai autre, e dellor a mai qi plus lor dona. Guilems de Sain Leisder:
 
                            »Blasmar deu hom un usatge qe cor» etc.
                            »S'ella tria un drut a desonor» etc.
 
Nous citons Bartsch, Chrest., col. 300. Cf., ibid., col 297.
 
V. — 33. Les derniers mots des couplets sont repris, non pas au début immédiat, mais à la fin du premier hémistiche des strophes qui suivent. Ici, blasmar commence la str. V, d'après treize mss., dont A et C. Seuls, IKLd présentent l'ordre »régulier» que nous adoptons.
35. enqerre signifie ici »le fait de se faire solliciter d'amour».
37-38. Dans ces deux vers, les mss. nécessitent la césure épique. Nous supprimons mas, v. 37, et admettons l'adv. tart (contrastant avec tost qui précède), v. 38. L'opposition bonfol = cortes — descortes.
39. L'indic. après cais que est usuel; cf. Swb., I, 185.
40. cartat = »réserve»; cf. car, au vers précédent.
 
VI. — 43. Dans notre article sur Azalais de Porcairagues, Neuphil. Mitteil., L (1949), p. 57 s., nous avons publié toute cette str. VI, pour prouver qu'Azalais fait allusion à Guillem par ses vers: Car so dis om en Veillai Que ges per ricor non vai (43, 1, v. 21 s.; notre éd., ibid., p. 185). Pour rendre l'allusion plus frappante, nous y avons adopté, pour le v. 48, une combinaison des leçons de UV. Ayant lu notre article, M. Lewent a eu l'amabilité de nous écrire une lettre où il propose quelques interprétations qui diffèrent des nôtres. Avec lui, maintenant, nous lisons le v. 48 tout à fait différemment; tous les scribes ont d'ailleurs eu leurs interprétations à eux. Pour rendre l'allusion d'Azalais plus évidente, nous avons aussi, nous en convenons, forcé légèrement le sens, notamment au v. 43, à propos de segon sa ricor. Comme le fait valoir M. Lewent, ces mots ne peuvent pas se rapporter au drut a desonor (v. 41), mais uniquement à la dame. Comme, chez Guillem, il n'est donc pas question de la ricor du »soupirant», l'allusion à lui reste plus que problématique. (On peut, bien entendu, avancer qu'elle a pu porter sur un passage disparu de Guillem, mais ce n'est qu'une hypothèse gratuite.) Après notre édition d'Azalais, nous avons eu à notre disposition une copie photographique du ms. N, qui présente une leçon intéressante pour les vers 21-22 de la trobairitz: Car, so diz hom sai e lai: Amor per ricor non vai. On n'oserait pas prétendre sans plus que ce mauvais ms., dont le texte ajoute ici à la confusion, ait, seul, gardé la bonne leçon, mais il est clair au moins. Après tout, il faudra s'en tenir à Veillai, et penser à un passage analogue d'un troubadour vellave ou bien à un dicton répandu parmi les Velauniens. — M. Lewent a proposé aussi quelques corrections concernant notre texte critique d'Azalais. Nous lui en savons gré et en retenons, avant tout, les deux suivantes: v. 42, inutile d'ajouter ·n, plus pouvant équivaloir à en plus, et v. 48, à lire En, non E·n, et à comprendre: »J'ai perdu celui pour lequel je serai triste toute ma vie», que (dans c'a) étant adv. relatif qui, avec pronom pers. (représenté ici par en = »de lui»), peut équivaloir à don ou de cui.
46. apartener, v. réfl., n'existe pas dans les dictionnaires; aussi avons-nous rejeté la leçon unique de A.
47-48. A noter l'indistinction des genres: un ou un' (= una), autr' = autre ou autra, cell = cilh, fém., ou cel, masc. Le sujet est plutôt las trichairitz (et non les trichador); par conséquent, les compléments directs sont au masc.
48. Le pluriel de laissar se justifie par le contexte, mais il n'est indiscutablement attesté que dans a1 seul. Comme la chanson est aux coblas capfinidas, laissar pourrait servir à lier la tornade à la str. précédente. Laisa cel (la forme leisar existe aussi, voir Appel, Chrest., glossaire) a pu être lu leis a cel, comme dans COT (et dans U, à la rigueur), ou, par l'interversion, cel a leis, comme dans IKLSgdf. Pour le sens, la leçon de MR, E lueinha cell, confirme la nôtre, tandis que AV donnent des variantes tout à fait déformées. — Cf. note 33-48.
 
