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Sakari, Aimo. Poésies du troubadour Guillem de Saint-Didier. Helsinki: Société Néophilologique, 1956.

234,011- Guilhem de Saint Leidier

Les notes critiques d'Appel, concernant cette pièce, se trouvent dans Bernart von Vent., p. 335 ss. — R a les portées pour la musique, mais pas de notes.
 
I. — 1-2. Guillem aurait-il soutenu, durant doas sazos, son défi de ne plus chanter, par lequel se termine la pièce III? Cf. aussi III, 5, 7 s., 20 et 30.
2. Comme le poète rompt son silence, le passé ai faich (U fat) de AU (cf. O a fas) semble plus indiqué que le présent; cependant, Appel n'oserait l'introduire.
4. Appel accepte agradar. K écrit en une note marginale: Lige homenage, et M, ligio homaggio; M en a deux autres: endormendo nol dormir, v. 50, et spare (= sperare?), 52. Cf. note du v. 30.
5. Pour Appel, qui opte pour CM, la base a p.-ê. eu Et ai l'amada, puois son pretz auzic, un vers à césure débordante qui aura inquiété les copistes. Et a·m tengut de DIKNOTa1 (cf. U Qu'ant t.) est tout à fait satisfaisant. C'est pour éviter un malentendu (cf. atenguda!) qu'on a substitué a·m tengut à m'a t.; cf. Bertran de Born, 80, 28, v. 62 s.: A·m pres (cf. m'apres!) per entendedor Et a·m dat mais de ricor (Appel, Lieder Born, p. 63). depuois est ici conj.; AC, seuls, ont que après puois. Cf. v. 45: depuois anc (AM q'ieu, DIKO q'anc, N enc, R non, U qe) la vic.
6. Appel qui (p. 331) trouve CMRV dignes d'une attention spéciale, voudrait remplacer »l'expression lourde» que, »dans une telle situation que», par et; que signifie pourtant tout simplement »bien que», comme par ex. v. 16. Voir Note de II, 11, et notre Gloss. Appel rejette aussi sol (après mas), leçon de ADNR, et accepte quan (a1 tan) des autres mss. (cf. d'ailleurs III, 52: mas quant sol). Cependant, mas seul a aussi le sens restrictif »excepté, sauf»; cf. vv. 25 et 27 (et no - mas, re mas - no, non es res mas, relevés par Appel, Chrest., gloss.). Les dictionnaires ont tort de poser ensemble mas (»mais, sauf», etc.) et mais (»plus», etc.), qui ont la tendance nette de se différencier.
7. Malgré Appel, Pero sivals de CMV n'est qu'une correction de copiste. Que explique le »bon espoir»; re(s), dans ADNOUa1, semble renforcer sivals (dont AOa1 omettent l'-s, y voyant p.-ê. le vb. valer).
8. Le mot-copule se trouve à la fin des couplets; ici et str. VI il est à la fin du premier hémistiche, position qu'il occupe partout au début de la str. suivante.
 
II. — 10. ADN pro, C assatz, R trop, les autres tan qu'Appel accepte. Ar ai dich, leçon isolée de A, lui plairait, mais le mot-rime étant faux (à outratge ADM substituent follatge, fin du v. 12, sauf dans D qui a ici oltrage, et IK, qui reprennent damatge du v. 2) il s'en tient à per qu'ieu dic. Appel ne relève pas un fait capital: ar ai dich aurait rapport à ce qui précède. Or, le poète craint que les paroles qui suivent, la demande d'être agréé, n'outragent la dame, si distinguée que c'est l'offenser que de soupirer vers elle.
11. lo sieus cors = »elle».
12. se·i (Ka1) et la plupart des variantes = si + i, »y». Par sa ponctuation s'e·y Appel interprète: si ieu y; de même C s'ie·y et I s'ie·i. — ieu est pourtant dispensable; cf. A si j, DM si = s'i, V si y. ORTU omettent i: OU s'eu, RT s'ieu.
13. Guillem n'est pas le premier à qui il arrive de placer son amour en trop haut lieu; il faut donc que la dame lui pardonne, car »mos orguelhs non es res mas amors» (Richart de Berbezill, 421, 2, v. 30); cf. notre v. 14, où en = »(à cause) de ma faute, d'avoir failli». Cf. v. 37 de la présente chanson, et aussi I, 11 s., et V, 57 s.
15. Appel défend CMV: quan = qu'an, que R an et U qanc (<q'ant) corroborent, mais il s'agit probablement d'une »correction» de copiste, pour ab, »avec». Cf. note du v. 6.
 
