Notes - Anmerkungen - Notes - Notas - Notes - Note - Nòtas

Sakari, Aimo. Poésies du troubadour Guillem de Saint-Didier. Helsinki: Société Néophilologique, 1956.

234,003- Guilhem de Saint Leidier

I. — 1-4. Cette belle réussite poétique, conservée dans tant de mss., est un spécimen de coblas capdenals, débutant par un même mot: »Vuoill mas coblas movan totas en bel» (v. 4). Cf., par exemple, Bertran de Born, 80, 37, où chaque couplet commence par Rassa (senhal du prince Geoffroi de Bretagne) et Raimbaut d'Orange, 389, 39, où, au début de chaque cobla, exceptée la première, il y a (Senher en) Fol (et, à la fin du v. 4, de toutes les strophes, Joglar). Guillem ne joue pas avec un senhal, mais avec le nom même de sa dame, Bélissende de Polignac; v. 2, le poète affirme, que le nom de sa dame est beau (cf. Introduction, «Recherches sur la vie...»). Tandis que les autres strophes n'ont bel qu'au début, la première le présente dans chacun des quatre premiers vers (R lit encore gracieusement la bela, pour aicella, v. 6). Cf. le commencement de V, où du mot joi est fait un emploi tout aussi fréquent (et Versification).
5-8. La valeur d'une chanson est, ou du moins devrait être proportionnelle à celle de la dame chantée. Cf. M. Lewent, Abseits, p. 134, qui cite notre passage parmi ses preuves.
5. Guillem s'adresse aux auditeurs: dic vos ben; cf. le début de V.
7. si venquera (dans la varia lectio): si peut commencer une proposition principale après une proposition subordonnée conditionnelle; cf. Appel, Chrest., gloss. et nº 100, v. 53 (l'épître d'Amanieu de Sescas, A vos, que eu am dezamatz): S'era la peier qu'el mon sia, Si·l penria de mi merces. Les mots en -n caduc (dont les 6es pers. des verbes) ne riment pas avec ceux qui présentent l'n stable; or, son (de esser) occupe une position à part; voir Schultz-Gora, Elementarbuch, pp. 60 et 104. Appel, Chrest., l'atteste deux fois rimant justement avec mon (= »monde»), chez Peire Cardenal, autre Velaunien!
 
II. — 10. Dans XIII, 6, Guillem se qualifie aussi d'hom lige. Hommage lige est le serment d'homme à homme; cf. Belperron, Croisade Albig., p. 18. Le sens que le Petit dict. attribue à ligemen: »comme un homme lige ou sans réserve», est certainement aussi celui de ses revel; revel signifie »opposition, résistance, contestation».
11. que = »bien que». Au v. 13, c'est probablement le même emploi; les deux fois, que est suivi du condit. Nous lui attribuons ce sens encore VII, 7 et 36, VIII, 6 et 16, XIV, 45 (le premier que); là, le vb. est à l'ind. Quoique ric »heureux» manque Petit dict., il est bien attesté dans Swb., VII , 343 s. La leçon rejetée de notre base A: Q'ie·m feira, est moins indiquée ici; MR ont aussi la 1re pers. — Sauf accord conclu à l'avance, le suzerain n'était pas tenu à récompenser, à reconnaître juridiquement les services rendus. Néanmoins, les vassaux persistaient toujours dans l'attente d'un »beneficium, donum, honos, fief» (cf. Wechssler, Frauendienst, p. 162).
12. Enclitique, li se présente sous les formes ·l, ·il, ·ill, ·ilh, ·lh; voir Elementarbuch, p. 74, § 116. — CIKR parlent dels pels qui tombent sur le manteau: C a son mantel, IK el m., R sus son m.; pel = »cheveu». Comme les gages d'amour étaient plutôt des objets portés par la dame aimée, parures, pièces de vêtements, etc., les autres mss., ADMNTUVa1, ont plus de chance de présenter la bonne leçon: ADNdel mantel, MUa1 de son m., V sotz so m. Nous rattachons T aussi au »bon groupe», puisqu'il a lu d'abord de sun m. et ne porte en qu'en surcharge sur de. Pel, dans ce cas, a le sens de »poil». Guilhem de Cabestanh, qui floruit au début du XIIIe siècle (voir l'éd. de M. A. Långfors, p. XVI; l'éditeur souligne l'existence des ressemblances entre les deux Guillem, ibid., gloss., s. v. conoisser), a manifestement imité son homonyme:
 
