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Coulet, Jules. Le troubadour Guilhem Montanhagol. Toulouse: Imprimerie et Librairie Édouard Privat, 1898.

225,007- Guilhem de Montanhagol

2. del fag d'amor = du sujet d'amour, sur le sujet d'amour. Les Leys disent de même: E deu lo sirventes tractar de reprehensio... o... del fag d'alquna guerra. (I, 340.)
lai = jadis. — Sur ce sens temporel de lai, primitivement adverbe de lieu, cf. Stimming, Bertran de Born, p. 276.
el temps qu'era guays = à l'âge d'or de la poésie & des mœurs courtoises.
 
4. de valor joue ici le rôle d'une véritable épithète. Sur cette construction, cf. II, 2, & la note.
 
7. Raynouard ne donne que la forme tro que, mais les exemples de tro tout seul au sens de jusqu'à ce que ne sont pas rares. Cf. Appel, Chrestomathie, au Glossaire.
assis. — E. Levy (Provenz. Suppl. Woerterb., I, 90) cite entre autres exemples ce passage de Montanhagol pour attester l'emploi au figuré de assire & son sens de composer. C'est un emploi du mot que Raynouard (Lex. rom., V, 219) n'a pas connu.
 
9. en chantan = quand ils chantent, ou peut-être avons-nous là un participe présent employé comme substantif, & en chantan serait alors synonyme de en poésie. Stimming (Bertran de Born, p. 256) donne plusieurs exemples de participes ainsi employés comme substantifs.
Le sens de comensador se précise ici par opposition avec celui de doctor. Le poète oppose ici ceux qui s'essaient à la poésie & ceux qui sont passés maîtres, les débutants & les habiles.
 
10. ditz. — Le participe passé est ici employé comme substantif & équivaut à l'infinitif employé de même sorte.
 
13. Sur la construction qui ditz = si l'on dit, cf. I, 16 & la note. Ici elle équivaut entièrement à la construction avec quan du vers 11.
 
14. Le désir de construire les trois phrases de même façon a fait donner à la dernière un tour elliptique. Mais il est facile de suppléer ce qui manque: « & est nouveau aussi ce que je dis, car je dis, » &c.
 
15. qu'amors... qu'aissim, — Dans les deux propositions qu' = que a la même valeur: vu que, car. Elles devraient régulièrement être reliées par la conjonction et. Mais l'omission de la conjonction entre deux mots ou entre deux propositions est fréquente en provençal. Cf. Appel, Provenzalische Inedita, pp. XXX & XXXI.
 
18. L'omission de la conjonction que dans la seconde proposition subordonnée est assez fréquente en provençal, & l'on en trouverait d'autres exemples.
Le sens de e·n fassa ricx essays reste assez douteux. Raynouard (Lex. Rom., III, 193) ne donne pour essay que les sens de essai, épreuve. Faut-il comprendre: « Il me plaît de chanter... & d'en faire la noble tentative »? Ou bien, le sens de essay s'est-il étendu jusqu'à désigner non plus la tentative, l'essai, mais le résultat de cet essai, de cette tentative? Le développement du sens est tout naturel, & nous le constatons en français & dans le provençal moderne. Le sens serait alors: « Il me plaît de chanter, quand je pense à l'honneur que me fait amour & de m'essayer à faire sur ce sujet de beaux chants. »
 
20. Montanhagol paraît avoir assez heureusement renouvelé une métaphore banale. Cf.: lieys qu'a de bontat la flors; — ilh porta flor de tota lauzor; — mi dons de Proenza a de pretz la flor; — els marritz agron la flor de cortezia, cités par Stoessel, Bilder und Vergleiche der alt. provenz. Lyrik, pp. 12 & 15.
 
21. pero a ici son sens primitif: c'est pourquoi. Le sens dérivé pourtant a tellement prévalu sur lui que Raynouard, tout en le mentionnant, n'en donne aucun exemple.
 
22. de sus de = du haut de. (Cf. Appel, Chrestomathie, au Glossaire.) La locution est, comme beaucoup d'autres qui marquent aussi le lieu, composée de la préposition de: de jos, de sai, de lai, de viro, &c. Cf. Stimming, Bertran de Born, p. 270.
 
25. Sans doute, la chose avait été dite avant Montanhagol, & Bernart de Ventadour ne dit pas autrement:
 
Ben deuri·hom dona blasmar
Quan trop vay son amic tarzan.
(Quan l'erba fresca.)
 