III. — 17. Les coblas sont capfinidas. Or, d'après tous les mss., la liaison manque entre les str. II et III. Aussi Appel suppose-t-il la perte d'une cobla à cet endroit. Il n'en est rien. Le mot-copule se trouve partout à la fin du premier hémistiche des strophes, reprenant la fin du couplet précédent (voir toutefois la Note du v. 8). Si es des mss. était juste, il faudrait que la str. précédente se terminât par une forme du vb. esser. Or, il n'y en a pas en -ic; es est donc faux. Il faut à coup sûr le remplacer par eis, qui reprend eissic du v. 16!
18-19. C'est avec la désinvolture d'un grand seigneur que Guillem, par ailleurs timoré et respectueux (v. 27), offre ses services (poétiques) à une dame de haute condition (v. 34) qu'il veut revoir (v. 45). Cf. Introduction, le chapitre »Valeur poétique».
18. Be·is ou Be·i·s? Voir II, 38 et Note corr.
19. Nous ponctuons de pla·n perdos: en perdos, »en vain», c'est-à-dire »sans obtenir quoi que ce soit, sans récompense», est renforcé par de pla(n), »aussitôt, certainement», et sans doute aussi »tout à fait» (cf. IV, 15).
20. Les mss. ont soit lo (CMV ·l, a1 o) soit vos (ou ·us); il faut lire probablement l'o.
22. La leçon de AD, vengues a plazer, est confirmée par celle de O: tengues a p., et par U: deges a p. Appel, qui accepte celle des autres: vengn' a p. (Vtorn' a p.), reconstruit, pour avoir le nombre nécessaire de syllabes, que vos qui n'existe dans aucun ms.: CV qu'a vos, les autres q(u)eus, sauf T qui lit con uus (et non us, comme lit Appel: uus = vus = vos) es a p. Il faudra rejeter s'ie·us de A, pour s'ieu (CV si): us (= vos) figure plus loin dans le même vers, ainsi qu'au vers précédent. La répétition de ieu est fière et intentionnelle, vv. 21, 22 et 24 (où AR ont pourtant si, pour s'ieu; ces mêmes mss. lisent E, pour O, v . 23).
24. Le défi de se laisser pendre se retrouve XI, 21.
 
IV. — 27-28. Cf. II, 19 s.; pour d'a g. (dans V), voir la Note corr. — saber signifie aussi »savoir où se trouve qn. ou qqch.», et, avec l'indication du lieu: »savoir que qn. ou qqch. est quelque part» (cf. Swb., VII, 398). Mas jointas de CMV est une haplographie pour Mas mas j.; le mètre y a été restitué en ajoutant qu'es.
30. K exponctue oize o plaser et écrit lozor en marge. Vv. 29-32 forment une construction άπό κοιυσΰ.
 
V. — 33-40. D'après Appel, le premier membre de la proposition (commençant au v. 33), interrompu par le deuxième, conditionnel (v. 37), est résumé par si·m pogues eschazer. Nous comprenons autrement: »Je mourrais si cela pouvait m'arriver, mais (ce n'est pas possible, car) à cause de l'espoir que j'ai d'obtenir davantage, je continuerais à vivre». Quoique paratge ne figure que dans MRVa1, il faudra l'accepter: il s'agit bien de la haute condition de la dame. C'est par une anticipation que ACDIKNOTU l'ont remplacé par le mot-rime du v. 36, coratge; cf. Note du v. 10. Pour fraisses (forsses, baisses), voir Introduction, «Classement des mss.».
36. ADNOTUa1 présentent intratz (OT entrat, U entres), CIKMRV et Appel a(i)ssis; pour en, ADT écrivent e, et IKMV dinz. Lex. rom., III, 65, cite ce beau passage d'après T (vis, »visage», pour ris); son incipit est faux: A tant (T a E tant).
38. Le début de ce vers varie sensiblement dans les mss.: CMV (et Appel) lisent Donc(x) fenir(i)eu (M fenirai) s'ieu (V si·us) p., DIK Ieu (D Eu en) finera si·m p., NTa1 En (N E en) fenira si·m p., OU Eu (U E·m) fenirai si·m p. Dans A, tout le vers est corrompu: Ben (< En?) dei fenir segon lo mieu voler, et R a un blanc à l'endroit des deux premiers mots. Le choix entre le cond. fenir(a) et le futur fenirai est aussi délicat qu'entre Eu (»moi, je mourrais») et En (»pour avoir bien aimé»).
39-40. Appel laisse afic tel quel dans sa trad. S'étant demandé si ver afic est l'engagement de la dame d'écouter les vœux du troubadour, il se réfère à Marcabru, 32, 16: Al ver afic (Segon la penedenssa, N'auran perdo), ce que l'éditeur, Dejeanne, traduit par »au jugement dernier»; cf. De Lollis, Studj. di fil. rom., IX, p. 154. Omettant respieich DIKNOTUa1 lisent: Mas sol (sol manque dans IK) per so qe·m (IKNa1 que·n) p. Au v. 40, AIK auront »corrigé» l'original: entroca·l ver afic pour ben leu al ver a.
 