Qu'ab un fil de son mantelh var,
S'a lieys fos plazen que·l me des,
Me fera plus jausent estar
E mais ric que no·m pogra far
Autra del mon qu'ab si·m colgues
 
(242, 7, vv. 41-45; Långfors, op. cit., p. 29, parmi les chansons d'authenticité  douteuse).
13. cortes de AD revient à la rime, v. 46. Chez Giraut de Bornelh, nous trouvons mentir cortes (l'éd. de Kolsen, II, p. 48) et adrech mentir (ibid., I, p. 312), et chez Raimbaut d'Orange, genz mentirs (389, 23, v. 38; cf. M. Chambers, Modern Language Notes, 1945, p. 404 ss.). Le »mensonge promis» de la lectio difficilior des autres mss., sans doute la bonne, est = »promesse mentie», c'est-à-dire »mensongère»; il s'agit donc de promessas ses faitz (cf. XI, 35) où d'une promessa vana (IV, 17-20). Si tant est que promes se rapporte à cuidar aussi, il s'agira d'une promesse faite par la pensée seule et mensongèrement.
14. si sol a lieis plagues de A constitue probablement une correction ultérieure. D a une cheville analogue: mas pero s'il p. La leçon tout aberrante de M ne présente pas non plus de tostemps. Il y a une grave objection contre ce dernier mot: la césure s'établit mal ainsi: 6 + 4 (cf. v. 21). Faudrait-il admettre tostemps si = »si toutefois» ou mettre t. entre virgules.
15. jauzion (de ADIK), mot-rime du v. 23, est à rejeter.
 
III. — 18. En de A, pour vas des autres mss. (a1 vers, R Es vos), est une inadvertance du copiste. Malgré -lh, il faudra voir revelar »révéler» dans la var. de R (revelh); revelhar »réveiller» ne va pas.
19-20. ADRV intervertissent partiellement; au v. 24, on retrouve le même groupe de mss., ajouté de C: ACDRV écrivent jois, pour bes, et senes, pour ja ses. Ce sont p.-ê. joi, au vers précédent et ce ja qui ont donné naissance à joi ici. Dans les deux cas, nous optons pour la leçon qui n'est pas celle de notre base, A. — V a da ginoillos; dans cette tournure, da est assez fréquent, à côté de de (et de a).
22. chaitiu (ADIK) ou vostr' om (CMRTUa1; M vostre)? Nous ne nous écartons pas de notre base; il peut même s'agir de deux rédactions originales datant de différentes époques. Citant et traduisant notre str. III, Wechssler (Frauendienst, p. 173) rend chaitiu par »prisonnier, captif». Certes, les vicissitudes des guerres menées par les Polignac offraient au seigneur de Saint-Didier plus d'une occasion d'être détenu. D'un autre côté, les troubadours se considéraient souvent comme prisonniers de leurs dames, et le mot signifie aussi »misérable». En tout cas, Guillem non sap que s'es bes »ne sait pas ce qu'est, ignore le bonheur». Cf. VI, 50 non sai cals s'es lo cavalliers, etc. (cf. notre Gloss.); ·s, dans XII, 10: en leis chauzira si·s feran d'autres cen, montre qu'il ne s'agit pas de si = »ainsi, et» (comme le veut Swb., VII, 650), mais du pron. réfl. en tant que datif éthique. (Inutile de corriger en non sap qu'es ses bes.)
23. Appel (Chrest., p. XXIV) atteste le plur. du subj. prét. avec -assem, -assetz, -assen, pour -essem, etc. Des douze mss. qui viennent en ligne de compte ici, seul C lit »régulièrement» restauressetz. AIKNR ont restauras(s)etz, DMa1 restauras(s)es, tandis que T et V présentent deux formes »mixtes»: T restaurauses, V restauressatz; U a l'ind. restauraz. Est-ce que les formes en a seraient plus fréquentes ches les polysyllabes qu'autrement? La leçon de AD: ab un joi, pourrait être la bonne: ayant mal interprété les jambages de un, IKRV auraient écrit ab fin joi (RV cor). Avec de, forcément élidé, que CMTUa1 ont à la place de ab, la leçon de ces mss. aurait été trop courte; ils auraient pu suppléer à la lacune par l'addition de ric (ric joi est aussi banal que joi jauzion, avec son allitération).
24. Nous admettons la leçon de IKMTUa1: on peut considérer celle de ACDRV: non es jois que senes vos m'aon (V l'aon) comme une faute de AD, imitée par RV et par le scribe éclectique de C; cf. Note 19-20 et Class. des mss. N tient des deux: il a jois, mais présente le même 2e hémistiche que IKMTUa1. — l'aon ou m'aon? Le pron. de la 3e pers. se rapporte à aquest chaitiu, v. 22, m(e) à ieu, v. 19 s.
 