VII. — 49-52. Tout comme Guillem, Giraut de Bornelh menace de cesser de chanter, à la fin de sa romance-pastorela, 242, 46, v. 121 ss. (l'éd. de Kolsen, I, p. 358):
 
IX               »Toz', eu m'irai laissan
                   De chantar mais ogan,
                   S'a mon Sobre-Totz platz,
                   Qu'eu no sui enastratz.» —
 
X                »Senher, li dui Bertran
                   Sai be que vos diran
                   Que·us etz mal conselhatz,
                   Si de chan vos laissatz.» —
 
XI               »Toza, totz dezonratz
                   Es c'ama dezamatz.» —
 
XII             »Senher, sofretz en patz;
                   C'aissi seretz amatz!»
 
On a contesté qu'il s'agisse ici de(s) »Bertran» de Guillem, à tort, à notre avis, car Giraut semble faire allusion à la tornada qui nous occupe; cf. ses vv. 121 s. et 129 s. En outre, un messager dit de Guillem qu'il est »astrui» (VI, 10; cf. Giraut, v. 124), et presque partout, il insiste sur la nécessité de souffrir »en patz» (cf. v. 131 d'en haut). — Suivant la vida de Guillem, Diez, Leben, 2 p. 123, pense que Giraut fait allusion à Guillem et sa dame. Kolsen y voit, sans »grande vraisemblance», Bertran I des Baux et son fils Bertran (G. von Bornelh, p. 49, n. 2); cf. M. Stroński, F. de Mars., p. 34*, n. 2, et Jeanroy, Poésie lyr., I, p. 171. Cf. encore Giraut, 242, 58, v. 64: us dels Bertrans; Bertran se trouve aussi dans 29, 11, attribué à Arnaut Daniel et, sans toute avec raison, à Giraut. — Pour Bertran, voir aussi Introduction, «Recherches sur la vie...». Dans son échange de coblas avec Isabella, 252, 1, vv. 12-15 (éd. de Schultz[-Gora], Prov. Dichterinnen, p. 22), Elias Cairel nous dit pourquoi un joglar peut chanter sans amour: »... e sieu en dizia lauzor En mon chantar, no·l dis per drudaria, Mas per honor e pro qu'ieu n'atendia, Si com joglars fai de domna prezan». — Ou est-ce qu'il nous faudrait écrire Joglar, avec allusion à Raimbaut d'Orange qui se désignait par ce sobriquet (qui était un senhal réciproque; voir notre art. cité sur Azalais de Porcairagues)? Ce n'est qu'une hypothèse, mais Guillem, probablement en rapports avec ce comte, lui a emprunté des schémas (voir Introduction, n. 3; n. 67; IV, Note 9-10), et Raimbaut affirme lui-même qu'il chantait même chagrin: »Qu'eu sui per vos gais, d'ira ples, Iratz, jauzens mi faitz trobar» (dans son fameux gap 389, 28; nous citons Bartsch, Chrest. 6, col. 73).
50. autre jois: autre que celle qui vient d'elle; cf. VI, 20. Nous avons rejeté la leçon de la plupart des mss., e dirai vos per que, employée déjà comme cheville, v. 22.
 
VIII. — 53. Le premier vers de cet envoi a la césure débordante, tout comme le v. 6 de la chanson même. Cf. pourtant la leçon de C: A·l Marqueza vey tan son p. m.; est-ce qu'elle représenterait la leçon originale: A Marqueza (nom propre). C'est la seule fois que ce prénom figure dans l'œuvre de Guillem.

 

 

 

 

 

 

 

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