III
SIRVENTÉS
XV
Be·m meraveil d’En Sordel e de vos.
Cette pièce anonyme, déjà attribuée à Ricas Novas par MM. Schultz-Gora (Zeitschrift, VII, p. 211 ; Archiv., XCIII, p. 132) et De Lollis (Sordello, p. 47, note), appartient certainement à notre troubadour : tous les renseignements qu’elle nous donne sur son auteur (amitié avec Sordel et Bertran, vv. 6-11 ; brouille avec le comte de Provence, vv. 2-4 : retraite auprès de Barral, v. 17) coïncident, en effet, parfaitement avec certains détails de la vie de Bremon attestés par le témoignage de Sordel ; voy. Introduction, « Vie et œuvre du poète ».
Cette pièce se place chronologiquement entre les chansons X et XI, écrites alors que Sordel et Bremon étaient en bons termes, d’une part ; et, d’autre part, les sirventés échangés avec Sordel (XVI, XVII, XVIII). Nous croyons avec M. Schultz-Gora (Archiv., XCIX) que le terminus a quo est 1237, date de la rédaction du planh sur la mort de Blacas (voy. l’Introduction de notre nº XX) : en effet, contrairement à l’opinion de M. De Lollis (Sordello, p. 49, note), le planh, parodie tout à fait inoffensive, est vraisemblablement antérieur au conflit entre Sordel et Bremon ; d’ailleurs, Uc de Baux n’ayant partagé ses biens entre ses deux fils qu’à la fin de 1234 (Barthélémy, Inventaire chronologique et analytique des Chartes de la Maison de Baux, Marseille. 1882, nº 257). Barral ne pouvait guère avoir une cour à lui et offrir un refuge à Bremon avant 1237. L’année 1241, où parurent les sirventés XVI, XVII, XVIII (voy. l’Introduction de XVI), doit être considérée comme le terminus ad quem ; mais il est impossible d’assigner, dans ces limites, une date précise à notre pièce XV.