IV. — 26. Dans son article Studies in Old Provençal (Neuphil. Mitteil., LI, 1948, pp. 18-25), M. Lewent traite pertinemment de la locution en drech et endrech (de). P. 19, il précise que en drech d'amor signifie »with regard to (true) love, as far as love is concerned». C'est ce sens (cf. Levy, Petit dict. et Swb., II, 475) que donne au présent passage aussi M. de Riquer dans la Lírica (cf. sa note de ce vers; il édite la présente chanson p. 381 ss.). Il ajoute: »Posible alusión a la otra dama que cortejaba el poeta, según la vida, aunque ello es un lugar comun trovadoresco». — pois peut être conj. temporelle, »depuis que», ou causale, et alors on interprétera: »Puisque je ne courtise aucune autre, je n'ai ni à me défendre ni à appeler au sujet d'Amour (= je suis absolument content), car ... » — Notre leçon ni·m r. ni m'a. (me »datif», ou verbes réfl.) est identique à celle de IK ; ni·m, ni, m', ni·n, non, ne sont autant de façons d'interpréter jambages et tilde. A propos de »adorer» de C, il est à noter qu'on dit aussi: azorar vas alcun (cf. endrech), et notamment que le vb. réfl. signifie »dire des prières, prier» (Petit dict.).
28. Est-ce par une réminiscence du v. 26 que AD introduisent ici en dreich (de vos), synonyme de encontra, »par comparaison à»? Ou la répétition, originale et intentionnelle, servirait-elle à souligner l'opposition: en ce qui concerne Amour — en ce qui vous concerne? clavel, »clou» (ou »anneau du haubert»? cf. Godefroy) renforce la négation.
29. Notre leçon est toute proche de celle de U; Aora (+1) est pourtant remplacé par Ara de Ca1. Voici comment ont pu naître les variantes: ara (= T ar, U aora) > autra dans DcIK; N eu et M e peuvent provenir de er = ar(a). ADRV vont ici encore leur propre chemin: ADR Si vos non ai, V Vos non ai eu. Seuls NTU ont volges (après la »correction»: i ajouté en interligne d'après a1, N lit voilges), quatre mss. présentent la 1re pers. prés. de voler (C uelh, M vueilh, V vujl, a1 voil) + ges (à la rime aussi v. 38), tandis que R lit valgues et les autres diffèrent sensiblement: AD d'autra non aurai jes, DcIK ni aver non (Dc no·us) posc ges. Pour volges = volgues, cf. le comportement de NTU par ailleurs: N: valges, vv. 5 et 28, plages, 14, mais vengues, 19, et languis, 50; (comme V) T écrit partout sans u (il a encore tolges, v. 28); U: venges, v. 19, mais valgues, 5 et 28, plagues, 14, et languisc, 50.
30. La leçon de C (et de son groupe), Viurai ses joi qu'Amors m'en te(·n) deffes, »car Amour m'en (de la joie ou de la dame) tient en défends», est en contradiction avec le début de la strophe, ou le poète affirme qu'il ne formule pas de griefs au sujet d'Amour. Le vers suivant aidant, a vos s'est transformé en amors. D'après la leçon de A, la nôtre, tener a ici le sens de »tenir pour, considérer comme»; cf. notre Gloss. Outre defendut, le part. passé de defendre a aussi la forme defes; voir XII, 17.
31-32. Swb., VI, 517, énumère douze formes differentes de preon, »profond»; celles de D, pron, et de Dc, preun, viendraient allonger sa liste. M. Lewent, Abseits, p. 130, n. 2, propose la correction ingénieuse intrei en l'amar trop prion l'amar = la mar prêterait exprès à l'équivoque. Cependant, aucun ms. ne l'appuie; les scribes n'auraient-ils pas saisi cette finesse éventuelle de l'original. Sordel, postérieur à Guillem d'un demi-siècle, développe la même image dans 437, 2 (Appel, Chrest., nº 31, vv. 20-24): Qu'en la mar sui per leis profondamens Tan esvaratz ... qu'ieu non trueb a l'yssida ... Riba ni port, gua ni pont ni guerida. Également postérieur est Elias Cairel (du premier quart du XIIIe s., d'après Jeanroy, Poésie lyr., I, p. 362), qui finit sa chanson 133,12 par: S’ieu trobes sobre mar un pon, Vist agra son cors jauzion. Pour Elias, qui séjourna longtemps en »Romenie» (voir Jeanroy, ibid.), il s'agit d'une séparation et d'une véritable mer. Le ms. V montre éloquemment comment naissent les fautes des scribes: de ga ni pon il a fait garizon! — Au v . 32, nous rejetons l’inversion de AD: Non puosc issir, en tant que leçon isolée.
 
