v. 4 : marrimentz. C : marrimen e dolors ; M : marrimentz e dolors ; R : marrimen e dolor. La présence du pronom objet neutre o ne laisse pas àces deux mots la possibilitéd’être compléments : ils doivent être au cas sujet singulier puisque le verbe est a. Il faut donc corriger en suivant M. Le copiste de R a respecté son modèle, alors que celui de C le corrigeait pour obtenir des rimes en -ors, sans s’aviser des incohérences introduites par les mots rimes ainsi modifiés ; on rencontre encore li emperadors (9), freyt ni calors (25), mais le groupe per tug li peccador (20) a échappé à sa vigilance.
v. 7. L’absence d’article devant tot segle s’explique-t-elle par un parallélisme avec sanhta crestiantat ou s’agit-il d’une licence de Falquet qu’il faudrait alors rapprocher de Ricors del setgle malvatz, IX, v. 5 ?
v. 9 : ducs e emperadors. Morphologiquement, la leçon de C : Comtes e reys e li emperadors est impossible puisqu’on attend une suite de cas régimes. Il ne suffirait pas de corriger en los emperadors, car ce serait alors placer au milieu d’une série de mots sans article un nom qui serait seul à en être pourvu. Même si les luttes entre les Guelfes et les Gibelins n’interdisent pas totalement une hypothèse de ce genre, il semble préférable d’adopter la leçon de M : comtes e reys, ducs e enperadors.
v. 11 : plana. Ce sens de ‘pur et simple’ se retrouve chez Gaucelm Faidit : Trembl’e trassaill e muor de plan’enveja, XXXV, v. 32, éd. J. Mouzat, 288.
v. 15 : avem. Même si la forme de futur aurem de MR paraît plus logique, le présent de C est admissible: le poète insiste non sur le fait qu’on prend en considération la somme des fautes à la mort du pécheur, mais sur l’opposition entre ce monde, au présent, et celui qui lui succédera, au futur.
v. 16 : totz. À la différence de tuit (M), portant sur le sujet de trobarem, qui soulignerait le fait qu’aucun homme n’échappera au sort commun, totz reprend au pluriel le groupe neutre complément d’objet so qu’avem de tort e de peccat. Pour l’idée, cf. IX, vv. 53-54.
vv. 19-22. Cette description, proche d’un credo, n’est pas rare dans la poésie religieuse. Cf. Apres co fo pres e liatz, Ara batutz e mal menatz, Ar’escarnitz, ar’escracatz, Apres d’espinas coronatz, Ar’en la crotz fort clavelatz, Ara d’amar fel abeuratz, Altprovenzalische Marienklage des XIII. Jahrhunderts, vv. 857-862, éd. W. Mushacke, Halle 1890, 35. Cf. également l’ Aube de Falquet, vv. 19-21.
v. 20 : Dieus. Pour cette forme de cas sujet en fonction de complément, v. ci-dessus V, v. 49 et la note. Cf. l’ Aube, v. 5.
vv. 25 et 30 : selhs. La forme à -s, au cas sujet pluriel, se rencontre pour ce démonstratif ; v. Appel, Chrest., XVIa. Avec Zenker, nous l’avons gardée ici.
v. 31 : que no·ls er perdonat. Zenker interprète que no par ‘in der Weise, dass nicht, ohne dass’, éd. cit., 87, et A. Jeanroy pense que “que se rapporte à tort et à peccat”, Revue critique, n. série, XLII, 1896, 369. Nous y voyons une explication de ses falhimen ‘sans faute’, avec V. De Bartholomaeis, qui traduit : ‘senza fallo, ché a loro non sarà perdonato’, Poes. prov. stor., II, 91. Pour ·ls, forme appuyée de datif, on en trouve des exemples dans la Chanson de la Croisade contre les Albigeois, v. 335, Appel, Chrest., 41° ; un Ensenhamen, v. 125, ibid., 165b ; chez Marti de Mons, Bartsch, Chrest., 429, v. 2. |