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Coulet, Jules. Le troubadour Guilhem Montanhagol. Toulouse: Imprimerie et Librairie Édouard Privat, 1898.

225,013- Guilhem de Montanhagol

2. Si la construction du décasyllabe était plus libre chez les troubadours, & si, en dehors des deux coupes 4 + 6 & 6 + 4, on pouvait admettre toute autre façon de couper le vers 2 + 8, par exemple, on pourrait mettre après a totz une virgule & rattacher ces deux mots à ce qui précède. On éviterait ainsi la reprise un peu gauche a totz, a cadaun, & l'on aurait un sens très satisfaisant.
 
3. devers a ici un sens assez voisin de celui que nous lui avons reconnu ailleurs (IX, 14); il signifie rang, dignité, & par extension mérite. La construction du possessif lors peut s'expliquer si l’on songe que le provençal peut dire lo lors devers, & aussi, quoique plus rarement, lo devers lors. (Cf. Diez, Grammaire, trad. franç., III, 420.) Enfin, le mot, au heu de rester invariable, prend sans doute sous l'influence de la rime l’s du cas sujet. (Cf. quelques autres exemples de cette forme assez rare citée par Appel, Chrestomathie, XV.) Le possessif pluriel est employé ici en accord avec l'idée de pluralité indéterminée contenue dans cadaun.
 
9. anc non dec = il ne dut jamais. & par suite maintenant encore il ne doit pas. La phrase, en effet, se continue par un présent tanh.
 
12. Il nous paraît préférable de couper la phrase après le vers 11 & d'entendre ni no.lh vengua comme un avertissement ou une défense. Il serait malaisé de rattacher à tanh cette nouvelle proposition, les verbes vir & se cambi ayant un sujet différent fals pessamens. La phrase est du reste assez négligée: vengua en cor ayant pour régime ·lh, c'est-à-dire lial cor. On peut l'excuser en disant que lial cor a perdu son sens précis & est à peu près synonyme de homme loyal.
 
13. Ici encore nous avons un emploi du subjonctif dans la proposition relative qu'on peut expliquer comme un souvenir de la construction latine (cf. III, 29, & la note), & de plus, par une anomalie dont nous avons relevé déjà un autre exemple (cf. VII, 33), cette proposition relative au subjonctif est suivie d'une autre proposition relative dont le verbe est à l'indicatif.
lo. — Sur cet emploi pléonastique du pronom personnel, en particulier quand il renvoie à un pronom relatif déjà exprimé, cf. Diez, Grammaire, trad. franç., III, 58.
 
14. desconoyssensa = folie, sottise, faute. Sur ce sens du mot, cf. V, 7, & la note.
 
17. La plupart des manuscrits sont d'accord pour nous donner ici grazit invariable. Il semble donc que le provençal avait le sentiment du sens neutre de res, re, & que nous avons là un nouvel exemple de la persistance en provençal, au moins pour les adjectifs, d'un genre neutre. Cf. Diez, Grammaire, trad. franç., III, 6.
 
19. Cette union nécessaire de valor & de mezura avait déjà été exprimée ailleurs. Bien avant notre poète, Bertran de Born avait dit:
 
Mas ses mesura non es res
Aisel ques vol desmesurar
No pot sos faitz en aut pojar.
(Volontiers fara sirventes.)
 
C'est qu'en effet la mezura était, comme l'a bien vu M. Jeanroy, un des éléments constitutifs de la cortesia. (Cf. Jeanroy, De nostratibus medii œvi poetis, p. 51.) La nouveauté de la conception morale qu'exprime ici Montanhagol est de proclamer, non plus l'union nécessaire de valor & de mezura, mais la prédominance absolue de la mezura, qui est la vertu par excellence & qui confère aux autres leur valeur. Cf. Introduction, L'œuvre de Montanhagol.
 
20. Le poète avait ailleurs défini la mezura à peu près de même façon. Cf. X, 30-31.
 
27. Qui a ici, comme aux vers 29 & 30, le sens de si quelqu'un, si l'on. Sur cet emploi du mot, cf. la note à I, 16.
 
28. blasmes ne paraît pas avoir ici le sens du mot français blâme. Il paraît être synonyme de falhensa, employé plus bas, & avoir le sens de crime, & par extension faute, que E. Levy enregistre, mais avec quelque hésitation. Cf. Provenz. Supplem. Woerterb, I, 149.
 
29-30. Un contemporain de Montanhagol, chez qui nous retrouvons l'expression de toutes ces idées sur la mezura, dit de même:
 
Quar plus a greu falhizon
En trop espandr'e donar
Qu'en tener e amassar
Nil pot hom a dreg contendre.
(Bertolome Zorzi, édit. Levy, p. 41.)
 
Au contraire de ce que dit M. Jeanroy pour l'âge d'or de la courtoisie, il n'est donc plus permis d'enfreindre la mesure même quand il s'agit de libéralités. Cf. Jeanroy, op. cit., p, 52.
 
31-32. l’ = lo & sel. Le mouvement de la phrase explique le pléonasme du pronom personnel, sel reprend le régime en le développant. Au surplus, l’emploi pléonastique du pronom & en particulier du pronom personnel n'est pas rare en provençal. Cf. Diez, Grammaire, trad. franç., III, pp. 56-59.
 
35. cridadors est certainement un terme de mépris pour désigner les poètes assez vils pour louer les fautes des seigneurs coupables, & aussi pour chanter un autre amour que l'amour pur & chaste. Il semble bien que nous avons là la preuve de la nouveauté des idées exprimées par Montanhagol. Elles ne sont pas adoptées universellement: il y a encore des amants qui suivent les anciennes maximes & des troubadours pour les en louer. Cf. Introduction, L'œuvre de Montanhagol.
 
36. Sur les locutions faire a blasmar, faire a cridar, cf. VI, 15, & la note. Les deux mots semblent du reste à peu près synonymes: cridar paraît signifier à peu près comme blasmar, « réprouver ». Sur ce sens particulier du mot, cf. E. Levy, Provenz. Supplem, Woerterb., I, 414.
 
42-43. valors, ricors, deux fois la forme du cas sujet au lieu de celle du cas régime, & cela à cause de la rime. C’est là une forte concession a la rime, mais on a d'autres exemples de pareilles violations de la règle de la flexion. (Cf. Stimming, Bertran de Born, pp. 240 & 295.) Nous avons déjà trouvé un exemple de la forme du cas régime employée à la rime pour celle du cas sujet. Cf. VIII, 11, & la note. Voyez encore dans E. Levy, Bertolome Zorzi, p. 85: jutjatz au lieu de jutjat, Rotlan au lieu de Rotlanz, plazenz au lieu de plazen.
 
49. Reys Castellas = Alphonse X, roi de Castille, que le poète a plusieurs fois loué. Cf. II, 53; X, 55; XII, 41.
tenensa = fief, c'est-à-dire le royaume de Castille. Le poète avait à peu près de même vanté le bonheur des Castillans:
 
que totz temps an rey de pretz e d'onransa.
(X, 56.)

 

 

 

 

 

 

 

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