V. — 33-36. Les quatre variantes, presque synonymes, aconortar de CDcIKMTU et conortar de a1 signifiant »consoler, encourager», assegurar»(r)assurer, garantir» de ADV, et reconfortar de R vont toutes pratiquement aussi bien. En suivant Sternbeck, Unrichtige Wortaufstellungen, p. 36, Swb. voudrait supprimer aconortar dans Lex. rom., IV, 389. La preuve de nos mss. est pourtant incontestable. Les leçons isolées de AD semblent fautives tout au long de la strophe: qui la vai sofertan, second hémistiche du v. 35, et Mas bona dompna sap ben a (a manque dans D) que respon, v. 39. V rejoint AD au v. 33: as(s)eguran. R, accusant également une contamination, présente des fautes communes avec AD, vv. 37: Puois (R Qui) ben hi a tot son c. m., et 38: Si ben li(s) t. (R Si bel t.). Au v. 40, ADRV lisent e pour mas. Enfin, v. 34, C lit avec AD: Q'en pauc d'ora (C dona). Au v. 36, descapdel de ADDcIKV est la bonne leçon de laquelle dérivent non capdelh de CMTU, car capdel (avec l'r en interligne, au-dessus d'un p rayé) de a1, et fol capdel de R. Guillem insiste sur la fidélité: fizel, v. 34, et fin, vv. 36, 37.
34. en pauc d'ora de ACD et en breu d'ora (existe dans Petit dict.) de R supposent une césure lyr. et un hiatus. A écrit ajuda a son f.; a. est normalement vb. tr., mais Appel, Chrest., gloss., atteste deux cas nets où ajudar régit le »datif» de la personne.
35. qui = si quis (lat.). Qui l'enquier plutôt que qui l'en quier (cf. Swb., VI, 618: querre alcuna l'en a alcun). — sofertar de AD signifie »supporter, endurer, tolérer, donner du répit à qn.», et aussi »être patient avec lui» (Swb., VII, 741), ce qui va le mieux.
37. ADRV ont une leçon commune: Puois ben (R Qui b., V Pus hom) (h)i a; (h)i se rapporte, soit à l'espoir, soit, plutôt, à Amour. Nous avons adopté la leçon de IK. Dc lit son fi tot c. m., où tot est suivi d'une rature de deux trois lettres; il est permis de supposer que le mot rayé est son (ADR lisent tot son c. m.), biffé parce qu'existant déjà devant fi(n).
38. tardar = »durer longtemps» ou, éventuellement, »tirer en longueur, se faire attendre» (voir Swb., VIII, 63, qui cite la strophe, d'après Mahn, Werke, II, p. 40, fortement influencé par R). si tot va d'habitude avec l'ind.; cf. Swb., VII, 647. Au lieu de no·i·s, qui se défend ici, on pourrait écrire no·is: Appel, Chrest., p. XIV, énumère cinq preuves où se présente la forme enclitique ·is (cf. VIII, 18, et XI, 24).
39. AD ont une leçon isolée; A présente la césure épique: Mas bona dompna sap ben (ben par anticipation, du vers suivant) a que respon, et D, qui supprime a, une cés. débordante. bona domna = membre de la bonne société; cf. bona gen (Petit dict.).
40. ADRV ont e pour ma(i)s, ma des autres. CM présentent la cés. lyrique: Mais ben guardá. DcIK ont un mètre impeccable: Mas deu gardar; deu répète celui du v. 39. gardar et esgardar peuvent signifier tous les deux »prendre en considération». esgarda de TUa1 pourrait être la bonne leçon; le fait de l'avoir remplacé par le simplex aurait pu amener les modifications du premier hémistiche. — La sagesse exprimée par ce vers est celle du proverbe: »En doit faire quant leus et tens en est» (nº 224 de J. Ulrich, Die altfranz. Sprichwörtersammlung, Proverbes ruraux et vulgaires, dans Zeitschr. f. fr. Spr. u. Litt., XXIV, 1902, p. 1 ss.). D'après Bertran de Born lo fills, c'est Amors qui vol q'om gar luec e temps (81, 1 a, v. 11; cf. Kolsen, Neuphil. Mitteil., XXXVII, 1936, p. 285).
 
