I

CHANSONS AMOUREUSES

 

XI

Tut van canson demandan.

 

Cette pièce anonyme est placée entre une pièce de Sordel (437, 23) et une pièce de Bremon (330, 17 ; notre nº III).

En considérant, d’une part, que le premier couplet contient un éloge des Lombards et que l’auteur dit, au v. 14 : Lombart sai eser ; d’autre part, que les relations de Sordel avec la cour de Provence sont mieux connues que celles de Sordel avec la même cour, et que, précisément, l’envoi est adressé à une comtesse de Provence ; M. Appel (Prov. Ined., p. 224) attribue ces vers à Sordel ; mais M. De Lollis ne les a pas acceptés dans son édition et nous partageons sa façon de voir.

En effet, si Bremon fait l’éloge des Lombards, c’est, à la fois, parce que cet éloge était traditionnel, et parce que dans ces vers, écrits vraisemblablement à la même époque que la pièce X, il a voulu adresser des louanges à son ami Sordel, qui était né en Lombardie (cf. XVI, vv. 13-14 et XVIII, vv. 14 et 28 ; voy au contraire, ce qu’il dira plus tard des mêmes Lombards : XVIII, v. 31) ; quant au v. 14, il doit être compris au sens figuré de : « je sais être courtois, galant ». Le deuxième argument de M. Appel est sans valeur, car rien ne prouve que Bremon ait passé à Aix moins de temps que Sordel ; et d’ailleurs il n’est nullement nécessaire de séjourner longtemps dans une cour pour avoir l’occasion d’y écrire des vers. Le vers 58 (car bai son pasat dui an) analogue au v. 19 de la pièce VI (dos ans ai atendut e mais) et au v. 17 de la pièce II (be·n a dos ans passatz), et la recherche de la forme métrique (cf. nos nº VII, VIII, IX, X, XII, XIII) attestent au surplus la paternité de R. Novas.