Mais l'insistance avec laquelle Montanhagol revient sur cette idée nous fait penser que le reproche s'appliquait à quelque chose de réel, au discrédit dans lequel les menaces du clergé avaient fait tomber l'amour & les mœurs courtoises. Cf. II, 19 sq.; VI, 15 sq.; IX, 1 sq., &, dans cette même pièce, v. 33 sq.
 
26. plays, d'apres Raynouard (Lex. Rom., IV, 547), a entre autres sens celui de sollicitations, demande, dispute. Il semble qu'ici le mot a tous ces sens à la fois. II désigne les sollicitations de l'amant, les raisons qu'on lui oppose, le débat qui s'ensuit, &c. Il est donc synonyme de discussion, de difficulté.
 
29. tan quan faire solia. — « On ne vit plus autant qu'on faisait auparavant, avant l'introduction de ces mœurs. »
 
30. n'issis. — La forme ordinaire est la forme réfléchie formée par analogie avec s'en anar, s'en venir. &c., mais l'exemple présent nous prouve qu'a côté la forme non réfléchie avait subsisté avec le même sens. La chose est toute naturelle en ancien provençal, où des échanges continuels ont lieu entre ces deux conjugaisons: des verbes même neutres prenant la forme réfléchie &, au contraire, des verbes nettement pronominaux laissant tomber le pronom. Cf. Diez, Grammaire, trad. franç; III, 176-177.
 
31. Del trop tarzar est séparé de costums dont il est le complément. Nous avons vu d'autres exemples d'une pareille construction. Cf. la note à IV, 47, & Appel, Provenzalische Inedita, XXVII.
 
33. que.s do ricor: — L'emploi du subjonctif est ici d'autant plus surprenant que, au vers suivant, dans la proposition correspondante, n'irais est à l'indicatif. Mais on peut l'expliquer comme en latin s'explique le subjonctif de la proposition relative dans laquelle qui = talis ut. (Cf. Diez, Grammaire, trad. franç., III, 298.) Nous avons eu un autre exemple d'un pareil subjonctif dans la proposition relative. (Cf. III, 29, & la note.) Puis le poète oublie, une proposition étant venue s'intercaler, comment il a considéré l'action exprimée, & affirmant non plus une possibilité mais un fait, il met le verbe à l'indicatif. De pareilles inconséquences ne sont pas rares dans la syntaxe des troubadours.
se donar, au sens de ressentir, éprouver, concevoir, est fréquemment employé. Cf. se donar ira, se donar temensa, se donar gaug, se donar afan, &c.
 
34. Raynouard (Lex. Rom., IV, 224) traduit à tort comet par défie. E. Levy (Provenz. Supplem. Woerterbuch, I, 297) cite un autre exemple de l'emploi du mot qui, comme celui-ci, atteste pour cometre le sens de supplier de, prier de. Cometre d'amor paraît bien, en effet, être synonyme de pregar d'amor.
 
37. quays que signifie ici quoique, sens inconnu à Raynouard (Lex. Rom., V, 1), mais attesté par d'autres exemples. Cf. E. Levy. Provenz. Supplem. Woerterbuch, I, 185.
 
38. fraydis au lieu de frayditz, la seule forme donnée par Raynouard (Lex. Rom., III, 38), probablement sous l'influence de la rime. Cf. IV, 35, & la note.
 
39. tressalh. — Raynouard (Lex. Rom., V, 142) traduit tressalhir par transgresser, dépasser, outrepasser, tous sens qui ne conviennent pas ici. Ici, en effet, le mot paraît tout près de son sens étymologique: sauter au delà, puis, par extension, s'en aller, disparaître. On expliquerait sans doute de même le vers de Gavauda que cite Raynouard: Cazer, levar et tressailhir, & qu'il traduit d'une façon bien obscure par: tomber, se lever & outrepasser.
 