VI. — 42. Pour les amoureux, »li castel ... so salvatge»; ils préfèrent se trouver »en un verdier, claus de rauzel» (cf. Lai on cobra sos dregs estatz, nouvelle allégorique de Peire Guillem.) La leçon de C est refaite: »à cause d'elle, les forêts deviennent pour moi des prés et des vergers entourés de roseaux»; la césure s'y situe mal. Notre leçon Bosc mi semblan, e prat, vergier, rausel comporte le plus naturellement la coupe 4 + 6; semblar = »plaire», synonyme de agenssar (cf. Swb. et Petit dict.); semblon, graphie de D, a pu provoquer m'en son de C, puis me son de U, et enfin mi son de la plupart des mss. Écartant l’hiatus, nous admettons le pluriel agenssan au vers suivant, malgré tous les mss. Si l'on s'en tient au sing., le sujet du vb. sera la dame. Pour prat, D écrit, avec métathèse, part. Pour rausel, »roseaux, lieu où poussent les roseaux», voir Chanson de la crois. contre les Alb., éd. P. Meyer, gloss. C'est sur la foi de la var. de CMTU que Lex. rom. V, 114, pose le vocable roselh, »roseraie, bosquet de rosiers».
44. de novel = soit »de nouveau» soit »récemment, depuis peu».
45-48. Une des vertues mondaines qu'on résumait sous le nom de »courtoisie» était le »talent de parler bien et à propos» (cf. Jeanroy, Poésie lyr., I, p. 97). Le premier troubadour en savait déjà long sur la puissance miraculeuse de l'amour (cf. 183, 8, vv. 25- 30; Jeanroy, Guillaume IX, p. 23). Peire Rogier emploie presque les mêmes termes que Guillem: Qu'om non es tan mal ensenhat, Si parl' ab leis un mot o dos, Que totz vilas no·n torn cortes (Bartsch, Chrest. 6, col. 87- 90). Il est difficile de déterminer lequel de ces deux contemporains a été l’imitateur.
46. A la place de torn, CTU présentent sia monosyllabique.
47. Joan d'Albuzo présente a fron dans 265, 3 (v. 8; Kolsen traduit par »miteinander, zusammen»; voir Zeitschr. f. rom. Phil., LVIII, p. 99 ss.), qui constitue une imitation de la mélodie de la chanson qui nous occupe. Cf. Guillem lui-même, IV, 7 et 10.
 