VI. — 42. La var. faio (<faciunt, pour fan) ne laisse pas que d'étonner.
43. Les mss. ont: que (NOTUa1 car) sera (IK sia, T sara) pros (MV qan sera bella e p.). Plutôt que le futur sera (qu'Appel laisse tel quel) il faut s'era (cf. Note de II, 22); que = »qui» ou »(disant) que» ou bien encore »parce que» (cf. var. car).
44-45. »Ils ne sont pas rares, ceux qui ... se plaignent que leurs auditeurs ne prennent pas au sérieux leurs brûlantes déclarations» (Jeanroy, Poésie lyr., I, p. 98, note, à propos de notre passage). — CV présentent le futur non encore figé: Clamar vos an (V n'an).
45. Tout en suivant CMRV: Ieu (R Mais yeu), pour Ges des autres mss. (a1 E ges), Appel accepte depuois q'ieu, la var. de AM seuls, pour d. (qu')anc; qu'anc figure aussi vv. 48 (dans la plupart des mss.) et 49.
46-48. Volgui s'onor, leçon isolée de A, est à rejeter. A la fin du vers, ADIKORTa1 ont car tener, CMV (et Appel) mantener. Appel passe sous silence la leçon très importante de NU: captener, »maintenir, gouverner, défendre». Voilà p.-ê. la leçon originale, qui a pu être lue car tener, et remplacée par son synonyme mantener. Au v. 47, la formule de MNOTUVa1 (qu'Appel accepte sous réserve): Sivals (a1 Savals) d'aitan (N de tan, a1 d'aitant; v. 48, a1 reprend aitant) est presque offensante: »du moins autant qu'aucune autre dame ne peut me donner la joie». Celle de (A)DIK est moins maladroite: (A Si·m fatz sivals), DIK Si faz d'aitan (D de tan) »je le fais, d'autant plus que» ou »vu que». — La 1re tornade étant liée à la str. préc. à la coblas capfinidas (une preuve pour son authenticité!), Appel conseille d'écrire soit gaug, v. 48, soit joi, v. 49, mais ne s'exécute pas. OT ont effectivement (g)ioi, v. 49. Au v. 48, DIKNOa1 lisent cel joi et TU tel j., mais ACMRV et Appel lo joi.
 
VII. — 49-52. Bien que ne figurant que dans CMOT et, mutilé, dans R (où l'autre tornade manque), cet envoi est authentique; cf. ci-dessus. C intervertit l'ordre des tornadas.
49. Comme il faut le cas sujet, la leçon de C, présentant aussi un hiatus (que anc), est fausse.
52. esperir (cf. Lex. rom., III, 175) ne donne pas le passé simple esperic; l'inf. est espereiser, espreiser (se).
 
VIII. — 53-56. Le poète s'adresse à son confident Bertran, en lui parlant d'une vengeance tirée par l'autre Bertran. Au v. 53, deuxième hémistiche, midons n'est qu'une interprétation (juste?) de CMV, pour Bertran qui est confirmé par XII, 49 s., et XIII, 43.
54. La même fin qu'au v. 22. Il faudra lire s'i, avec Appel: ACDUa1 si, IKN s'en, MOTV se, R manque.
55. Des leçons des mss.: A aver, DIKNT venser (N venç), CMVa1 vener (Ca1 venir), O vezer, U veder, celle de A est isolée, venser constituerait une fausse rime, et vener n'est pas usuel (Petit dict. ignore cette forme). Il faut donc se contenter de OU; il est vrai que vezer forme la rime, vv. 7 et 31 (cf. vic, vv. 45 et 56), mais la répétition est permise dans le tornades et uoill, v. 56, semble le confirmer.

 

 

 

 

 

 

 

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