40. E. Levy (Provenz. Supplem. Woerterbuch, I, 213) trouve le vers obscur. Il écarte avec raison l'interprétation d'Azaïs (Brev. d'Amor, au Glossaire): « car elles tiennent mal renchérie leur affection, c'est-à-dire elles en font trop bon marché. » Mais les deux explications qu'il propose, avec réserve du reste, ne sont guère plus satisfaisantes. Doit-on traduire: « C'est mal à elle d'estimer si haut leur amour »? ou bien faut-il entendre car au sens de rare & l'expression tener en car comme synonyme de retenir, contraindre? Ni l'un ni l'autre, à notre avis. L'erreur est de vouloir donner à carestia le sens de Liebe, c'est-à-dire d'amour ou d'amitié. Sans doute, c'est ainsi que Mistral traduit le mot. Mais, comme le montre l'adjectif carestios, le substantif correspondant carestia doit avoir d'autres sens. Aussi Appel, d'après E. Levy, propose-t-il de traduire carestia par réserve & toute la phrase comme ceci: « C'est bien à tort qu'elles attachent tant de prix à leur réserve. » Mais pourquoi ne donnerait-on au mot un sens qui nous paraît t ut naturel? Li carestia, c'est essentiellement la qualité de la personne qui est cara. Le mot a donc pu être synonyme de pretz, de ricor, & avoir comme eux tantôt un sens favorable & tantôt un sens défavorable. En rapprochant à dessein tener en car & carestia, le poète donne à tener en car le sens de « garder comme une chose précieuse, conserver, garder », au lieu qu'il entend carestia à peu près dans le même sens que ricor du vers 33. C'est par ricor ou par carestia, c'est-à-dire par une idée exagérée de leur honneur que ces dames refusent de se laisser aimer. Elles se laissent pourtant aller à d'autres faiblesses, & Amour meurt « parce qu'elles savent si mal garder le sentiment exagéré qu'elles ont de leur dignité. »
Sur l'expression tener en car, cf. VI, 19, & la note.
 
41. corre, primitivement courir, a perdu beaucoup de ce sens primitif, jusqu'à être souvent presque synonyme de esser. Notre poète nous fournit (VIII, 26) un autre exemple de l'emploi du mot « qu'ai-tals temps cor que mal es a falhir » qui nous laisse entrevoir comment s'est fait le changement de sens.
 
42. en, comme un peu plus bas i, désigne une personne & représente dona. Sur cet emploi particulier de ces mots, cf. VI, 22, & la note.
 
45. Sur cette idée essentielle de la doctrine nouvelle que l'amour don aller à la vertu, cf. VIII, 46 sq., & Introduction, L'œuvre de Montanhagol.
 
49. Sur Esclarmonde, cf. V, 40, & la note. L'hypothèse qui fait d'elle une dame de la maison de Foix serait rendue assez vraisemblable si, comme on l'a pensé, la Guia dont il est ici question appartenait à la maison de Comminges.
Il semble bien que cette Guia ne soit autre que la Guiza dont il est parlé ailleurs (XI, 50): la nécessité de la rime a fait modifier la forme du mot d'autant plus aisément que pour le nom commun les deux formes guiza & guia existent concurremment. (Cf. Leys, II, 208.) Le nom était assez commun: à l'époque où vivait le poète, trois grandes dames au moins l'ont porté. La plus célèbre fut Guiza de Rodez, sœur du comte Hugues IV, & que chantèrent entre autres Blacas, Bertran d'Alamanon & Sordel. Une autre appartenait à la maison de Lunel, était fille de Raymond-Gaucelm V, & épousa Guillaume de Baux. (Cf. l'abbé Rouet, Hist. des seigneurs de Lunel.) Enfin, l'histoire du temps mentionne une troisième Guiza, femme de Roger de Comminges, dont l'existence est attestée de 1240 à 1260. (Cf. Hist. générale de Languedoc, VI, 887-888.) Est-ce à une des trois que s'adressait l'hommage du poète, & à laquelle? M. de Lollis (Sordello di Goïto, p. 31, note 5) pense qu'il s'agit de cette dernière. Et cela est possible si l'on remarque qu'Esclarmonde, avec laquelle le poète l'unit dans un même éloge, était probablement d'une maison qui de tout temps fut en étroits rapports avec celle de Comminges. De plus, l'éloge que fait d'elle Montanhagol dans la pièce XI vient de suite après une strophe où il a vanté les mérites de Roger de Comminges. Est-ce seulement un hasard?
 
50. devezis, ici comme XI, 40, a le sens de rendre clair, expliquer. Cf. E. Levy, Provenz. Supplem. Woerterbuch, II, 198.
 
51. Le poète pense sans doute à l'explication qu'il a donnée ailleurs (VI, 40) du nom d'Esclarmoude: Clara munda, &, pour celui de Guia, Guiza, à celle qu'il en pourrait, comme Sordel, donner en jouant sur les mots: guidar, guitz, &c. Cf. de Lollis, Sordello di Goïto, p. 30. Ainsi entendus, les mots sont, en effet, cars & fis.
 
52. lo dia = de tout le jour. Le cas régime sans préposition s'emploie pour marquer la durée. Cf. Diez, Grammaire, trad. franç., III, III.

 

 

 

 

 

 

 

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