VII. — 49-50. Cette tornade manque dans ADV. IKMRU lisent comme nous: Amics Bertran. Le nom propre n'est décliné que dans CT. Cf. v. 51. D'après Appel, Chrest., p. VII, le vocatif a la forme du cas sujet, là où la décl. est régulièrement observée (les noms propres se soustraient souvent à la décl.). Seul, a1 présente le cas régime partout: Amic Bertran.
 
VIII. — 51-52. Lex. rom., II, 2, écrit: Degra vezer, v. 52, et traduit inconsidérément: »Bertrand, la fille au preux comte Raimond devrait voir qu'elle charme tout le monde». A propos du personnage en question on est réduit à des hypothèses. »La condesa de Rossilho?» se demande M. Riquer, Lírica, p. 383. Cf. notre Introduction, «Recherches sur la vie...». degram ou degra·m? Autrement dit, est-ce que le poète a l'intention de faire le déplacement avec Bertran ou bien seul? AD »corrigent»: Anei (D Anem).
 
 
Strophe et tornade apocryphes de M:
 
Bella donna, qant a Dieu vos deman
No cuges ges qe per nom vos apell;
Noqa·l faz ieu mas en aital semblan:
»Dieu, das mi gaug d'aqo qe plus m'es bell!»
Enaissi prec qe de vos mi valgues,
E sapchas be q'enaissi fon enpres
Qe ja mais jorn non sabri' om del mon
Qi es donna cil qe·inten jauzion.
 
Mas tot qant ai s'en vai, e non sai on,
Et ieu vau m'en de sai vas Agramon.
 
»Belle dame, quand je vous demande à Dieu, ne pensez pas que je vous nomme; non, je ne le fais jamais que de la manière suivante: »Dieu, donnez-moi la jouissance de ce qui me plaît le plus!» Voilà comment je Le prie de m'aider auprès de vous, et sachez bien que par cette résolution jamais personne au monde ne saurait qui est la dame vers laquelle j'aspire avec joie.
Mais tout ce que j'ai s'en va, sans que je sache où, et moi, je m'en vais d'ici vers Aigremont.»
 
Seul le ms.M contient sept couplets; celui-ci y figure entre les str. III et IV. — Le ms. lit au v. 2:No cuges qe(-1),mais ajoute en marge: ges. Pour le verbe, on s'attendrait à la forme cujatz. Dans la marge supérieure, il y a quelques mots peu clairs: Y nome apollo dafrick ... y . . . 100 mankan y uomo.
Note en bas de la page de M: Agramonte Conte Raymondo Rusille.

 

 

 

 

 

 

 

Institut d'Estudis Catalans. Carrer del Carme 47. 08001 Barcelona.
Telèfon +34 932 701 620. Fax +34 932 701 180. informacio@iec.cat - Informació legal

UAI